A Brest, un aquarium des abysses unique au monde
Pêchés au large des Açores, des crabes et crevettes vivant à 1700 m de profondeur vont être présentés au public d'Océanopolis. Dans leur milieu naturel, ces animaux sont soumis à une pression inouïe. Les garder en vie est une prouesse dont rêvent tous les aquariums du Globe.

C'est un coffre-fort en inox. 600 kg d'acier et un hublot capable de résister au poids de trois Airbus A320 ! Dans 16 litres d'eau, trois petits crabes s'activent les pinces. Des Segonzacia mesatlantica, nouveau trésor d'Océanopolis. Les animaux, pâlichons, ne sont pas spectaculaires. Mais les présenter en vie aux visiteurs est une première mondiale. « Le rêve de tous les aquariums publics », s'enthousiasme Dominique Barthélémy, en charge du programme, au parc de découverte des océans de Brest.
Pour capturer ces spécimens, la logistique déployée a été colossale. Le Pourquoi pas ?, plus gros navire océanographique de la flotte de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), ses laboratoires flottants, son robot sous-marin Victor 6000 équipé d'un système d'aspirateur pour capturer les animaux, des caissons pressurisés, un convoi spécial jusqu'à Brest...
Ces crabes, ainsi qu'une poignée de crevettes Mirocaris fortunata, ont été pêchés sur un vaste champ de sources hydrothermales, baptisé Lucky Strike, par 1 700 mètres de fond, au sud des Açores, au beau milieu de l'Atlantique. Pourquoi Lucky Strike ? On appelle parfois les sources hydrothermales des « fumeurs »...

Lucky Strike ressemble à un enfer sous-marin. Dans ce champ hydrothermal, les sources crachent, comme de petits volcans, un jus à plus de 300 °C. Chargé de soufre, de métaux lourds (arsenic, plomb, cadmium...) et d'éléments radioactifs. Il y fait nuit noire et la pression est 170 fois supérieure à notre atmosphère.
C'est pourtant une oasis de vie dans ces abysses peu fréquentés. Une bizarrerie qu'étudient les scientifiques depuis la découverte des premières sources hydrothermales, en 1977. Les bactéries, à la base de la chaîne alimentaire, s'y développent par chimiosynthèse et non par photosynthèse. Leur source d'énergie n'est plus le soleil mais des éléments chimiques. Certains chercheurs pensent que la vie serait née là, au tréfonds des océans.
Les trois survivants sont chouchoutés
Jusqu'ici, observer ces animaux, « était le privilège de quelques centaines de scientifiques », explique Dominique Barthélémy. Pour les présenter au public d'Océanopolis, il a fallu concevoir des caissons spéciaux, dans des matériaux semblables à ceux des sous-marins scientifiques. Le hublot d'observation mesure 15 cm de diamètre... et 8 cm d'épaisseur ! La nourriture (à base de farine de poissons) est introduite par un sas, sans dépressurisation.
L'eau est gardée sous pression par une puissante pompe, utilisée dans l'industrie pour pousser des matériaux épais comme de la pâte à tartiner. Les responsables d'Océanopolis gardent l'espoir de les conserver longtemps en forme. Il subissent toutefois de brutales ruptures de pression, lors de la remontée à la surface ou des nettoyages d'aquarium.
Les poissons, qui vivent eux aussi dans ces grands fonds n'y résisteraient pas. Crevettes et crabes encaissent, tant bien que mal. « Ces animaux ont toutes sortes de mécanismes pour résister au stress », indique Jozée Sarrazin, chercheuse à Ifremer. Mais il ne reste que 45 crevettes sur les 600 pêchées en juillet dernier. Et trois crabes sur une vingtaine d'individus sortis de l'eau !
Après un « temps de tâtonnement », Dominique Barthélémy pense avoir trouvé une certaine stabilité. « Les crevettes sont plus colorées, elles grossissent », selon Jozée Sarrazin. Se reproduiront-elles ? Ce serait bien sûr le clou du spectacle.
Montrer cette vie improbable, c'est aussi sensibiliser l'opinion à sa fragilité. Face à certaines pêches industrielles et aux projets d'exploitation minière. Les précieuses sources hydrothermales crachent aussi du fer, du cuivre, du zinc, de l'argent et excitent déjà les appétits.
L'aquarium AbysseBox sera présenté au public à partir du 7 avril.
James Cameron veut pêcher à 11,2 km de fond. Le réalisateur canadien de Titanic et Avatar va plonger dans la fosse des Mariannes, dans le Pacifique, à bord d'un sous-marin monoplace de 8 m de long. Le Deepsea Challenger doit filmer en 3D et tenter de capturer d'hypothétiques spécimens, dans ce site le plus profond au monde. Départ « dans les semaines à venir »
Source et photos : http://www.brest.maville.com/actu/actud ... 9_actu.Htm
Pêchés au large des Açores, des crabes et crevettes vivant à 1700 m de profondeur vont être présentés au public d'Océanopolis. Dans leur milieu naturel, ces animaux sont soumis à une pression inouïe. Les garder en vie est une prouesse dont rêvent tous les aquariums du Globe.

