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Réflexion sur les gorilles
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Réflexion sur les gorilles
Nous vous proposons cette réflexion quant à la présence des animaux dans les zoos, par l'exemple du gorille...
Et si le gorille de zoo devenait produit de consommation ?
A lire Gorille de zoo : un produit de consommation" : http://www.code-animal.com/blog/2012/12/gorille-de-zoos-un-produit-de-consommation/
Bien à vous,
Et si le gorille de zoo devenait produit de consommation ?
A lire Gorille de zoo : un produit de consommation" : http://www.code-animal.com/blog/2012/12/gorille-de-zoos-un-produit-de-consommation/
Bien à vous,
- codean
- Messages: 36
- Enregistré le: Mercredi 28 Décembre 2005 0:54
Re: Réflexion sur les gorilles
Bonjour,
la réflexion est à mon sens intéressante.
Quelle place donner à l'animal dans le zoo, qui plus est quand il s'agit d'animal si proche de l'homme ?
Je trouve quand même votre article bien évidemment de parti pris. Vous avez surtout une affreuse tendance à amalgamer les zoos et à mettre tout le monde dans le même sac.
Bien évidemment, les zoos qui attirent le plus l'attention des médias ou du grand public en France sont les zoos à politique commerciale "agressive", qui savent mettre l'argent et les moyens de comm pour se faire leur pub. Gorilla Camp d'Amnéville, c'est un gros produit marketing à 10 millions d'euros, c'est évident, il faut que ça rapporte en conséquence.
Et le gorille devient un produit de consommation. On peut tout à fait s'horrifier de ce processus. On peut aussi y trouver du contentement.
Grâce à ses entrées, Amnéville a envoyé en 2012 la somme de 40 000 euros par an à Kalaweit, ONG qui sauve les gibbons et les primates en Asie du sud est. C'est 20 fois plus que la somme versée par One Voice à cette même ONG.
Alors oui un zoo est une entreprise commerciale qui doit dégager de l'argent. Et, dans le milieu des animaux, ce sont souvent eux les plus riches, ce qui les rend mal vus, comme les footballeurs sont détestés par les autres sportifs car considérés comme trop payés et trop populaires.
Mais l'aide apportée par les zoos aux programmes in-situ n'est pas négligeable. Quelle autre structure pourrait dégager autant d'argent pour une ONG naturaliste ? A part les grosses multinationales comme Total ou Veolia, mais là aussi l'argent ne sent pas forcément très bon...
Et tous les gorilles présentés en captivité ne sont pas non plus des bêtes de foire exhibées pour gagner des sous. Avez-vous vu les gorilles de La Vallée des Singes ?
Pour finir, je trouve le paragraphe sur les évasions de mauvaise foi. Je ne crois pas qu'un animal, si intelligent soit-il, se rend compte réellement qu'il s'évade. Il sent que tout d'un coup, il bascule dans un endroit qu'il ne connait pas, il sent que quelque chose a changé, mais le plus souvent, il en est totalement affolé et désorienté. Les animaux qui s'échappent de leur enclos attaquent souvent le public : ils se sentent menacés et perdus hors de leur domaine de vie habituel, qui, quoi que vous puissez en dire, leur offre en permanence confort et sécurité.
Le combat est juste si vous souhaitez voir les conditions de vie des animaux captifs améliorées. Pour ma part, je suis assez favorable à la création de lois très strictes pour les espèces les plus délicates comme les grands singes. Mais si vous souhaitez juste faire fermer tous les zoos, un jour peut être, mais en cette grave époque de crise écologique, il me parait dommage de se priver du soutien qu'ils peuvent apporter.
la réflexion est à mon sens intéressante.
Quelle place donner à l'animal dans le zoo, qui plus est quand il s'agit d'animal si proche de l'homme ?
Je trouve quand même votre article bien évidemment de parti pris. Vous avez surtout une affreuse tendance à amalgamer les zoos et à mettre tout le monde dans le même sac.
Bien évidemment, les zoos qui attirent le plus l'attention des médias ou du grand public en France sont les zoos à politique commerciale "agressive", qui savent mettre l'argent et les moyens de comm pour se faire leur pub. Gorilla Camp d'Amnéville, c'est un gros produit marketing à 10 millions d'euros, c'est évident, il faut que ça rapporte en conséquence.
Et le gorille devient un produit de consommation. On peut tout à fait s'horrifier de ce processus. On peut aussi y trouver du contentement.
