Ouah ! La question est très complexe et vaste, il est difficile d'y répondre en quelques mots.
En priorité les zoos devraient se consacrer à l'élevage d'espèces menacées, quitte à le faire dans des espaces inaccessibles au public et à présenter d'autres espèces plus fréquentes voire carrément communes (lion d'Afrique, otarie de Californie...) pour attirer le public et donc se financer.
Bien entendu, il y a des espèces, menacées ou pas, qui n'ont pas du tout leur place dans certains zoos (la panthère des neiges d'Ozoir, l'éléphant de la Teste par exemple). Et un zoo qui se bornerait présenter des espèces communes mais appréciées du public n'a plus aucun intérêt.
A mon avis, peu d'espèces ne méritent pas d'être élevées en zoo, quelle que soit leur taille, leur degré de rareté et leur climat d'origine : j'ai quand même des réticences pour les dauphins et orques qui sont présentés dans des piscines de béton (pour moi, il faudrait au moins une baie naturelle, comme ça s'est fait aux Pays-Bas, mais je sais que c'est quasiment irréalisable), ainsi que pour les ours polaires qui n'ont peut-être pas leur place en France (mais peut-être connaît-on trop mal leur biologie ; les zoos finlandais, russes ou canadiens sont peut-être plus aptes à élever cette espèce).
Contrairement à ce qui est souvent exprimé sur ce forum, les animaux communs dans leur milieu naturel (et donc non-menacés) ont pour moi un intérêt : ils contribuent souvent davantage à l'écosystème que des espèces plus rares (les Tamarins-lions ou les Loutres géantes c'est bien, mais la forêt amazonienne, c'est aussi de nombreux agoutis, coendous, tatous, ouistitis plus communs et à ce titre souvent méprisés par certains amateurs de raretés). Il y a aussi les zoos de faune européenne qui sont tout à fait respectables en présentant des Blaireaux, des Chevreuils ou des Chouettes effraies, que le public ne voit jamais même en se promenant à la campagne ou dans les bois.
De même les animaux domestiques font désormais partie intégrante du patrimoine zoologique mondial : dans une plaine africaine idéale, je verrais bien des races locales de moutons ou bovins (qui ne se limitent pas aux boeufs Watussi !) aux côtés des Zèbres de Grévy ou des Oryx algazelles (ne serait-ce que pour faire connaître au public européen les enjeux de la cohabitation entre la faune sauvage, l'Homme et son bétail) !
Et puis il existe une faune domestique menacée, notamment en France (races rustiques de moutons, boeufs, porcs, chevaux...).
Je crois fortement à l'aspect "ambassade" des zoos (qui permettent de faire connaître des écosystèmes fragiles comme le Sahel, la forêt atlantique brésilienne, Madagascar), à condition que ceux-ci présentent une faune suffisamment diversifiée, invertébrés compris. Faire une pseudo-savane avec trois lions, un éléphant d'Afrique et deux girafes n'a aucun intérêt (ce qui n'est pas le cas de la "savane" du zoo de Bâle par exemple).
La réintroduction est aussi un objectif à garder et elle est plus réaliste que ce que certaines personnes ont dit dans ce forum : le Bison d'Europe, le Cheval de Przewalski, les Tamarins-lions, le Vautour fauve, le Gypaète barbu, la Loutre d'Europe, le Lynx d'Europe ont tous été réintroduits avec succès, à condition qu'il reste suffisamment d'habitat préservé (ce qui reste le cas dans de nombreux pays) et que la situation sociale voire politique des pays concernés soit suffisamment bonne.
Pourquoi les gazelles du Sahara ne pourraient-elles pas être réintroduites dans leur habitat en Algérie, au Niger, au Tchad le jour où la situation politique de ces pays sera meilleure ? Des expériences de réimplantation d'animaux dans des régions o ils avaient été éliminés ont bien réussi au siècle dernier en Europe (Bouquetin des Alpes, Bison d'Europe), puis en Afrique australe (nombreuses espèces d'antilopes, Rhino blanc du Sud, Eléphant d'Afrique...).
