Une invasion de serpents ? Lâchez des souris !

[didier]

Déclarant la guerre à une invasion de serpents bruns arboricoles, les autorités de Guam ont pris une décision radicale : la jungle de l’île du Pacifique sera "bombardée" par hélicoptère, en mars ou avril, de quelque 2.000 souriceaux mort-nés injectés d'acétaminophène - un simple analgésique - pour empoisonner les reptiles.
La PETA furieuse :
Introduite par inadvertance dans l'île vers la fin de la Seconde guerre mondiale par des bâtiments de l'US Navy, cette espèce de serpent est devenue une véritable plaie tenue pour responsable de la disparition des populations d'oiseaux endogènes de Guam. Il faut dire que l'île compterait environ deux millions de reptiles pour seulement 160.000 habitants.
Les autorités chargées de la protection de la faune redoutent depuis des années que ces reptiles, qui n'ont pas de prédateurs naturels à Guam, n'atteignent un jour d'autres îles du Pacifique, dont Hawaï, située à 6.400 km plus à l'est.
Le projet américain a déclenché la colère de la PETA, l’organisation de défense des animaux.

Source : EUROPE 1

[Dips]

Y a-t-il sur l'île d'autres carnivores susceptibles d'être empoisonnés également ?

[raphaël]

Les fameux Boiga irregularis de l'île de Guam, exemple le plus célère d'invasion biologique, ont à peu près tout tué sur l'île... Donc il ne reste, à part eux, plus grand chose.

[Dips]

Ecologiquement parlant, la PETA a donc tort quoi

[raphaël]

De toutes façons la PETA n'a souvent aucune connaissance écologique, elle joue juste sur le registre émotif.
Bon, je ne dis pas non plus que cette solution est bonne ou pas, je ne connais pas assez les poisons utilisés pour juger...

[coco44]

Affaire à suivre, nous verrons bien ce que le paracétamol peut faire à l'environnement!

[okapi]

Il n'y a rien de plus sensible que ces sujets à propos de la conservation: ce contre quoi s'insurge l'association, c'est le fait de détruire des animaux qui n'ont pas demandé à être là. C'est l'homme, encore une fois qui a créé cette situation absurde et que ça passe par une opération de destruction massive de créatures vivantes est de toute façon dérangeant. C'est un peu caricatural de dire que PETA n'a guère de connaissances écologiques: ils fonctionnent davantage sur l'éthique (tuer pour tuer), le symbolique (détruire ce que l'homme a lui-même créé: le serpent qui se mord...) et bien sûr le sensible: tuer des animaux vivants sans raison est un acte dur et sans gloire. Bien sûr que ces serpents sont une menace, y compris pour d'autres biotopes aussi fragiles de la région, mais on a dit à peu près la même chose pour détruire des animaux pas si nuisibles que ça...

[raphaël]

La PETA réagit au niveau de la souffrance individuelle, et jamais au niveau du l'intégrité des écosystèmes.
Bien sûr, éthiquement, tuer des animaux qui ne se retrouvent là qu'à cause de l'Homme est un peu difficile, mais il faut voir les faits en face, ces serpents ont détruit toutes les populations de lézards, d'oiseaux et de chauves-souris de l'île (dont des espèces endémiques très rares), ils causent des problèmes récurrent de coupure de courant... C'est une véritable invasion, sans prédateur pour les réguler.
Le sujet est le même pour les écureuils gris, que plus personne ne régule en Europe car ils sont protégés par leur adorable petite bouille. Et pourtant, ils ruinent la population d'écureuils roux.

[okapi]

Imaginez-vous une chasse à l'écureuil... Des milliers de petites bêtes assassinées dans les bois... Et pourtant, en effet... En Australie, lapins, dromadaires et chevaux sauvages sont abattus avec régularité...

[Wilfried]

C'est d'ailleurs grâce à ces opérations d'éradication que l'on a pu in extremis sauver des espèces insulaires en Nouvelle-Zélande (kakapo, takahé), dans l'Océan indien et même dans les îles autrales. Mais détruire en masse surmulots, rats noirs, rats polynésiens ne fait pas autant réagir les sensibilités...tellement subjectif tout ça. Mon humble avis : l'homme se doit de restaurer les écosystèmes partout où il le peut. Même si c'est effectivement dérangeant : je vous avoue ne pas avoir très bien vécu la destruction par les agents de l'ONCF des colonies d'ibis sacrés depuis quelques années sur la façade atlantique....qui la réclamait : la LPO, constatant chaque année que ces derniers nourrissaient leurs poussins avec ceux des dernières sternes guifettes moustac...ce fut un mal nécessaire.

[raphaël]

Il y a aussi la manière, campagne de stérilisation, captures... Des choses plus propres qu'un massacre collectif.
Mais le maintien d'une espèce invasive se fait forcément au détriment des espèces locales, le cas australien ou néo-zélandais est révélateur.

[okapi]

Les tortues, les écureuils, certains insectes tueurs, quelques gros rongeurs, chez nous, c'est bien aussi...

[raphaël]

Oui bien sûr, mais sur les îles, le problème est encore plus rapide et destructeur, la faune locale n'est pas habituée à un prédateur, elle n'a pas de lieux de refuge, et souvent il s'agit d'espèces uniques au monde... Les dégâts sont dramatiques.

[okapi]

Ils sont dramatiques, mais la vie ne s'y arrête pas pour autant: c'est ça le plus terrible, parce que ça risque de justifier la disparition de bien des choses puisque l'homme, a priori, n'en souffre pas...

[Dips]

tu fais bien de préciser a priori...