Les critères européens de conservation sont rarement respectés, selon Born free.
Présentés mercredi au Parlement européen, les premiers résultats d’une étude entreprise par l’ONG britannique Born free dresse un sombre tableau de la manière dont les zoos sont gérés dans l’Union européenne.
Deux cents des quelque 3 500 zoos que compte l’Union (en ce compris les parcs animaliers, les delphinariums, les fauconneries, les fermes de papillons, ) ont été passés à la loupe pendant dix-huit mois dans vingt Etats membres, dont la Belgique (1). L’ONG a visité incognito les zoos sélectionnés puis leur a soumis un questionnaire relatif à leur mode de fonctionnement, ainsi qu’un autre aux autorités nationales, afin de voir comment elles avaient traduit dans leur législation la directive européenne de 2005.
Les résultats préliminaires de l’enquête et les six premiers rapports nationaux pointent de criantes lacunes en matière de conservation de la biodiversité, de bien-être animal ou de sécurité.
"Des millions d’animaux sont conservés dans de très mauvaises, et parfois d’épouvantables conditions", alarme Daniel Turner, enquêteur en chef de Born free. La situation est particulièrement préoccupante dans les plus récents Etats membres de l’Union, et au premier chef en Bulgarie et en Roumanie, qui doivent rattraper l’acquis communautaire en la matière. Mais les plus anciens ne sont pas exempts de tous reproches.
"Le champ de notre étude porte sur cinq points", explique Daniel Turner.
1) Les informations générales : le zoo est-il agréé dans l’Etat membre, fait-il l’objet d’inspections, etc. ?
2) Les conditions de conservation. "Il ne s’agit pas uniquement d’élever des animaux, mais de contribuer à la préservation de la biodiversité et à la recherche", souligne M. Turner.
3) Le caractère éducatif : trop de zoos fournissent au public des informations incomplètes ou erronées sur les animaux qu’ils conservent.
4) La qualité des enclos. Sont-ils adaptés aux caractéristiques biologiques et comportementales des animaux ?
5) La santé et le bien-être animal. "Ça ne suffit pas de satisfaire les besoins biologiques de l’animal et de le soigner quand il est malade", dit encore Daniel Turner. "Il faut le stimuler, parce que l’ennui est source de mortalité précoce. Il ne faut pas non plus mettre les animaux en situation de stress, lorsqu’on les utilise comme attraction (les dauphins, par exemple) ou qu’on établit des contacts trop rapprochés entre eux et le public des zoos".
Si les zoos ne remplissent pas leur mission, "c’est en raison du manque d’expertise des responsables et même des vétérinaires, qui n’ont que des notions assez vagues du bien-être animal", avance Born Free. Mais aussi parce que la directive qui tient sur deux pages, est sujette à interprétation par les Etats membres, épingle l’ONG, qui constate que trop de zoos ne rencontrent pas les standards fixés par l’Union.
Tout n’est pas noir pour autant, Daniel Turner insistant sur le fait que tant les Etats membres que les zoos sont disposés à prendre des mesures pour améliorer la situation. Saluant le travail accompli par Born free, la Commission européenne précise qu’elle "évaluera les différentes enquêtes menées dans les Etats membres avant de réagir". Le cas échéant, l’exécutif européen demandera des compléments d’informations aux Etats concernés et entamera une procédure d’infraction à leur encontre s’il n’est pas satisfait des réponses apportées.
Pas un mot, en revanche, sur une révision de la directive, à court terme.
Source : http://www.lalibre.be/societe/planete/a ... radis.html