Et elles sont en cours au Maroc, en Tunisie et au Sénégal pour l'Oryx algazelle et l'Addax.
La réintroduction peut aussi concerner de petites espèces : aux Etats-Unis, plusieurs zoos ont pu sauvegarder des milliers de grenouilles d'Amérique centrale (bien que leur habitat soit protégé, une maladie les a éradiquées), peut-être pourront-elles être réintroduites si on arrive à les immuniser contre cette maladie ; en Angleterre, le zoo de Londres a organisé la réintroduction de plusieurs espèces devenues rares dans les campagnes britanniques comme le Muscardin ou le Grillon des champs !
Avec tous ces arguments, oui, je pense que les zoos se justifient au 21ème siècle, et qu'ils méritent même d'élever des espèces "communes", à condition d'en élever d'autres qui ont plus d'intérêt en matière de conservation.
Alexis
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quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
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Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
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- Alexis
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Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
Alexis a écrit:
Et puis il existe une faune domestique menacée, notamment en France (races rustiques de moutons, boeufs, porcs, chevaux...).
La réintroduction est aussi un objectif à garder et elle est plus réaliste que ce que certaines personnes ont dit dans ce forum : le Bison d'Europe, le Cheval de Przewalski, les Tamarins-lions, le Vautour fauve, le Gypaète barbu, la Loutre d'Europe, le Lynx d'Europe ont tous été réintroduits avec succès, à condition qu'il reste suffisamment d'habitat préservé (ce qui reste le cas dans de nombreux pays) et que la situation sociale voire politique des pays concernés soit suffisamment bonne.
Pourquoi les gazelles du Sahara ne pourraient-elles pas être réintroduites dans leur habitat en Algérie, au Niger, au Tchad le jour où la situation politique de ces pays sera meilleure ? Des expériences de réimplantation d'animaux dans des régions o ils avaient été éliminés ont bien réussi au siècle dernier en Europe (Bouquetin des Alpes, Bison d'Europe), puis en Afrique australe (nombreuses espèces d'antilopes, Rhino blanc du Sud, Eléphant d'Afrique...).
Et elles sont en cours au Maroc, en Tunisie et au Sénégal pour l'Oryx algazelle et l'Addax.
La réintroduction peut aussi concerner de petites espèces : aux Etats-Unis, plusieurs zoos ont pu sauvegarder des milliers de grenouilles d'Amérique centrale (bien que leur habitat soit protégé, une maladie les a éradiquées), peut-être pourront-elles être réintroduites si on arrive à les immuniser contre cette maladie ; en Angleterre, le zoo de Londres a organisé la réintroduction de plusieurs espèces devenues rares dans les campagnes britanniques comme le Muscardin ou le Grillon des champs !
Concernant les animaux domestiques dans les zoos, j'ai toujours précisé que je parlais des animaux domestiques exotiques en effet moins menacés que ceux occidentaux !
Petite parenthèse : Tu as raison de faire un petit hommage aux parcs de faune européenne, je ne l'ai pas précisé dans mon premier post : je les ai "exclus" du débat car pour moi la question de leur légitimité ne se pose pas. Par le patrimoine (la faune) et le climat forcément adapté aux animaux européens, ils sont je pense tout à fait qualifiés pour mener à bien des projets de conservation. De plus nous n'avons pas avec la faune européenne le problème des éléphants, lions, ours polaires et cétacés... Voilà je ferme la parenthèse !
Le SEL : échanges de services (jardinage, cuisine, bricolage, cours...) entre personnes de bonne volonté... Ca change la vie !
