Un article de Nicolas Maillard publié le 16/08/2006
M. Hubert Masquefa, directeur du parc Zoologique du Bois d'Attilly répond aux questions d'Atome77 au sujet de sa passion des animaux et de la gestion de son zoo.
Atome 77 :
D'ou vous vient cette passion pour les animaux et quelle est l'histoire de ce zoo ?
M. Hubert Masquefa :
Ma passion pour les animaux remonte à mon plus jeune âge, vers 5-6 ans, je disais déjà que je serai au milieu d'animaux de tous les pays du monde, les années ont passé et j'ai réalisé ce désir à l'âge de 40 ans. À cet âge j'ai créé le parc zoologique d'Ozoir la Ferrières en Seine-et-Marne, à 25 km de Paris, dans un cadre forestier. J'ai débuté par une collection d'oiseaux et je suis passé par la suite aux mammifères car les visiteurs étaient plutôt attirés par la multitude d'espèces qui nous entourent, c'est-à-dire les primates, les carnassiers, les mammifères en général. J'ai créé ce parc en 1966 et 5 ans après j'ai créé le parc zoologique de Fréjus qui dépend du parc zoologique d'Ozoir la Ferrières.
Atome 77 :
Vous avez plusieurs naissances dans votre zoo (hippopotame, chimpanzée, panthère), pouvez-vous nous en parler ?
M. Hubert Masquefa :
Le but d'un parc zoologique est de faire reproduire les animaux, c'est ce que nous recherchons. Forcément il y a certaines espèces où la prolifération étant trop importante nous sommes obligés de ralentir, ce fut le cas il y a quelques années pour les lions, c'est le cas actuellement pour les tigres. Il y a actuellement beaucoup plus de tigres en captivité dans les parcs zoologiques dans le monde quand l'Inde, pourtant le tigre du Bengale était le fauve que l'on trouvait dans toute l'Inde. Le but recherché par les parcs zoologiques est la reproduction, principalement pour la conservation des espèces en voie de disparition, mais il ne faut pas avoir trop de reproductions car nous ne savons plus où les mettre, il se crée peu de parcs zoologiques et pour avoir des animaux il faut de la place, de la nourriture, des soins et cela est très onéreux.
Atome 77 :
Rencontrez vous des difficultées pour la reproduction de certaines espèces ?
M. Hubert Masquefa :
En général pour toutes les espèces animales nous sommes arrivées à la reporduction, le plus difficile actuellement est le guépard, il faut des bêtes jeunes, avant l'âge de six ans, après ils ne reproduisent plus. Il en est de même pour les éléphants qui se reproduisent jeunes, quoique la gestation soit longue, une femelle à six ans peut avoir son premier jeune mai à 18 ans elle s'arrête de reproduire, pourtant un éléphant vit 50 à 60 ans. En parcs zoologiques les animaux vivent beaucoup plus longtemps car ils sont soignés, ils ne sont pas tributaires de toutes les nuisances rencontrées en liberté, c'est-à-dire se bagarrer pour trouver de la nourriture, les contaminations par les mouches, les insectes divers et les maladies. En parcs zoologiques nous arrivons à les tenir avec un hygiène beaucoup plus proche d'eux et s'ils sont malades nous avons des vétérinaires habilités aux soins des animaux sauvages qui sont aptes à les soigner et à les faire vivre très très vieux. Pour beaucoup d'animaux nous arrivons presque à doubler la longévité en parcs zoologiques par rapport à la longévité en état sauvage.
Atome 77 :
Pratiquez-vous des échanges, des prêts avec d'autres zoo ?
M. Hubert Masquefa :
Tous les animaux qu'il y a actuellement dans les parcs zoologiques sont des animaux qui sont nés en parcs zoologiques, nous ne prélevons plus dans la nature des animaux depuis bien longtemps. Je suis sûr pour les lions qu'il y a plus d'un demi-siècle qu'il n'y a pas un lion qui a été pris dans l'état sauvage pour être mis dans un parc zoologique. Il en est certainement de même pour les tigres. Dans tout parc zoologique qui se respecte, c'est-à-dire qui fait de l'élevage, il y a des échanges pour d'une part lutter contre la consanguinité et d'autre part échanger des espèces car aucun parc zoologique dispose de toutes les espèces.
Atome 77 :
Envisagez-vous des acquisitions ?
M. Hubert Masquefa :
Il y a des fois des frais, ce n'est pas une vente, souvent nous indemnisons. Actuellement un tigre se vend jeune 5 000 F (moins de 1000 euros), un petit chien dans une animalerie vaut beaucoup plus cher à peine sevré, vous voyez qu'un tigre n'a pas une grande valeur. C'est un prix d'échange, pour payer les vaccinations, le puçage car ils sont répertoriés dans des registres.
Atome 77 :
Comment le zoo a t-il vécu la tempête de décembre 1999 ?
M. Hubert Masquefa :
Tous les zoo ont plus ou moins souffert, en ce qui nous concerne nous avons eu des installations entièrement renversées, des volières renversées. Nus n'avons pas eu d'animaux qui se sont échappés. Les animaux dans la nature subissent des intempéries et n'ont pas paniqué. Les installations, les clôtures, les toitures de certains bâtiments ont été arrachées, il y a eu quand même beaucoup de dégâts dans les parcs zoologiques en général.
Atome 77 :
Avez-vous du prendre des précautions lorsque la grippe aviaire menaçait la France ?
M. Hubert Masquefa :
Nous avons subi cet hiver et ce printemps les problèmes de la grippe aviaire, il a fallu enfermer dans des maisons tous nos oiseaux pour qu'ils n'aient pas de contact avec l'extérieur pendant un laps de temps de deux mois. Après nous avons été obligé de les vacciner, tous les animaux l'ont été et un rappel a été fait entre 30 et 40 jours après, et nous avons pu libérer les oiseaux dans leur parc d'origine. Cela a occasionné pour certains sujets des perturbations, ils n'ont pas eu la liberté, ils ont été confinés, ce qui a été néfaste pour la reproduction générale, beaucoup de nos oiseaux n'ont pas reproduit cette année car cela les a perturbés de ne pas avoir leurs enclos habituels, cela n'a pas été faste à la reproduction des oiseaux en général cette année.
Atome 77 :
Qui sont vos visiteurs ? Quelle est la fréquentation de votre zoo ?
M. Hubert Masquefa :
Nous sommes un parc zoologique très proche de Paris au sud-est de Paris, notre clientèle est généralement parisienne et de l'île de France. Nous n'avons pas d'étrangers car quand ils viennent à Paris ils ont déjà beaucoup de choses à voir, ils ne viennent pas à Paris pour visiter un parc zoologique. Nous avons une clientèle locale d'Île-de-France, nous avons beaucoup d'enfants, des scolaires pendant la période de classe et actuellement pendant les vacances ce sont les centres aérés, les colonies de vacances qui viennent nous voir. Nous avons environ 40 000 enfants qui viennent en groupe visiter notre parc. La fréquentation de l'ensemble des visiteurs est d'environ 100 000 visiteurs par an. C'est très saisonnier, nous sommes tributaires de la météo et des jours de la semaine. Il y a beaucoup plus de monde bien sûr le dimanche que le lundi. Les samedis, dimanches et mercredis - où les enfants ne vont pas à l'école - sont les jours qui génèrent le plus de fréquentation. Nous avons également des abonnés qui prennent une carte à l'année et qui viennent nous voir à leur convenance et suivant la saison.
Fin.