Grâce à ses entrées, Amnéville a envoyé en 2012 la somme de 40 000 euros par an à Kalaweit, ONG qui sauve les gibbons et les primates en Asie du sud est. C'est 20 fois plus que la somme versée par One Voice à cette même ONG.
Alors oui un zoo est une entreprise commerciale qui doit dégager de l'argent. Et, dans le milieu des animaux, ce sont souvent eux les plus riches, ce qui les rend mal vus, comme les footballeurs sont détestés par les autres sportifs car considérés comme trop payés et trop populaires.
Mais l'aide apportée par les zoos aux programmes in-situ n'est pas négligeable. Quelle autre structure pourrait dégager autant d'argent pour une ONG naturaliste ? A part les grosses multinationales comme Total ou Veolia, mais là aussi l'argent ne sent pas forcément très bon...
Et tous les gorilles présentés en captivité ne sont pas non plus des bêtes de foire exhibées pour gagner des sous. Avez-vous vu les gorilles de La Vallée des Singes ?
Pour finir, je trouve le paragraphe sur les évasions de mauvaise foi. Je ne crois pas qu'un animal, si intelligent soit-il, se rend compte réellement qu'il s'évade. Il sent que tout d'un coup, il bascule dans un endroit qu'il ne connait pas, il sent que quelque chose a changé, mais le plus souvent, il en est totalement affolé et désorienté. Les animaux qui s'échappent de leur enclos attaquent souvent le public : ils se sentent menacés et perdus hors de leur domaine de vie habituel, qui, quoi que vous puissez en dire, leur offre en permanence confort et sécurité.
Le combat est juste si vous souhaitez voir les conditions de vie des animaux captifs améliorées. Pour ma part, je suis assez favorable à la création de lois très strictes pour les espèces les plus délicates comme les grands singes. Mais si vous souhaitez juste faire fermer tous les zoos, un jour peut être, mais en cette grave époque de crise écologique, il me parait dommage de se priver du soutien qu'ils peuvent apporter.
Les animaux des zoos sont les ambassadeurs de leurs cousins sauvages. (Pierre Gay)
- raphaël
- Messages: 7204
- Enregistré le: Mercredi 10 Août 2005 15:24
- Localisation: gironde
Re: Réflexion sur les gorilles
Oui et si certains zoos n'existaient pas ces gorilles seraient déjà morts depuis longtemps.
- mokoko
- Messages: 281
- Enregistré le: Mercredi 18 Août 2010 14:08
Re: Réflexion sur les gorilles
Soyons objectifs: avec moitié moins d'argent (et on est encore loin d'un espace type Vallée des Singes), Amnéville aurait pu réaliser une installation tout-à-fait honorable. Le zoo disposait de 10 millions? Combien de projets in situ auraient pu être développés, soutenus, créés? 40 000 €, c'est formidable, certes, mais versus dix millions d'investissement pour des animaux logés ailleurs de façon infiniment moins ostentatoire, c'est beaucoup d'argent un peu balancés par la fenêtre, non? Posséder des gorilles relève dans ce cas précis d'une stratégie commerciale, mais est-ce que les peintures murales et le bunker architecturalement hideux modifient à ce point la perception du public pour justifier la dépense? La Vallée des Singes n'investit jamais dans une surenchère décorative de ses édifices et l'île boisée est carrément à des années lumières de l'enclos d'Amnéville.
- okapi
- Messages: 12061
- Enregistré le: Lundi 02 Juin 2008 19:02
Re: Réflexion sur les gorilles
Dites donc, on peut apprécier qu'un zoo crée de nos jours une installation pour accueillir 2 groupes de gorilles.
La situation devient doucement préoccupante pour cette espèce avec le surplus de mâles...
Après, on peut toujours discuter, critiquer, comment l'argent aurait pu être mieux utilisé.
Néanmoins pour les gorilles nés en captivité, Amnéville a fait du bien.
Pour les installations intérieures, je trouve qu'elles sont bien âprement critiquées.
Personnellement, les extérieurs me séduisent nettement moins car ils seront presque pas utilisés.
Enfin, choisir l'exemple du gorille est bien calculé car on sait pertinemment que des sentiments anthropocentriques vont interférer.
Est-ce un moyen vraiment honnête pour baser son argumentation sur le sens des zoos ?
La situation devient doucement préoccupante pour cette espèce avec le surplus de mâles...
Après, on peut toujours discuter, critiquer, comment l'argent aurait pu être mieux utilisé.
Néanmoins pour les gorilles nés en captivité, Amnéville a fait du bien.
Pour les installations intérieures, je trouve qu'elles sont bien âprement critiquées.