- tiao
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Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
Sixaille, je parlais d'optimisme dans la vie quotidienne. Pour ce qui concerne, la faune et la planète, je suis bien au-delà du pessimisme. Je ne vois pas comment les états pourront parvenir à s'entendre pour réguler leurs dérives. L'Afrique va bientôt être éviscérée par la Chine. Le Brésil aura eu raison de la forêt Amazonienne avant longtemps. Madagascar n'aura un jour plus de terre. Le Japon s'enfonce dans la mer. Et des millions d'abeilles s'éteignent jour après jour. Des milliards d'humains envahissent toujours davantage des zones autrefois sanctuarisées. Mon optimisme, il est dans la constatation que le jour s'est tout de même levé. Que le soleil brille, parfois. Mais je crains le pire pour la maîtrise de l'eau. Alors, en fait, je ne suis plus très sûr de mon optimisme.
- okapi
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Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
Excuse moi okapi mais si pour toi tout est déjà perdu d'avance, pourquoi essaye t-on encore de sauver les populations animales,
a quoi servent les zoos et les réserves naturelles ? A exposer des espèces qui on un jour exister ?
Si tout est déja tracé, et bien autant tout laisser tomber maintenant au lieu de gaspiller de l'argent, du temps et de l'énergie...
Personnellement je pense que rien n'est perdu, Même si un jour tout est reconstruire, à replanter, ou à réintroduire !!!
Même si la chance est minime, il y à encore une chance de tout changer dans ce monde alors saisissont là !!!
a quoi servent les zoos et les réserves naturelles ? A exposer des espèces qui on un jour exister ?

Si tout est déja tracé, et bien autant tout laisser tomber maintenant au lieu de gaspiller de l'argent, du temps et de l'énergie...
Personnellement je pense que rien n'est perdu, Même si un jour tout est reconstruire, à replanter, ou à réintroduire !!!
Même si la chance est minime, il y à encore une chance de tout changer dans ce monde alors saisissont là !!!
- julokapi
Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
Peut-être parce que la machine est lancée... Et puis le monde a besoin d'utopies pour y croire et avancer. Et je crois que tu as mis le doigt là où ça fait mal: les zoos vont peut-être devenir les ultimes espaces de vie sauvage. Les réserves naturelles au-delà de nos frontières (en Europe et encore...), elles se réduisent lentement mais sûrement. Le terme de réserve est d'ailleurs très explicite: on y tient à l'écart des animaux pour libérer l'espace en dehors du territoire délimité. La plupart des pays africains ou asiatiques restreignent leurs ambitions: moins de 10% de leur territoire pourrait être consacré à des "réserves". Mais on en est loin. A moins de 700 individus, une espèce est considérée comme en voie d'extinction. C'est inexorable. Pour certaines, on parle de quelques dizaines d'individus qui subsistent. Pour d'autres, la pureté de lignage est définitivement perdue. Alors, je veux bien croire à la chance, mais je pense que c'est plus de raison que nous avons besoin. On va perdre les ours blancs, les rhinocéros indiens, les gorilles de montagne, les koupreys. Et beaucoup d'autres. La biodiversité se rééquilibrera peut-être après leur effacement, peut-être pas. Le thylacine a disparu et l'écosystème de Tasmanie ne s'est pas effondré. Le moa nous a quitté au 17ème siècle, avec le dodo, et leurs territoires ne se sont pas altérés plus que de raison. Nous n'avons aucune maîtrise des effets et des conséquences, mais je crois qu'il ne faut plus trop rêver. Les zoos sont de belles utopies, mais à moins d'une pandémie planétaire qui réduirait l'humanité de moitié, je ne crois pas que nous ayons à replanter ou à réintroduire avant très, très longtemps. L'homme va s'accommoder, comme toujours, de ce qu'il détruit. Les régions du monde où certaines espèces ont déjà disparu sont toujours là et l'illusion que rien n'a changé est parfaite. Les plaines américaines n'hébergent plus que quelques milliers de bisons. L'homme régule les troupeaux. Tout va bien. Les orangs outangs vont disparaître de Bornéo. L'île y survivra sans doute. C'est malheureux, mais la faculté de régénération est parfois stupéfiante. Parfois pas. Est-ce que la disparition des pandas va provoquer l'écroulement de la Chine? Je ne crois pas. Si il doit y avoir optimisme, c'est dans la créativité des hommes à inventer une pollinisation artificielle, à trouver des moyens pour réhausser les bordures côtières, à faire pousser des arbres sans terre ni racines...
