De passage en Auvergne, j'ai donc décidé de rendre visite à mon troisième parc favori, et de vous faire un compte-rendu de ce parc d'exception.
L'arrivée au parc en elle-même n'est pas banale. Après avoir traversé d'immenses volcans et falaises et des villages médiévaux... Des girafes dès votre arrivée, alors que votre voiture n'est même pas garée. Je dois le dire, l'entrée à tout d'un petit parc : un chalet, le "chalet du Cézallier", emblème du parc, résistant aux ans, et abritant guichets, point de restauration, espace sanitaire et boutique. A gauche de ce chalet, vous observerez également, de loin, les animaux des steppes asiatiques. Mais pour l'heure, dirigeons-nous vers l'entrée !


Zone d'entrée du parc, munie de tables extérieures pour les picnics et le point de restauration.
Devant nous, dans la zone d'entrée, nous pourrions nous intéresser à l'enclos forestier droit devant, mais l'Afrique nous appelle d'abord ! Le continent noir au parc commence à notre droite, avec un vaste enclos, construit en 2016, lieu d'une cohabitation entre un beau groupe reproducteur de suricates et des porcs-épics à crête :


Enclos des suricates et des porcs-épics à crête

Maison des animaux

Suricate
Nous sommes ensuite invités à entrer dans un tunnel :

De l'intérieur de celui-ci, nous pouvons observer par des baies vitrées sur les murs et en hauteur le complexe des lions d'Afrique. Le couple du parc était autrefois hébergé dans un petit enclos plus en hauteur. En 2016, les félins ont déménagés dans ce nouvel espace de 2500m2 doté d'une grotte, d'arbres, de collines et d'une maison bien plus sécurisée pour les soigneurs. Les visiteurs y ont également gagnés de nouveaux points de vue : ce tunnel, mais également une baie vitrée et un point de vision en hauteur, fermé lors de ma visite pour cause de travaux du restaurant. Une tyrolienne était à l'origine prévue pour donner un enrichissement aux lions, mais à mon grand regret, cela n'a jamais été réalisé.




Vue du tunnel


Le point de vue, fermé lors de ma visite.
En sortant du tunnel, nous avons le choix entre trois chemins : partir vers la gauche, et déjà monter vers les hauteurs du parc, tout droit, vers l'Indonésie ou continuer à droite la visite de la zone africaine. C'est cette dernière possibilité que nous allons choisir, et nous arrivons à la savane africaine du parc. Une savane africaine en pleine Auvergne, dans un paysage aussi escarpé que celui du parc animalier ? Mais oui, cela est possible ! Et si la première version de l'enclos des girafes, achevée en 2014, n'était pas très concluante, la version considérablement agrandie quelques années plus tard est tout à fait satisfaisante, et offre une savane de qualité, bien pensée, et utile. En effet, elle n’héberge que des animaux menacés : un groupe de mâles girafes de différentes sous-espèces toutes menacées (la pédagogie est orientée vers ce thème), des gazelles de Mhorr, arrivées cette année, des codes de Lechwe, dont certains proviennent de l'ancien zoo du Bouy (j'en parlerais plus tard), des oryx beisas, elles aussi nouveauté de cette année, et des zèbres de Hartmann. Ce ne sont pas de grands groupes, et bien-sûr, la savane n'est pas aussi impressionnante que dans d'autres parcs où sa qualité est indéniable au premier coup d’oeil, mais j'attire votre attention sur le fait qu'il ne s'agit que de petites espèces d'antilopes et de gazelles, tout comme les zèbres qui s'adaptent à un milieu pentu. Enfin, le parc a privilégié un groupe de mâles girafes, ce qui me semble bien plus sage. Surtout : toutes ces espèces sont menacées.

La situation du parc est extraordinaire : voyez cette vue !

Première partie de la plaine, avec une girafe, les gazelles de Mhorr (nouvelle espèce), et la maison des animaux en arrière plan. Cette partie seulement est l'ancienne version de la savane.

La "Passerelle du Mont Kenya", construite en 2014, point de vue sur la plaine.