Personnellement, les extérieurs me séduisent nettement moins car ils seront presque pas utilisés.
Enfin, choisir l'exemple du gorille est bien calculé car on sait pertinemment que des sentiments anthropocentriques vont interférer.
Est-ce un moyen vraiment honnête pour baser son argumentation sur le sens des zoos ?
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éric13 - Messages: 1366
- Enregistré le: Lundi 10 Septembre 2012 22:18
Re: Réflexion sur les gorilles
Le sujet n'est pas non plus l'installation d'Amnéville.
Okapi n'a pas tort, on peut créer un espace à gorilles captifs de qualité, tout à fait en phase avec les besoins de cette espèce, sans avoir à enrober le tout de couteuses reconstitutions de ruines, de temples, de faux rochers ou autres. Que le zoo accueille un, deux, trois groupes, de mâles ou reproducteur, ça c'est des règles et de l'organisation entre EEP... Ce n'est pas ça la question.
L'efficacité et la sobriété peuvent permettre de limiter les frais, et c'est autant d'argent d'économisé pour la conservation.
Mais le constat est là, ça marche et les sommes versées restent quand même importantes, et pour certaines ONG il s'agit de leurs sources d'argent majeures.
Et malheureusement, vis à vis des médias, "venez voir notre installation à gorilles à 10 millions d'euros !" marchera toujours mieux que "venez voir notre installation à gorilles"...
Amnéville a fait ce choix du tape à l'oeil et du sensationnel, d'autres ont préféré la sobriété. Au final, deux choses sont surtout importantes, la qualité de vie des animaux, et l'implication du zoo dans les actions de conservation. En général, nos grands zoos français sont plutôt bons dans l'un comme dans l'autre.
Ce qui se discute surtout, c'est justement le sujet ici, c'est la place donnée à l'animal, le message donné sur lui. Est-il un être vivant au même niveau que nous, ou est-il placé comme un produit de consommation à contempler ? ...
Okapi n'a pas tort, on peut créer un espace à gorilles captifs de qualité, tout à fait en phase avec les besoins de cette espèce, sans avoir à enrober le tout de couteuses reconstitutions de ruines, de temples, de faux rochers ou autres. Que le zoo accueille un, deux, trois groupes, de mâles ou reproducteur, ça c'est des règles et de l'organisation entre EEP... Ce n'est pas ça la question.
L'efficacité et la sobriété peuvent permettre de limiter les frais, et c'est autant d'argent d'économisé pour la conservation.
Mais le constat est là, ça marche et les sommes versées restent quand même importantes, et pour certaines ONG il s'agit de leurs sources d'argent majeures.
Et malheureusement, vis à vis des médias, "venez voir notre installation à gorilles à 10 millions d'euros !" marchera toujours mieux que "venez voir notre installation à gorilles"...
Amnéville a fait ce choix du tape à l'oeil et du sensationnel, d'autres ont préféré la sobriété. Au final, deux choses sont surtout importantes, la qualité de vie des animaux, et l'implication du zoo dans les actions de conservation. En général, nos grands zoos français sont plutôt bons dans l'un comme dans l'autre.
Ce qui se discute surtout, c'est justement le sujet ici, c'est la place donnée à l'animal, le message donné sur lui. Est-il un être vivant au même niveau que nous, ou est-il placé comme un produit de consommation à contempler ? ...
Les animaux des zoos sont les ambassadeurs de leurs cousins sauvages. (Pierre Gay)
- raphaël
- Messages: 7204
- Enregistré le: Mercredi 10 Août 2005 15:24
- Localisation: gironde
Re: Réflexion sur les gorilles
Raphaël, il a écrit:Pour finir, je trouve le paragraphe sur les évasions de mauvaise foi. Je ne crois pas qu'un animal, si intelligent soit-il, se rend compte réellement qu'il s'évade. Il sent que tout d'un coup, il bascule dans un endroit qu'il ne connait pas, il sent que quelque chose a changé, mais le plus souvent, il en est totalement affolé et désorienté. Les animaux qui s'échappent de leur enclos attaquent souvent le public : ils se sentent menacés et perdus hors de leur domaine de vie habituel, qui, quoi que vous puissez en dire, leur offre en permanence confort et sécurit
Je ne suis pas tellement d'accord. En tant que professionnel et ayant connu directement et indirectement des cas d'évasions de grands singes, je peux dire que les grands singes, ainsi que des cercopithèques, des colobes, se rendent parfaitement compte qu'ils s'évadent.