- okapi
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Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
Meme si je suis optimiste je ne suis pas aveugle certaines especes disparaitront forcement (Rhino de java avec 60 individu...
)
Mais essayons tout de meme de sauver ce qui peut etre sauver !

Mais essayons tout de meme de sauver ce qui peut etre sauver !

- julokapi
Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
Là, je crois que le débat (même s'il est très intéressant) dérive bien au-delà de l'utilité des zoos, et que s'il faut continuer la discussion, il vaudrait mieux ouvrir un autre sujet (par exemple dans les rubriques "conservation" ou "la faune dans le milieu naturel")
Alexis

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- Alexis
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Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
Je suis 100% d’accord avec ce que dis Alexis. J’aurais pu l’écrire moi-même ...
Je rajouterais simplement l’exemple édifiant du Condor de Californie. En 1985, tous les individus vivant dans la nature furent capturés (9) pour participer à un programme d’élevage au Wild Animal Park de San Diego. Depuis 1992, des réintroductions ont été effectuées. Même si ils restent des problèmes, les effectifs en liberté sont quand même remontés à un niveau moins désespérant.
Okapi a donné des exemples de centre de reproduction qui ne se visitent pas. Mais ceux-ci sont situés dans des zoos. A ce titre, ils bénéficient des moyens, des infrastructures, du personnel, des connaissances réunis dans un même lieu.
Dans son CR sur le zoo de San Diego, Will a cité l’exemple des Doucs, qui ne sont plus présentés au public. C’est une bonne chose si cela suffit à leur bien-être et à les reproduire. Je suis certain que 99,99 % des visiteurs ne savent pas ce que c’est.
Le public préfère du spectaculaire, et à ce titre, il est gâté par ailleurs. Les espèces courantes, nées en captivité, bien mises en scène, attirent les visiteurs et participent ainsi à la sauvegarde des espèces plus délicates, j’en suis convaincu.
Thérabu, le fait que des fermes d’élevage ait sauvé telle ou telle espèce, j’y vois plutôt un point positif. Pour moi, ce n’est rien d’autre que des zoos avec de grands espaces en rapport avec la taille de l’animal. On pourrait cité plein d’autres cas comme le rhino blanc, par exemple les bonteboks (il en restait 17 à l’état sauvage), ou les blesboks (disparu à l’état sauvage).
Tiao, tu te posais la question sur les zoos en tant qu’assurance-prévoyance. Je n’avais pas pensé à ce terme, mais oui, il me semble totalement approprié.
Il y a au moins 3 raisons imprévisibles et soudaines qui peuvent provoquer une disparition d’espèce dans un laps de temps restreint.
Quand je vais dans un parc zoologique, je regarde toujours l’aire de répartition de l’espèce présentée. Si celle-ci est confiné à un espace restreint sur un même endroit d’un continent, je considère qu’elle peut-être concernée par l’un des 3 événements ci-dessus. Peu importe que l’animal soit en Annexe 1, 2 ou 3 de la CITES.
L’épidémie :
- la maladie de Carré a été à deux doigts de provoquer la disparition totale des Lycaons au Serengeti (idem pour les Otocyons et Chacals).
- En 1995 et 1997, 80% de la population totale des buffles Kenyans sont décédés des conséquences de la peste bovine. Idem pour les élands et petits koudous. A titre indicatif, çà fait environ 10.000 buffles rien que dans le parc de Tsavo. Vous me direz, on s’en tape, ce ne sont que des buffles et ils ne sont pas en voie de disparition. Mais ces mêmes espaces sont partagés par le Damalisque de Hunter (15 000 en 1970, 400 aujourd’hui, dont aucun en zoo … enfin, je crois). Enorme coup de bol, il semble insensible à cette maladie (comme les gnous), et les causes de la réduction de leurs effectifs sont autres. En imaginant le contraire, c’était l’extinction pur et simple en 2 temps 3 mouvements.
