« Cet enclos est provisoirement vide. Notre mâle de girafe a subi une opération pour soigner une obstruction des voies urinaires. Aucune solution durable n'ayant pu être trouvée, il a été euthanasié lors de l'anesthésie. Merci de votre compréhension. » Pas de girafe à voir pour les visiteurs du zoo de Maubeuge depuis mercredi. Umis, la dernière girafe, est morte jeudi soir.
Les soigneurs, qui s'occupent de ce mâle girafe de 5 ans arrivé de Vincennes en 2010 avec son demi-frère, ont donné l'alerte mercredi matin. L'animal n'avait ni mangé, ni uriné, ni déféqué.
Après le décès, en 2009, d'un autre mâle girafe des suites de difficultés urinaires, la direction du zoo a cette fois voulu ne pas perdre un instant.
Des flèches lui ont été lancées, contenant des anti-douleurs, des anti-inflammatoires et d'autres médicaments, mais Goulven Rigaux, directeur du zoo et vétérinaire, avait déjà son diagnostic : « Obstruction des voies urinaires. » Il a appelé Florence Ollivet-Courtois, vétérinaire indépendante spécialiste de la faune sauvage, bien connue des parcs zoologiques, des cirques et des sapeurs-pompiers de Paris. Elle est arrivée le lendemain (jeudi), l'état de santé d'Umis ne s'étant pas amélioré. En attendant, les soigneurs sont restés au chevet de la girafe, attentifs.
L'intervention était délicate : « Une girafe est l'animal le plus compliqué à endormir, explique Goulven Rigaux. Il tombe de six mètres de haut ! » Mais sa conviction était faite : « Si ça ne se passe pas tout de suite avec les médicaments, il faut opérer. » Un lit de paille a été aménagé, les râteliers et tout ce qui aurait pu blesser l'animal lors de sa chute ont été retirés. Umis est tombé sans heurt, l'opération a pu commencer.
Autre complication : « L'urètre, de la vessie à l'extérieur du pénis, est vraiment très petit. Il est de la même taille que celle d'un chien ! » Sauf qu'un chien, on peut le retourner facilement et qu'il n'a pas autant de muscles et de chair qu'une girafe... Une incision, puis deux, puis une troisième : « On s'est aperçu que c'est à la sortie de la vessie que c'était bouché. Et c'est inaccessible. Voyant qu'on ne trouvait pas de solution, on a décidé d'euthanasier l'animal pendant qu'il dormait. » C'est ainsi qu'est parti Umis, sans douleur.
« On est malheureux, nous disait vendredi Goulven Rigaux, mais on a tout fait. Je devrais même être content : l'anesthésie a été parfaite, les soigneurs ont été exemplaires, on a progressé, on n'a aucun regret. Maintenant, on va étudier les analyses d'urine, de sang, on va étudier le rapport d'opération et le rapport d'autopsie. Et on enverra tout ça dans les autres parcs zoologiques : ce qu'il se passe dans un parc doit servir aux autres. » Le coup est dur, néanmoins, surtout après le décès du demi-frère d'Umis, en mai, suite à une bousculade entre les deux mâles. « Deux à la suite, ce n'est pas bon pour le moral, regrette le directeur. Mais le zoo de Maubeuge ne va pas rester sans girafe. »
Vincent Tripiana
Source : http://www.lavoixdunord.f