Bien sûr, lorsque c'est la première fois, ils sont désorientés et pensent à retrouver tout de suite leur enclos. Mais certains y prennent goût et essayent autant que possible de récidiver.
Je connais le cas d'un colobe qui sautait régulièrement (tous les jours, en fait) de son île, faisait son tour et revenait quand il en avait assez. Également le cas d'un gibbon à favoris, grand multirécidiviste. Un lynx, également, qui s'échappait la nuit pour revenir tranquillement au petit matin dans sa cage...
Pour en revenir aux grands singes, un certain nombre ont fait montre d'une belle ingéniosité, comme ce chimpanzé qui s'est servi d'une longue branche comme d'une perche, ou ce groupe de chimpanzés qui avaient mis au travers du bras d'eau un arbre cassé pour s'évader, se promener gentiment dans le zoo et aller au restaurant.
Par ailleurs, ils ne s'attaquent pas forcément au public, ils l'ignorent le plus souvent. Par contre, ils sont très intéressés par leurs soigneurs, qu'ils leur soient le plus sympathiques ( qui n'ont le plus souvent pas grand chose à craindre ) ou le plus antipathiques (ceux-là ont grandement intérêt à se cacher rapidement)
-
Vinch - Messages: 6084
- Enregistré le: Jeudi 22 Octobre 2009 19:49
Re: Réflexion sur les gorilles
Oui effectivement, merci pour tes précisions Vinch.
Ce que je voulais surtout dire, c'est que l'animal ne s'évade pas comme s'évaderait un prisonnier d'Alcatraz : il fait ça pour diversifier son terrain d'activité possible, mais tes témoignages le prouvent, l'animal ne se dit pas "haha j'ai enfin fui de ce lieu maudit, à moi la vraie vie !", il revient souvent dans son enclos au bout d'un certain temps si le stress ne lui a pas fait perdre ses repères.
Et l'animal ne cherchera pas forcément plus à s'évader dans un enclos mauvais que dans un excellent enclos.
Ce que je voulais surtout dire, c'est que l'animal ne s'évade pas comme s'évaderait un prisonnier d'Alcatraz : il fait ça pour diversifier son terrain d'activité possible, mais tes témoignages le prouvent, l'animal ne se dit pas "haha j'ai enfin fui de ce lieu maudit, à moi la vraie vie !", il revient souvent dans son enclos au bout d'un certain temps si le stress ne lui a pas fait perdre ses repères.
Et l'animal ne cherchera pas forcément plus à s'évader dans un enclos mauvais que dans un excellent enclos.
Les animaux des zoos sont les ambassadeurs de leurs cousins sauvages. (Pierre Gay)
- raphaël
- Messages: 7204
- Enregistré le: Mercredi 10 Août 2005 15:24
- Localisation: gironde
Re: Réflexion sur les gorilles
L'article de Code-Animal mentionne, je cite, "l'obligation légale de verser de l’argent à des programmes de conservation" en se référant à l'arrêté du 25 mars 2004. Or le terme même de "programme(s) de conservation" ne figure nulle part dans le dit arrêté. Peut-être Codean pourra-t-il nous donner le passage précis et exact faisant état de cette prétendue obligation...
En revanche, l'arrête stipule
Il me semble qu'on est loi, ici, d'une "obligation légale de verser de l’argent à des programmes de conservation". Qu'en disent les juristes ?
Quant au distingo "naissance"/"reproduction", il me semble bon de préciser qu'en biologie, la reproduction est l'ensemble des processus par lesquels une espèce se perpétue, en suscitant de nouveaux individus. Par conséquent, les naissances sont un élément de la reproduction. Opposer ces deux termes n'a, en l'espèce (si je puis dire), pas vraiment de sens.
En revanche, l'arrête stipule
"les établissements participent
- à la recherche, dont les résultats bénéficient à la meilleure connaissance et à la conservation des espèces ;
- et/ou à la formation pour l’acquisition de qualifications en matière de conservation ;
- et/ou à l’échange d’informations sur la conservation des espèces ;
- et/ou, le cas échéant, à la reproduction en captivité
et/ou, le cas échéant, à la reproduction en captivité, au repeuplement et à la réintroduction d’espèces dans les habitats sauvages
...
Les moyens mis en oeuvre par les établissements pour se conformer aux dispositions du présent chapitre sont proportionnés à leur taille et à leur volume d’activité."
Il me semble qu'on est loi, ici, d'une "obligation légale de verser de l’argent à des programmes de conservation". Qu'en disent les juristes ?