C'est un coffre-fort en inox. 600 kg d'acier et un hublot capable de résister au poids de trois Airbus A320 ! Dans 16 litres d'eau, trois petits crabes s'activent les pinces. Des Segonzacia mesatlantica, nouveau trésor d'Océanopolis. Les animaux, pâlichons, ne sont pas spectaculaires. Mais les présenter en vie aux visiteurs est une première mondiale. « Le rêve de tous les aquariums publics », s'enthousiasme Dominique Barthélémy, en charge du programme, au parc de découverte des océans de Brest.
Pour capturer ces spécimens, la logistique déployée a été colossale. Le Pourquoi pas ?, plus gros navire océanographique de la flotte de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), ses laboratoires flottants, son robot sous-marin Victor 6000 équipé d'un système d'aspirateur pour capturer les animaux, des caissons pressurisés, un convoi spécial jusqu'à Brest...
Ces crabes, ainsi qu'une poignée de crevettes Mirocaris fortunata, ont été pêchés sur un vaste champ de sources hydrothermales, baptisé Lucky Strike, par 1 700 mètres de fond, au sud des Açores, au beau milieu de l'Atlantique. Pourquoi Lucky Strike ? On appelle parfois les sources hydrothermales des « fumeurs »...

Lucky Strike ressemble à un enfer sous-marin. Dans ce champ hydrothermal, les sources crachent, comme de petits volcans, un jus à plus de 300 °C. Chargé de soufre, de métaux lourds (arsenic, plomb, cadmium...) et d'éléments radioactifs. Il y fait nuit noire et la pression est 170 fois supérieure à notre atmosphère.
C'est pourtant une oasis de vie dans ces abysses peu fréquentés. Une bizarrerie qu'étudient les scientifiques depuis la découverte des premières sources hydrothermales, en 1977. Les bactéries, à la base de la chaîne alimentaire, s'y développent par chimiosynthèse et non par photosynthèse. Leur source d'énergie n'est plus le soleil mais des éléments chimiques. Certains chercheurs pensent que la vie serait née là, au tréfonds des océans.
Les trois survivants sont chouchoutés
Jusqu'ici, observer ces animaux, « était le privilège de quelques centaines de scientifiques », explique Dominique Barthélémy. Pour les présenter au public d'Océanopolis, il a fallu concevoir des caissons spéciaux, dans des matériaux semblables à ceux des sous-marins scientifiques. Le hublot d'observation mesure 15 cm de diamètre... et 8 cm d'épaisseur ! La nourriture (à base de farine de poissons) est introduite par un sas, sans dépressurisation.
L'eau est gardée sous pression par une puissante pompe, utilisée dans l'industrie pour pousser des matériaux épais comme de la pâte à tartiner. Les responsables d'Océanopolis gardent l'espoir de les conserver longtemps en forme. Il subissent toutefois de brutales ruptures de pression, lors de la remontée à la surface ou des nettoyages d'aquarium.
Les poissons, qui vivent eux aussi dans ces grands fonds n'y résisteraient pas. Crevettes et crabes encaissent, tant bien que mal. « Ces animaux ont toutes sortes de mécanismes pour résister au stress », indique Jozée Sarrazin, chercheuse à Ifremer. Mais il ne reste que 45 crevettes sur les 600 pêchées en juillet dernier. Et trois crabes sur une vingtaine d'individus sortis de l'eau !
Après un « temps de tâtonnement », Dominique Barthélémy pense avoir trouvé une certaine stabilité. « Les crevettes sont plus colorées, elles grossissent », selon Jozée Sarrazin. Se reproduiront-elles ? Ce serait bien sûr le clou du spectacle.
Montrer cette vie improbable, c'est aussi sensibiliser l'opinion à sa fragilité. Face à certaines pêches industrielles et aux projets d'exploitation minière. Les précieuses sources hydrothermales crachent aussi du fer, du cuivre, du zinc, de l'argent et excitent déjà les appétits.
L'aquarium AbysseBox sera présenté au public à partir du 7 avril.
James Cameron veut pêcher à 11,2 km de fond. Le réalisateur canadien de Titanic et Avatar va plonger dans la fosse des Mariannes, dans le Pacifique, à bord d'un sous-marin monoplace de 8 m de long. Le Deepsea Challenger doit filmer en 3D et tenter de capturer d'hypothétiques spécimens, dans ce site le plus profond au monde. Départ « dans les semaines à venir »
Source et photos : http://www.brest.maville.com/actu/actud ... 9_actu.Htm