- L’apparition, en 1996, de la tumeur de la face, évoluant en cancer, chez le Diable de Tasmanie, et transmissible apparemment par morsure. C’est depuis peu que des programmes d’exportation de souche saine vers d’autres pays ont été envisagées.
La catastrophe naturelle :
- julokapi évoquait les rhinoceros de Java. Ceux-ci ne vivent plus que dans une poche de nature, le parc national de Ujung Kulon, au Nord-Ouest de Java. Ils sont évidemment concernés par les risques d’épidémie évoqués plus haut. Mais il faut aussi savoir qu’à proximité se trouve le volcan Krakatoa. L’explosion de celui-ci en 1883 a provoqué un tsnunami géant qui, aujourd’hui, provoquerait la disparition pur et simple de la réserve.
- Entre 1971 et 1974, plus de 10.000 éléphants sont morts d’inanition dans et autour du parc de Tsavo suite à une terrible sécheresse. C’est un exemple parmi beaucoup d’autres.
La guerre et ses conséquences :
- A partir de 1975, la zone du Nord Kenya a été plongée dans une véritable guerre civile. Les parcs et réserves sont devenus des zones de non-droit. Les braconniers agissaient librement, les forces armées se servaient des animaux présents comme cibles vivantes pour l’entraînement. 90% des éléphants du Parc de Meru ont été tués, les autres se sont sauvés. Tous les rhinos noirs ont été massacrés. Du point de vue des mammifères, c’est devenu pendant 30 ans un no-animal’s land. Même les irréductibles protecteurs de la nature y ont laissé leur peau (Joy Adamson en 1980 à Shaba, et son mari Georges en 1989).
A l’attention des pessimistes irréductibles, un gigantesque effort de réintroduction a eu lieu depuis quelques années à Meru, financé notamment par l’Agence Française de Développement. J’y ai personnellement vu près d’une trentaine d’espèces de mammifères différents en 3 jours, il y a 2 ans. Un record pour moi dans une réserve.
- L’Ouganda, réputés être l’un des plus beaux pays d’Afrique Orientale, à vu la quasi-totalité de sa faune disparaître suite aux conséquences de 20 ans de guerre civile.
Cette litanie d’exemples montre, à mes yeux, qu’attendre qu’une espèce soit en danger critique d’extinction pour l’étudier en parc zoologique, puis la répartir dans les différents parcs susceptibles de l'accueillir à des fins de reproduction, est une grosse erreur.

Je rajouterais simplement l’exemple édifiant du Condor de Californie. En 1985, tous les individus vivant dans la nature furent capturés (9) pour participer à un programme d’élevage au Wild Animal Park de San Diego. Depuis 1992, des réintroductions ont été effectuées. Même si ils restent des problèmes, les effectifs en liberté sont quand même remontés à un niveau moins désespérant.
Okapi a donné des exemples de centre de reproduction qui ne se visitent pas. Mais ceux-ci sont situés dans des zoos. A ce titre, ils bénéficient des moyens, des infrastructures, du personnel, des connaissances réunis dans un même lieu.
Dans son CR sur le zoo de San Diego, Will a cité l’exemple des Doucs, qui ne sont plus présentés au public. C’est une bonne chose si cela suffit à leur bien-être et à les reproduire. Je suis certain que 99,99 % des visiteurs ne savent pas ce que c’est.
Le public préfère du spectaculaire, et à ce titre, il est gâté par ailleurs. Les espèces courantes, nées en captivité, bien mises en scène, attirent les visiteurs et participent ainsi à la sauvegarde des espèces plus délicates, j’en suis convaincu.