Quant au distingo "naissance"/"reproduction", il me semble bon de préciser qu'en biologie, la reproduction est l'ensemble des processus par lesquels une espèce se perpétue, en suscitant de nouveaux individus. Par conséquent, les naissances sont un élément de la reproduction. Opposer ces deux termes n'a, en l'espèce (si je puis dire), pas vraiment de sens.
Biofaune : l'actualité de la conservation in & ex situ : http://biofaune.canalblog.com - www.facebook.com/biofaune
- Philippe
- Messages: 11543
- Enregistré le: Lundi 29 Août 2005 16:06
Re: Réflexion sur les gorilles
Notre article pose avant tout un problème éthique de fond. Que ce soit Amnéville ou la vallée des singes, le gorille, tout comme les autres espèces, est réduit au statut de bien de consommation. Le principe même du zoo, qui est une entreprise de divertissement, est de présenter des animaux à un public qui la plupart du temps paie pour se divertir. Regarder un gorille à Amnéville ou dans un autre zoo, c'est consommer.
De ce fait, l'animal devient l'objet de cette consommation. A part, certains passionnés peut-être, les gens qui visitent veulent voir l'animal, car ils ont payé pour cela. Réduire l'animal à ce statut de bien consommable, c'est déjà le condamner.
Qu'Amnéville envoi de l'argent à des programmes ne changera rien à cette image qu'il donne de l'animal. Sur le fond c'est pour cette même raison que les zoos humains ont été aboli. Et il l'en aurait été de même si de généreux zoos avaient donnés des milliers d'euros à des programmes de sauvegarde sur place. Le fond éthique était intenable.
En quoi, l'argument différait-il dès lors qu'il s'agit d'animaux ? L'enfant en voyant le gorille en cage, voit l'animal soumis au bon vouloir de l'homme. Cette domination, vue comme une normalité lui est inculquée dès le plus jeune âge... et plus tard, l'enfant devenu adulte verra l'animal comme une chose soumis à son bon vouloir, ce qui fera les affaires des marchands de NAC, de chasses exotiques, des cirques, des tours opérators ... et donc de la fragilisation accentuée de certaines espèces animales.
De ce fait, l'animal devient l'objet de cette consommation. A part, certains passionnés peut-être, les gens qui visitent veulent voir l'animal, car ils ont payé pour cela. Réduire l'animal à ce statut de bien consommable, c'est déjà le condamner.
Qu'Amnéville envoi de l'argent à des programmes ne changera rien à cette image qu'il donne de l'animal. Sur le fond c'est pour cette même raison que les zoos humains ont été aboli. Et il l'en aurait été de même si de généreux zoos avaient donnés des milliers d'euros à des programmes de sauvegarde sur place. Le fond éthique était intenable.
En quoi, l'argument différait-il dès lors qu'il s'agit d'animaux ? L'enfant en voyant le gorille en cage, voit l'animal soumis au bon vouloir de l'homme. Cette domination, vue comme une normalité lui est inculquée dès le plus jeune âge... et plus tard, l'enfant devenu adulte verra l'animal comme une chose soumis à son bon vouloir, ce qui fera les affaires des marchands de NAC, de chasses exotiques, des cirques, des tours opérators ... et donc de la fragilisation accentuée de certaines espèces animales.
- codean
- Messages: 36
- Enregistré le: Mercredi 28 Décembre 2005 0:54
Re: Réflexion sur les gorilles
Il ne s'agit effectivement pas forcément d'une implication financière (vous avez mis l'article 53, voir aussi les articles 54 à 56 de l'arrêté) elle peut se faire de différentes manières (recherche, échanges... ), mais dans la plupart des cas, les zoos le font pour des raisons pratiques sous forme de dons à des ONG in situ.Philippe a écrit: Peut-être Codean pourra-t-il nous donner le passage précis et exact faisant état de cette prétendue obligation...
Quant au distingo "naissance"/"reproduction", il me semble bon de préciser qu'en biologie, la reproduction est l'ensemble des processus par lesquels une espèce se perpétue, en suscitant de nouveaux individus. Par conséquent, les naissances sont un élément de la reproduction. Opposer ces deux termes n'a, en l'espèce (si je puis dire), pas vraiment de sens.
Distinguer les deux termes "naissance"/"reproduction" n'équivaut pas à les opposer. Nous disons, simplement, que des naissances ne font pas des reproductions, et qu'il ne faut donc pas confondre les termes. Parler de reproduction en zoo, n'est donc pas exact.
