Aix-en-Othe (Aube). Pour une question de papiers en cours de régularisation, Mooky et Sabrina ont été saisis mercredi à la Mission française de protection des singes
Joachim Younes est encore sous le choc de la nouvelle. Tout s'est passé très vite. Après une visite surprise des agents de l'ONCFS (office national de la chasse et de la faune sauvage) sur le site de la Mission française de protection (MFP) des singes en danger, créée en 2007, à Aix-en-Othe, le président-fondateur de la structure a été informé de la décision des pouvoirs publics de la saisie mercredi de Mooky et Sabrina. Deux primates, des magots du Maroc, abandonnés, issus du commerce illégal ou maltraités, que la MFP conformément à ses missions de préservation des espèces menacées, a recueillis. Deux pensionnaires réclamant une attention toute particulière de cet ancien chef d'entreprise. « C'est du 23 heures sur 24 d'autant qu'ils bénéficient d'un programme de réadaptation à la vie sauvage jusqu'à ce qu'ils arrivent à maturité sexuelle. »
Les larmes de Mooky et Sabrina
Tout avait été pensé pour que les singes en semi-liberté bénéficient d'un équilibre sanitaire, physique, psychologique et social. Très joueurs, ils s'étaient même découvert des talents d'artiste. « J'avais engagé auprès d'eux un long travail d'éveil, d'étude comportementale à travers la peinture. » Seulement, cela n'aura pas suffi à convaincre les pouvoirs publics. En effet, « la justice nous reproche de ne pas détenir d'autorisation administrative d'ouverture de l'établissement alors que les démarches de régularisation sont en cours », explique Joachim Younès.
Aujourd'hui, l'incompréhension prévaut d'autant que « les agents de la police de l'environnement ont reconnu que Mooky et Sabrina bénéficiaient d'un haut degré de protection et que leur détention en semi-captivité était exemplaire ». Pourtant, « malgré un rapport présenté à décharge, qui émettait la possibilité qu'on puisse les garder pendant la procédure de régularisation, la justice a malgré tout prononcé une saisie exécutoire ».
Alors que Joachim Younes craignait que les primates soient euthanasiés, une structure d'accueil conventionnelle, près de Lyon a accepté de les accueillir. « Je les connais pour avoir déjà travaillé avec eux. Je les ai laissés partir en confiance. »
« J'espère les récupérer »
La séparation n'a pas pour autant été moins difficile. Bien qu'ayant suivi un programme de désimprégnation de l'homme et de réadaptation à la vie sauvage, les singes ont été déstabilisés. « Je les ai préparés la veille mais Sabrina a versé une larme et le petit Mooky a pleuré. J'ai tenté de les réconforter en leur disant qu'ils partaient en colonie de vacances. Le transfert s'est bien passé, sans drame. »
Après la révolte des premiers jours, aujourd'hui, Joachim Younès est bien décidé à ne pas en rester là. « Il est dommage qu'on agisse plus rapidement contre une structure d'accueil comme la MFP que contre les véritables acteurs du trafic criminel d'animaux sauvages. Je suis persuadé que je vais les récupérer car je me bats pour une cause noble et juste. J'ai envie de me battre pour qu'ils réintègrent au plus vite la MFP. »
Aurore Chabaud
Source : http://www.lest-eclair.fr