Thérabu, le fait que des fermes d’élevage ait sauvé telle ou telle espèce, j’y vois plutôt un point positif. Pour moi, ce n’est rien d’autre que des zoos avec de grands espaces en rapport avec la taille de l’animal. On pourrait cité plein d’autres cas comme le rhino blanc, par exemple les bonteboks (il en restait 17 à l’état sauvage), ou les blesboks (disparu à l’état sauvage).
Tiao, tu te posais la question sur les zoos en tant qu’assurance-prévoyance. Je n’avais pas pensé à ce terme, mais oui, il me semble totalement approprié.
Il y a au moins 3 raisons imprévisibles et soudaines qui peuvent provoquer une disparition d’espèce dans un laps de temps restreint.
- l’épidémie
- la catastrophe naturelle
- la guerre
Quand je vais dans un parc zoologique, je regarde toujours l’aire de répartition de l’espèce présentée. Si celle-ci est confiné à un espace restreint sur un même endroit d’un continent, je considère qu’elle peut-être concernée par l’un des 3 événements ci-dessus. Peu importe que l’animal soit en Annexe 1, 2 ou 3 de la CITES.
L’épidémie :
- la maladie de Carré a été à deux doigts de provoquer la disparition totale des Lycaons au Serengeti (idem pour les Otocyons et Chacals).
- En 1995 et 1997, 80% de la population totale des buffles Kenyans sont décédés des conséquences de la peste bovine. Idem pour les élands et petits koudous. A titre indicatif, çà fait environ 10.000 buffles rien que dans le parc de Tsavo. Vous me direz, on s’en tape, ce ne sont que des buffles et ils ne sont pas en voie de disparition. Mais ces mêmes espaces sont partagés par le Damalisque de Hunter (15 000 en 1970, 400 aujourd’hui, dont aucun en zoo … enfin, je crois). Enorme coup de bol, il semble insensible à cette maladie (comme les gnous), et les causes de la réduction de leurs effectifs sont autres. En imaginant le contraire, c’était l’extinction pur et simple en 2 temps 3 mouvements.
- L’apparition, en 1996, de la tumeur de la face, évoluant en cancer, chez le Diable de Tasmanie, et transmissible apparemment par morsure. C’est depuis peu que des programmes d’exportation de souche saine vers d’autres pays ont été envisagées.
La catastrophe naturelle :
- julokapi évoquait les rhinoceros de Java. Ceux-ci ne vivent plus que dans une poche de nature, le parc national de Ujung Kulon, au Nord-Ouest de Java. Ils sont évidemment concernés par les risques d’épidémie évoqués plus haut. Mais il faut aussi savoir qu’à proximité se trouve le volcan Krakatoa. L’explosion de celui-ci en 1883 a provoqué un tsnunami géant qui, aujourd’hui, provoquerait la disparition pur et simple de la réserve.
- Entre 1971 et 1974, plus de 10.000 éléphants sont morts d’inanition dans et autour du parc de Tsavo suite à une terrible sécheresse. C’est un exemple parmi beaucoup d’autres.
La guerre et ses conséquences :
- A partir de 1975, la zone du Nord Kenya a été plongée dans une véritable guerre civile. Les parcs et réserves sont devenus des zones de non-droit. Les braconniers agissaient librement, les forces armées se servaient des animaux présents comme cibles vivantes pour l’entraînement. 90% des éléphants du Parc de Meru ont été tués, les autres se sont sauvés. Tous les rhinos noirs ont été massacrés. Du point de vue des mammifères, c’est devenu pendant 30 ans un no-animal’s land. Même les irréductibles protecteurs de la nature y ont laissé leur peau (Joy Adamson en 1980 à Shaba, et son mari Georges en 1989).
A l’attention des pessimistes irréductibles, un gigantesque effort de réintroduction a eu lieu depuis quelques années à Meru, financé notamment par l’Agence Française de Développement. J’y ai personnellement vu près d’une trentaine d’espèces de mammifères différents en 3 jours, il y a 2 ans. Un record pour moi dans une réserve.