Mais comme spécifié dans le post avant, le véritable problème nous semble relevé de l'éthique : la transformation de l'animal en produit de consommation. Le reste n'est finalement que prétexte à ne pas aborder le problème de fond.
- codean
- Messages: 36
- Enregistré le: Mercredi 28 Décembre 2005 0:54
Re: Réflexion sur les gorilles
Pourquoi être si borné à voir le mal absolu dans la présentation au public d'un être vivant ?
Certes, la place du gorille n'est pas dans un zoo. C'est indéniable. Et le public vient pour voir les animaux.
S'il fallait revenir des décennies en arrière, l'idéal serait d'empêcher la création des zoos, qui a causé des milliers de souffrance. Mais il faudrait aussi empêcher les incessantes attaques portées au milieu naturel par l'urbanisation, la déforestation, l'agriculture intensive, le braconnage...
On peut débattre et discuter des jours sur le bien fondé de la création des zoos.
Il n'empêche qu'aujourd'hui ils sont là, 300 en France, des milliers en Europe et dans le monde, des centaines de milliers de mammifères, d'oiseaux et d'autres animaux vivants dans des enclos, cages ou volières...
Fermer les zoos ou les interdire parait quasiment impossible. Que faire de ces milliers d'animaux ? Mais au delà de ça, je pense que ce serait vraiment la pire des choses à faire. Sans les zoos, les gorilles ou les éléphants continueraient sûrement à être protégés par la conscience collective, mais les tamarins à pieds blancs, les faisans de l'Himalaya ou encore le sanglier pygmée d'Assam, qui les soutiendrait si les zoos ne sont plus là ?
Le zoo est un lieu touristique, c'est évident. L'animal sauvage n'est pas comme un tableau de Dali ou de Van Gogh, il n'est pas créé pour être exposé au public.
Mais après tout, si je vous cite "Que ce soit Amnéville ou la vallée des singes, le gorille, tout comme les autres espèces, est réduit au statut de bien de consommation. Le principe même du zoo, qui est une entreprise de divertissement, est de présenter des animaux à un public qui la plupart du temps paie pour se divertir. Regarder un gorille à Amnéville ou dans un autre zoo, c'est consommer. "
Nous sommes d'accord, mais dans ce cas là, aller voir les phoques en baie de Somme, aller rencontrer les gorilles de montagne au Congo ou profiter d'un écolodge en Amazonie, c'est consommer de la même manière ! Nous vivons dans un monde qui fonctionne avec l'argent. Pour entretenir un zoo, une réserve naturelle, un parc national, une réserve de biosphère, il faut de l'argent, et cet argent, on l'obtient souvent en faisant payer les gens qui viennent profiter des beautés de l'endroit.
Toutes les consommations ne se valent pas, je suis désolé.
Entre le visiteur qui dans les années 80 payait pour voir le gros gorille sur une dalle de béton et lui balançait des cacahuètes, et le visiteur de La Vallée des Singes aujourd'hui qui admire au loin le primate se mouvoir entre les arbres sur son île, guidé par un agent pédagogique qui lui présente l'espèce, il y a un monde.
Certes, la place du gorille n'est pas dans un zoo. C'est indéniable. Et le public vient pour voir les animaux.
S'il fallait revenir des décennies en arrière, l'idéal serait d'empêcher la création des zoos, qui a causé des milliers de souffrance. Mais il faudrait aussi empêcher les incessantes attaques portées au milieu naturel par l'urbanisation, la déforestation, l'agriculture intensive, le braconnage...
On peut débattre et discuter des jours sur le bien fondé de la création des zoos.
Il n'empêche qu'aujourd'hui ils sont là, 300 en France, des milliers en Europe et dans le monde, des centaines de milliers de mammifères, d'oiseaux et d'autres animaux vivants dans des enclos, cages ou volières...
Fermer les zoos ou les interdire parait quasiment impossible. Que faire de ces milliers d'animaux ? Mais au delà de ça, je pense que ce serait vraiment la pire des choses à faire. Sans les zoos, les gorilles ou les éléphants continueraient sûrement à être protégés par la conscience collective, mais les tamarins à pieds blancs, les faisans de l'Himalaya ou encore le sanglier pygmée d'Assam, qui les soutiendrait si les zoos ne sont plus là ?
Le zoo est un lieu touristique, c'est évident. L'animal sauvage n'est pas comme un tableau de Dali ou de Van Gogh, il n'est pas créé pour être exposé au public.