La seconde partie de la plaine, inaccessible aux girafes lors de ma visite (mais je l'aie déjà vue ouverte à ces grands animaux).


Chemin de visite près de la savane. La végétation locale fait très africaine à cet endroit, justement !
Au milieu de la savane, dans un enclos mi-sable, mi-copeaux de bois vit une petite espèce active des plus attractives : des potamochères roux. Eux aussi profitent d'une belle vue :


Enclos des potamochères roux

Potamochère roux
La pédagogie est très présente, et a été renforcée cette année, avec des boîtes à dons pour l'association de conservation du parc "la passerelle": https://lapasserelleconservation.fr, mais aussi avec d'autres dispositifs, tous sur la conservation et les menaces auxquels font face les animaux présentés, mais aussi d'autres comme les éléphants. Cela est quelque chose que j'apprécie beaucoup car je pense qu'un parc doit aussi présenter aux visiteurs des animaux qu'il ne montre pas.

Panneau pédagogique du parc, ici sur la vie de la plaine africaine.
Nous allons quitter l'Afrique en bifurquant à droite. Durant notre chemin, nous pouvons voir un immense champ, qui a toujours hébergé (en tout cas depuis que je visite le parc), des animaux en isolement. Lors de ma visite, on pouvait y observer un émeu et une chèvre domestique. Mais j'ai pu y voir des mouflons, porcs du Vietnam, faisans dorés, nandous... Lors d'autres visites. Je pense que cet espace de réserve a énormément de potentiel, car comme la savane africaine voisine, il est moins pentu et forestier que le reste du parc, et pourrait accueillir énormément d'espèces. A vos paris ! Personnellement, je sais que le parc rêverait d'accueillir des rhinocéros indiens... Ce n'est absolument pas d'actualité, mais à la vue de l'espace disponible et de la configuration des lieux, je me dis que cela pourrait convenir...

Une partie seulement de l'espace disponible.
Nous arrivons en Indonésie, avec devant nous, un archipel. Si vous aviez visité le parc en 2012 ou 2013, vous auriez pu voir à cet endroit de nombreuses petites îles, peuplées de lémuriens, de gibbons et d'oiseaux d'eau, oscillant entre leurs îles dénudées et leurs petites cabanes. En 2014, ces îles ont été fusionnées entre elles afin de privilégier la qualité à la quantité, et les îles restantes sont grandes, bien végétalisées, et même souvent dotées d'arbres. Quand aux petites cabanes, elles ont été remplacées par d'imposantes maisons dont l'architecture s'inspire du peuple indonésien Batak. Les animaux y sont observables en toute saison et par tout temps. Des gibbons, des siamangs, mais aussi des langurs de Java sont venus peupler ces îles. Aujourd'hui, la collection a changée, et l'on ne trouve plus de langurs de Java en Auvergne.
La première île est le lieu de vie des siamangs :


L'île des siamangs, la plus dénudée de l'archipel.

Siammang et son petit à l'intérieur. Lors de ma visite, une alternance était mise en place entre la femelle et le mâle.

La dernière petite maison à primate restante, et je pense qu'elle ne sert plus. Les autres ont été détruites.

Et la version moderne des maisons pour primates asiatiques ! Avec l'ancienne à côté... Pensez que des varis roux ont passés de longs hivers à l'intérieur...
A côté des siamangs vit une espèce arrivée il y a quelques années et qui a remplacée les langurs de Java : les atèles variés. Ces animaux, très asiatiques, comme vous le savez (



La très belle île des atèles variés, dotée d'arbres.

Exemple de panneau d'identification du parc.

Tout ce que j'ai pu obtenir de la rapidité des primates et des reflets sur les vitres !