- L’Ouganda, réputés être l’un des plus beaux pays d’Afrique Orientale, à vu la quasi-totalité de sa faune disparaître suite aux conséquences de 20 ans de guerre civile.
Cette litanie d’exemples montre, à mes yeux, qu’attendre qu’une espèce soit en danger critique d’extinction pour l’étudier en parc zoologique, puis la répartir dans les différents parcs susceptibles de l'accueillir à des fins de reproduction, est une grosse erreur.
- Frederic
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Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
J'applaudis à 100% ce que dit Therabu, un peu de bon sens dans un monde de brutes.
Je rajouterais pour ma part d'autres exemples mais je pense que ce n'est pas la peine
Alexis
PS. Par ailleurs je m'essaie à faire un blog sur le thème de l'environnement (et notamment de la biodiversité), il est encore à l'état d'embryon aussi je n'ai pas encore diffusé l'adresse ; contactez-moi en mp si ça vous intéresse.
Je rajouterais pour ma part d'autres exemples mais je pense que ce n'est pas la peine

Alexis
PS. Par ailleurs je m'essaie à faire un blog sur le thème de l'environnement (et notamment de la biodiversité), il est encore à l'état d'embryon aussi je n'ai pas encore diffusé l'adresse ; contactez-moi en mp si ça vous intéresse.
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- Alexis
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Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
Je suis contente de voir le débat évoluer.
Certes il y a des raisons d'être pessimistes. Mais je crois fort en une nouvelle voie pour sauver des espèces : la génétique. Certes elle ne viendra pas au secours des rhinocéros de Java, nos moyens dans ce domaine sont encore trop limités.
En fait le problème de cosanguinité est fondamental. Mais je pense que nous pourrons lutter contre celui-ci dans quelques dizaines d'années.
D'une part en clônant (même si je suis partagée su cette pratique elle est inéluctable !) les espèces rares pour les maintenir en vie en attendant les progrès de la génétique.
Ensuite, quand nous aurons des ordinateurs nous permettant de séquencer chaque code génétique précis de n'importe quel individu, et surtout d'influencer sur le génôme, nous pourrons "diagnostiquer" les milliers d'allèles anormaux, les remplacer par des normaux, et ainsi éviter les maladie génétiques (conséquence d la cosanguinité). A ce stade là j'espère qu'il n'y aura pas eu trop d'espèces disparues... Ca peut vous sembler un jeu d'apprenti sorcier, malsain et compagnie, mais je pense que c'est le futur... (si une guerre nucléaire ne nous aura pas exterminés avant !)
En fait ce sujet est un peu déprimant...
Certes il y a des raisons d'être pessimistes. Mais je crois fort en une nouvelle voie pour sauver des espèces : la génétique. Certes elle ne viendra pas au secours des rhinocéros de Java, nos moyens dans ce domaine sont encore trop limités.
En fait le problème de cosanguinité est fondamental. Mais je pense que nous pourrons lutter contre celui-ci dans quelques dizaines d'années.
D'une part en clônant (même si je suis partagée su cette pratique elle est inéluctable !) les espèces rares pour les maintenir en vie en attendant les progrès de la génétique.
Ensuite, quand nous aurons des ordinateurs nous permettant de séquencer chaque code génétique précis de n'importe quel individu, et surtout d'influencer sur le génôme, nous pourrons "diagnostiquer" les milliers d'allèles anormaux, les remplacer par des normaux, et ainsi éviter les maladie génétiques (conséquence d la cosanguinité). A ce stade là j'espère qu'il n'y aura pas eu trop d'espèces disparues... Ca peut vous sembler un jeu d'apprenti sorcier, malsain et compagnie, mais je pense que c'est le futur... (si une guerre nucléaire ne nous aura pas exterminés avant !)
En fait ce sujet est un peu déprimant...
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- tiao
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Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
tiao a écrit:(si une guerre nucléaire ne nous aura pas exterminés avant !)