Mais après tout, si je vous cite "Que ce soit Amnéville ou la vallée des singes, le gorille, tout comme les autres espèces, est réduit au statut de bien de consommation. Le principe même du zoo, qui est une entreprise de divertissement, est de présenter des animaux à un public qui la plupart du temps paie pour se divertir. Regarder un gorille à Amnéville ou dans un autre zoo, c'est consommer. "
Nous sommes d'accord, mais dans ce cas là, aller voir les phoques en baie de Somme, aller rencontrer les gorilles de montagne au Congo ou profiter d'un écolodge en Amazonie, c'est consommer de la même manière ! Nous vivons dans un monde qui fonctionne avec l'argent. Pour entretenir un zoo, une réserve naturelle, un parc national, une réserve de biosphère, il faut de l'argent, et cet argent, on l'obtient souvent en faisant payer les gens qui viennent profiter des beautés de l'endroit.
Toutes les consommations ne se valent pas, je suis désolé.
Entre le visiteur qui dans les années 80 payait pour voir le gros gorille sur une dalle de béton et lui balançait des cacahuètes, et le visiteur de La Vallée des Singes aujourd'hui qui admire au loin le primate se mouvoir entre les arbres sur son île, guidé par un agent pédagogique qui lui présente l'espèce, il y a un monde.
Les animaux des zoos sont les ambassadeurs de leurs cousins sauvages. (Pierre Gay)
- raphaël
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- Enregistré le: Mercredi 10 Août 2005 15:24
- Localisation: gironde
Re: Réflexion sur les gorilles
La consommation en soi n'est pas un mal, notre société est une société de consommation. Ce qui est problématique c'est de transformer un animal, dans le cas présent un gorille, en produit de consommation. Vous payez - vous consommez. De ce fait, vous réduisez son statut d'être sensible avec ses spécificités (comportement, biotope...) à un statut monnayable, à une chose. On peut parler d'annihilation de l'animal puisque vous le privez de son biotope.
Les phoques en Baie de somme vous être consommé, si vous voulez, mais le phoque ne va être transformé en valeur marchande, ni être dépossédé de son écosystème.
Bien entendu, aucune disparition de zoos n'est envisageable sur le court terme. C'est un changement de société, une autre manière de voir l'animal non plus en tant qu'objet de consommation, mais en tant qu'être sensible, locataire de la Terre tout comme nous. Une évolution tout comme a été celle de la disparition des zoos humains (qui avaient aussi leurs partisans), il y a 1 siècle.
Les phoques en Baie de somme vous être consommé, si vous voulez, mais le phoque ne va être transformé en valeur marchande, ni être dépossédé de son écosystème.
Bien entendu, aucune disparition de zoos n'est envisageable sur le court terme. C'est un changement de société, une autre manière de voir l'animal non plus en tant qu'objet de consommation, mais en tant qu'être sensible, locataire de la Terre tout comme nous. Une évolution tout comme a été celle de la disparition des zoos humains (qui avaient aussi leurs partisans), il y a 1 siècle.
- codean
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- Enregistré le: Mercredi 28 Décembre 2005 0:54
Re: Réflexion sur les gorilles
Codean, si je n'ai pas cité les articles 54 à 56, c'est qu'ils ne concernent nullement la soit-disant "obligation légale de verser de l’argent à des programmes de conservation" que vous mettiez en avant dans votre billet sur la captivité des gorilles. A preuve l'article 56 par exemple que voici :
Vous me répondez maintenant qu""il ne s'agit effectivement pas forcément d'une implication financière". Merci de l'admettre, vous qui mentionniez pourtant "l'obligation légale de verser de l’argent à des programmes de conservation" (c'étaient là vos propres termes) dans votre billet... D'ailleurs, cette affirmation erronée a depuis lors disparu de votre texte puisque vous relevez désormais la contrainte "de participer d’une manière ou d’une autre à des programmes de conservation". Ce qui n'est pas la même chose...
Quant à la reproduction, en quoi n'est-il pas exact de l'évoquer pour certaines espèces élevées en captivité puisqu'il s'agit "de l'ensemble des processus par lesquels une espèce se perpétue, en suscitant de nouveaux individus" ? Les naissances en établissements zoologiques ne permettent-elles pas l'apparition de nouveaux individus ? Et la reproduction étant, selon sa définition scientifique, ce qui permet la perpétuation de l'espèce dans le temps, si une espèce se perpétue ex-situ sans l'apport d'individus prélevés dans la nature, il est tout à fait légitime de parler de reproduction. Songeons ici au bison d'Europe par exemple. Maintenant, vous avez peut-être votre propre définition du concept de reproduction...
