Ours pyrénéens : la France mise en demeure

[Philippe]

La Commission européenne a envoyé à la France une lettre de mise en demeure pour avoir manqué à ses obligations de protection de l'ours brun dans les Pyrénées (sud-ouest), ont annoncé jeudi les associations de défense du plantigrade dans un communiqué.

Il s'agit de la première étape d'une procédure qui pourrait aller jusqu'à la saisine de la Cour de justice de l'Union européenne, selon les associations Ferus, FIEP Groupe Ours Pyrénées, Pays de l'Ours-Adet et Sepanso Pyrénées-Atlantiques.

D'après elles, ces obligations sont contenues dans la directive européenne dite Habitats Faune Flore.

Les ours, qui écumaient autrefois le massif pyrénéen en grand nombre, n'y sont plus qu'une vingtaine. Huit ours slovènes ont été introduits dans les Pyrénées depuis 1996. Mais la France n'a plus de plan de restauration depuis celui qui a pris fin en 2009.

"L'Europe reproche à la France le manque de protection de l'espèce et son état de conservation défavorable", écrivent les associations Ferus, qui ont déposé plainte auprès de la Commission européenne pour non conservation de l'ours.

Elles ont été informées fin novembre par celle-ci de l'envoi d'une lettre de mise en demeure à l'Etat français dans le cadre de la procédure dite "d'infraction" a déclaré à l'AFP Alain Reynes, de Pays de l'Ours-Adet. Cette procédure est utilisée par l'Europe contre les Etats qui manquent à leurs obligations dans l'Union.

La France a désormais deux mois pour répondre à la Commission et "prendre des engagements sur les actions qu'elle entend entreprendre pour se mettre en conformité avec le droit européen", a-t-il ajouté. "Si rien n'est fait, la Commission européenne pourra alors prendre un avis motivé" sur ces manquements avant de "saisir la Cour de justice européenne", selon M. Reynes.

L'ours divise profondément le massif des Pyrénées entre les défenseurs de la biodiversité et ceux, à commencer par les éleveurs de brebis, pour lesquels la présence de l'animal, toujours susceptible de s'attaquer aux troupeaux, est incompatible avec le développement de l'économie locale.

Source : AFP

[Dips]

Entre ça et les lynx...
Merci pour ces articles intéressants.

[Wilfried]

Il était grand temps et peut être trop tard....

[Vinch]

Il était grand temps et peut être trop tard....

Il faut essayer d'être optimiste, bien que le contexte actuel est (très) défavorable...

[Wilfried]

je pensais aux deux mâles célibataires ariegeois qui vieillissent dans leurs vallées, sans transmettre leurs précieux gènes, faute de femelle.

Quelle hypocrisie...minable (pour reprendre un terme cher à notre premier ministre...)

[raphaël]

C'est quand même marrant (ou triste, selon les points de vue) de constater à quel point on a bien voulu limiter les risques en terme de grand carnivore en France. Les lynx, pour les Vosges et le Jura, les loups dans les Alpes, les ours dans les Pyrénées. Chaque montagne son carnivore, surtout ne pas accumuler les contraintes !
Autant pour les deux premiers, carnivores professionnels et chasseurs émérites, on peut toujours comprendre les risques... Et effectivement, des loups qui apprennent à chasser de dociles et lents moutons n'iront pas chercher plus loin leur pitance.
Mais les ours... C'est vraiment essentiellement pour la symbolique et l'imaginaire que l'animal dégage dans la culture, parce que l'impact sur les moutons... Un de temps en temps... Mais l'ours cristallise les frustrations d'une profession quand même très sinistrée. Attaquer l'ours, c'est attaquer les gouvernements qui, dans la tête des éleveurs, préfèrent relâcher des bêtes sanguinaires que de les aider à sortir d'une délicate situation économique. Mais comment diable font les espagnols ?

[Philippe]

En effet, Raphaël. Mais les frustrations d'une profession sinistrée (cf. les concessions françaises concernant les importations de moutons néo-zélandais suite à la crise diplomatique du Rainbow Warrior) ne sont peut-être pas la seule raison à l'opposition d'une partie des éleveurs (les médias donnant tjrs la parole aux "contre", rarement aux éleveurs "pour").
J'ai en mémoire un documentaire sur la situation des ours dans les Pyrénées dans lequel un agriculteur-éleveur avouait qu'il n'était pas vraiment opposé à la présence de l'ours. En revanche, l'absence (selon lui) de dialogue et surtout d'écoute préalables aux premiers relâchers (et donc l'absence d'une "reconnaissance" à laquelle la plupart d'entre-nous aspirons) en avait fait un opposant à l'ours, lequel n'est au fond qu'un bouc émissaire. Pas facile ensuite de changer les mentalités quand l'ego même des personnes impliquées a été mis à mal (ou qu'elles ont eu, à tort ou à raison, le sentiment d'avoir été ignorées).

[Wilfried]

je partage en grande partie l'analyse de Raphaël, tout en la nuançant concernant le lynx et le loup :

- le lynx n'a été volontairement introduit que dans les Vosges. La belle population franc-comtoise n'est apparue que suite aux réintroductions...suisses !! On a vu le résultat : échec total dans les Vosges, où le braconnage reste un sport local...et réussite là où il n'était pas attendu...le phénomène se poursuit d'ailleurs avec une expansion actuelle de l'espèce dans les Alpes de la population jurassienne...avec quelques individus aperçus récemment dans le Beaujolais et en Ardèche! Donc les territoires loups/lynx existent déjà.
- concernant le loup, idem que pour le lynx : aucune volonté politique dans l'origine de sa réapparition. Essaimage de la population italienne...et maintenant, tentative de "confinement"...là ou je rejoins Raphaël...

Aprés, tout est question de cultures locales. la réintroduction de l'ours dans les Alpes françaises a été envisagées en 1993/1994, mais les lobbies de l'or blanc ont fait le nécessaire pour que cela n'aboutisse pas. Dans les Pyrénées, tu l'as très bien analysé, il s'agit plus d'une défiance à l'égard de l'Etat...et puis il y a également le précédent du bouquetin des Pyrénées, qui a quand même disparu dans la plus totale indifférence en .... 2000 ! Ca en dit long sur les priorités locales...

Allez, je ne résiste pas : le projet actuel de réintroduction de bouquetins ibériques pour remplacer l'espèce proche disparue n'a été rendu possible que grâce au don, par la France via l'ONCFS, d'une trentaine d'individus de gélinottes des bois à l'Espagne, soucieuse de le réintroduire de leur côté des Pyrénées....il s'avère que ces oiseaux ont été prélevés sur de saines populations du sud des Alpes françaises...tellement révélateur !!