Vision très optimiste de notre futur !

- Magnardf
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Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
J'aime bien la notion d'assurance prévoyance, mais je crois aussi que la constitution de banques génétiques n'est pas forcément liée au zoo tel que nous le connaissons. Un ensemble de cages et d'enclos plus ou moins adaptés entre lesquels déambulent des milliers de visiteurs peut avoir du sens pour développer la sensibilisation, mais je pense que des zones protégées et très spécialisées où sont gérés des groupes d'espèces spécifiques et installées en fonction de leurs besoins (troupeaux lorsqu'il s'agit d'animaux grégaires) seraient plus à même de structurer l'avenir... Pour le séisme nucléaire, magnardf, ce n'est ni de l'optimisme, ni du pessimisme, mais il suffit de contempler la réalité géopolitique de la planète pour l'intégrer comme une éventuelle composante de notre destin à tous.
- okapi
- Messages: 12061
- Enregistré le: Lundi 02 Juin 2008 19:02
Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
tiao a écrit:Je suis contente de voir le débat évoluer.
Certes il y a des raisons d'être pessimistes. Mais je crois fort en une nouvelle voie pour sauver des espèces : la génétique. Certes elle ne viendra pas au secours des rhinocéros de Java, nos moyens dans ce domaine sont encore trop limités.
En fait le problème de cosanguinité est fondamental. Mais je pense que nous pourrons lutter contre celui-ci dans quelques dizaines d'années.
D'une part en clônant (même si je suis partagée su cette pratique elle est inéluctable !) les espèces rares pour les maintenir en vie en attendant les progrès de la génétique.
Ensuite, quand nous aurons des ordinateurs nous permettant de séquencer chaque code génétique précis de n'importe quel individu, et surtout d'influencer sur le génôme, nous pourrons "diagnostiquer" les milliers d'allèles anormaux, les remplacer par des normaux, et ainsi éviter les maladie génétiques (conséquence d la cosanguinité). A ce stade là j'espère qu'il n'y aura pas eu trop d'espèces disparues... Ca peut vous sembler un jeu d'apprenti sorcier, malsain et compagnie, mais je pense que c'est le futur... (si une guerre nucléaire ne nous aura pas exterminés avant !)
En fait ce sujet est un peu déprimant...
Je pense personnellement que la génétique sera utiliser avant tout pour les humains...qui voudra investir des millions pour un animal perdu d'avance...et puis, il suffit d'ouvrir les yeux, je trouve que vous etes un peu trop dans votre monde, les humains s'en contre fichent, ils prefereront cloner leurs organes en cas de cancer, pour en avoir de rechange mais surement pas cloner des animaux sauvages dont l'habitat a disparu de toute façon...
julokapi a écrit:"Personnellement je pense que rien n'est perdu, Même si un jour tout est reconstruire, à replanter, ou à réintroduire !!!
Même si la chance est minime, il y à encore une chance de tout changer dans ce monde alors saisissont là !!!
et qui va reconstruire, replanter, réintroduire ? où tu vas réintroduire ? qui va payer ?

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sixaille - Messages: 2017
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Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
Et bien toi, moi et tout ceux qui le veulent bien !
L'argent viendrait des état, des parc zoologiques et du tourisme !

- julokapi
Re: quelles espèces "légitimes" en espace zoologique ?
Bien sûr le clonage et la génétique comme je la prévois seront utilisés d'abord en médecine. Mais testés en 1 sur les animaux, puis utilisés sur les humains, et en 3 utilisés sur les animaux.
Illustration : tentative de clonage de l'auroch, ambition de clonage d'un mammouth... (même que maintenant ils cassent les prix !
ok je sors)
Illustration : tentative de clonage de l'auroch, ambition de clonage d'un mammouth... (même que maintenant ils cassent les prix !

Le SEL : échanges de services (jardinage, cuisine, bricolage, cours...) entre personnes de bonne volonté... Ca change la vie !
- tiao
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