par didier » Jeudi 11 Septembre 2008 20:26
Le zoo de Saint-Jean-Cap-Ferrat menacé par une OPA immobilière
mercredi 10 septembre 2008
C'est le dernier terrain constructible du cap Ferrat. Un site d'exception fatalement convoité, mais qui n'était pas à vendre... Depuis toujours, du moins depuis l'automne 1950, il héberge le seul parc zoologique des Alpes-Maritimes. Mais voilà, cette véritable institution pourrait être menacée. Veolia, la nouvelle compagnie des eaux, propriétaire de ces 16 000 m2 de verdure où coule un lac souterrain, a reçu en effet une offre d'achat d'un investisseur étranger pour un montant de 11,5 millions d'euros.
La rumeur courait la presqu'île depuis le début de l'été. Pour cause de jurisprudence villa Léopolda, tout le monde voyait un oligarque russe derrière cette opération immobilière.
L'offre d'achat qui s'est soldée par la signature d'un compromis de vente devant un notaire parisien émanerait en fait d'un ressortissant britannique. Champion de l'immobilier de luxe dans la City, ce dernier serait également propriétaire de plusieurs théâtres et autres salles de concert à Londres. Son nom ? Il demeure pour le moment secret.
Trois jours de suspense
L'affaire il est vrai n'a pas été définitivement conclue. Veolia ne fait aucun commentaire sur ce dossier. Motif : la vente ne peut être définitivement réalisée qu'au terme d'un délai de « droit de préférence » qui bénéficie au locataire des lieux. En clair, à Gérard Caucheteux, 59 ans, patron depuis 1983 de la SA qui gère le parc zoologique de Saint-Jean-Cap-Ferrat.
« J'ai effectivement été informé par Veolia de cette offre d'achat. Ce fut un choc. Cet endroit est toute ma vie. C'est mon bébé. Mais qu'y faire ? Il me reste aujourd'hui trois jours pour faire valoir mon droit de préférence : en clair pour m'aligner sur cette offre. Dès lors, Veolia serait contraint de me vendre la parcelle. A moi et à moi seul. »
Mais voilà, si le deal est simple, la réalité est toute différente. S'il fait durer le suspense, Gérard Caucheteux ne semble pas en mesure de « s'aligner » sur ce prix-là. Titulaire d'un bail commercial de neuf ans, il paye un loyer d'environ 60 000 euros par an, et si son parc fonctionne bien, s'il caresse des rêves d'extension, la barre financière est sans doute un peu haute. « Il me reste une solution : trouver avant la fin de la semaine, un acheteur susceptible d'investir ces 11,5 Me tout en s'engageant à sauver ce parc qui fait partie intégrante du patrimoine départemental. Cela risque d'être compliqué. Mais ce n'est pas perdu, tant depuis des mois, j'ai reçu des offres de ce type. »
Passion animalière contre raison immobilière
Baroud d'honneur ou volonté réelle de lutter ? La réponse ne saurait tarder : « On ne m'a laissé au total que 12 jours pour me retourner », déplore Gérard Caucheteux qui s'étonne, regrette et s'inquiète de n'avoir eu aucun contact avec le candidat à l'achat du terrain : « Cela n'augure pas a priori d'une volonté de sa part de pérenniser l'activité du zoo. Le problème qu'il risque de rencontrer cependant, c'est que, vente ou pas, je reste titulaire du bail commercial pendant neuf ans et que, si nous devions aller au contentieux, il ne serait pas soldé avant dix ou quinze ans ».
Alors, question : Gérard Caucheteux et ses 500 animaux peuvent-ils faire de la résistance ? La passion animalière peut-elle vaincre la raison immobilière ?
En tout cas Stéphane Cherki, le nouveau maire d'Eze, a choisi son camp et le fait savoir : « Il faut mettre un terme à l'extravagante spéculation dont nos plus beaux sites sont la cible, s'emporte-t-il. La surenchère à 11,5 millions d'euros est extravagante pour ce terrain qui en vaut 2,5. Personne ne peut s'aligner. Mais si Veolia décidait de renoncer et restait propriétaire des lieux, je m'engage avec d'autres investisseurs à sauver ce parc sur lequel on ne doit pas bâtir comme si de rien n'était deux, trois ou quatre villas de luxe. »
En France , la liberté d'expression est un principe intangible, c'est sur cette base que toute personne peut librement émettre une opinion, positive ou négative, sur un sujet mais aussi sur une personne physique ou morale, une institution .