Libre à chacun de faire valoir ses arguments, la liberté d'opinion étant une chose précieuse, mais encore faut-il le faire avec rigueur, tant lorsqu'on s'en réfère au Droit que lorsqu'on utilise des concepts scientifiques à la définition précise.
Quant au fond du dossier, la réponse de Raphaël me paraît fort pertinente...
Article 56
Sauf s’ils sont utilisés pour les besoins propres de l’établissement en matière de diffusion des connaissances ou de conservation, l’exploitant doit tenir à la disposition des institutions à caractère scientifique ou pédagogique les cadavres d’animaux susceptibles de présenter un intérêt particulier notamment en ce qui concerne les espèces rares, menacées ou protégées dont il importe que tous les éléments soient conservés dans les archives et collections patrimoniales. Ces cadavres ne doivent pas constituer une source de transmission de maladies à d’autres animaux ou aux personnes.
Vous me répondez maintenant qu""il ne s'agit effectivement pas forcément d'une implication financière". Merci de l'admettre, vous qui mentionniez pourtant "l'obligation légale de verser de l’argent à des programmes de conservation" (c'étaient là vos propres termes) dans votre billet... D'ailleurs, cette affirmation erronée a depuis lors disparu de votre texte puisque vous relevez désormais la contrainte "de participer d’une manière ou d’une autre à des programmes de conservation". Ce qui n'est pas la même chose...
Quant à la reproduction, en quoi n'est-il pas exact de l'évoquer pour certaines espèces élevées en captivité puisqu'il s'agit "de l'ensemble des processus par lesquels une espèce se perpétue, en suscitant de nouveaux individus" ? Les naissances en établissements zoologiques ne permettent-elles pas l'apparition de nouveaux individus ? Et la reproduction étant, selon sa définition scientifique, ce qui permet la perpétuation de l'espèce dans le temps, si une espèce se perpétue ex-situ sans l'apport d'individus prélevés dans la nature, il est tout à fait légitime de parler de reproduction. Songeons ici au bison d'Europe par exemple. Maintenant, vous avez peut-être votre propre définition du concept de reproduction...
Libre à chacun de faire valoir ses arguments, la liberté d'opinion étant une chose précieuse, mais encore faut-il le faire avec rigueur, tant lorsqu'on s'en réfère au Droit que lorsqu'on utilise des concepts scientifiques à la définition précise.
Quant au fond du dossier, la réponse de Raphaël me paraît fort pertinente...
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Re: Réflexion sur les gorilles
Une petite remarque : le biotope du gorille ou de l'orang-outant a, aux yeux de l'Homme, une forte valeur marchande, directe ou indirecte. Que nous devions considérer l'animal comme un locataire de la Terre, certes mais ce n'est pas pour demain, ni pour après-demain. En Afrique équatoriale comme chez nous avec le cas d'école du loup.
Par ailleurs, vous admettrez que la disparition des zoos humais n'a pas empêché l'exploitation de l'homme par l'homme depuis lors. La disparition des parcs animaliers n'empêchera pas, à court et moyen termes, l'exploitation des biotopes des grands singes. Et malheureusement bien des mesures de protection in-situ semblent fragiles (même avec des moyens financiers conséquents). L'actuelle situation en République Démocratique du Congo ou le massacre record de rhinos blancs en Afrique du Sud cette année l'illustrent trop bien. Dès lors, est-il si scandaleux et si inepte que cela d'élever, dans les conditions que l'on connaît (et que je ne doute pas que vous connaissiez), des gorilles dans le biotope poitevin ou des tigres de Sumatra dans de vastes enclos briards ? Permettez-moi de ne pas en être convaincu.
Par ailleurs, vous admettrez que la disparition des zoos humais n'a pas empêché l'exploitation de l'homme par l'homme depuis lors. La disparition des parcs animaliers n'empêchera pas, à court et moyen termes, l'exploitation des biotopes des grands singes. Et malheureusement bien des mesures de protection in-situ semblent fragiles (même avec des moyens financiers conséquents). L'actuelle situation en République Démocratique du Congo ou le massacre record de rhinos blancs en Afrique du Sud cette année l'illustrent trop bien. Dès lors, est-il si scandaleux et si inepte que cela d'élever, dans les conditions que l'on connaît (et que je ne doute pas que vous connaissiez), des gorilles dans le biotope poitevin ou des tigres de Sumatra dans de vastes enclos briards ? Permettez-moi de ne pas en être convaincu.
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