Vue sur l'archipel.
Vous pensez que notre épopée en Indonésie est terminée ? Bien-sûr que non ! Il nous faut gravir une pente et rejoindre une autre île plus en hauteur, dominant l'archipel, plus discrète, plus belle aussi car plus végétalisée et dotée de beaucoup d'arbres. Elle est le magnifique lieu de vie de gibbons à mains blanches et d'un groupe de loutres naines d'Asie, elles aussi récupérées du zoo du Bouy.
Mais qu'était donc ce zoo du Bouy ? C'était l' "autre zoo" du département du Puy de Dôme. Peu à peu, les scandales se sont succédés : meurtres d'animaux pour en nourrir d'autres, trafics... Il a fermé en 2015 après un long procès, et ses animaux, dont beaucoup en piteux état, ont été récupérés par différentes structures, dont notamment le Parc zoologique de Paris. Le Parc animalier d'Auvergne a récupéré des thars de l'Himalaya, des loutres naines d'Asie et des cobes de Lechwe. J'ai eu la chance de pouvoir visiter le zoo du Bouy juste avant ses plus sombres heures, et je peux vous le dire : c'est un énorme gâchis. Le site était absolument splendide, bien différent de celui du Parc animalier d'Auvergne, dans les collines et dans la forêt de pins. La collection était plutôt grande, et si le parc avait été repris par des gens intelligents, comme son voisin dont je suis en train de faire le compte-rendu, nous aurions, je pense, un excellent zoo. Enfin...
Revenons à ce splendide enclos de cohabitation gibbons à mains blanches/loutres naines d'Asie ! Je peux le dire : j'ai vu beaucoup de bassins à loutres naines d'Asie durant mes visite, mais celui-ci est de très loin le meilleur. Les loutres profitent des bras d'eau de l'île des gibbons et de vastes berges à la végétation sauvage, entourées de simples barrières en métal de couleur rouille, parfois vitrées : splendide, parfait, tout simple : le meilleur. Quand aux gibbons, les voir dans des arbres est toujours un plaisir.

Vue panoramique de l'enclos, avec la maison des gibbons, toujours dans un style indonésien.

Berge laissée sauvage (avec panneau pédagogique au milieu).



Gibbon à mains blanches

Et de là haut, nous surplombons l'archipel !
Il fut également question d'introduire des muntjacs dans cet enclos, mais cette idée ne fut jamais réalisée.
Durant ma visite, les loutres naines d'Asie étaient dans un enclos d'isolement durant les travaux du nouveau restaurant. L'occasion pour moi de parler de cet enclos qui hébergea des chiens viverins à une époque, puis les loutres pendant la construction de leur enclos, puis rien, puis... Encore les loutres aujourd'hui. Cet affreux enclos est bien camouflé dans des plantations de bambous destinées aux pandas roux.

La maison des loutres naines dans leur enclos habituel. Il s'agit de l'ancienne maison des gibbons.

Loutres naines dans leur tunnel

L'enclos d'isolement, qui ne paraît pas affreux sur cette photo, mais qui l'est, en tout cas en esthétisme et comparé à son voisin.
Juste à côté de ce merveilleux espace, l'on pouvait observer, lors de ma visite, d'impressionnant travaux, malheureusement retardés pour une raison évidente. En juillet prochain, les visiteurs du Parc animalier d'Auvergne pourront s'arrêter dans un vrai restaurant, doté d'une grande terrasse avec vue sur les lions. Non loin du restaurant (ou au coeur de celui-ci, je ne sais plus), sera créé un nouvel espace de cohabitation sud-américain, faisant cohabiter des paresseux à deux doigts, des tatous à trois bandes et des tamarins pinchés. Evidemment, l'on peut se demander si ces espèces sont pertinentes compte-tenu de la situation géographique du parc et surtout de son climat, mais à titre personnel, je suis plutôt confiant. Quand au choix des espèces, il me paraît très juste : les paresseux font echo aux espèces plus menacées (paresseux de Hoffmann notamment), auxquelles l'association "la passerelle" participe à la conservation, les tatous animeront le sol, et l'on ne peut que féliciter le parc d'accueillir des tamarins pinchés quand beaucoup auraient accueillis des espèces bien moins menacées.
Ce restaurant est très impressionnant car pour la première fois, le parc utilise du métal, et non du bois. J'ai hâte de voir le rendu final !




Le restaurant en travaux.
Le restaurant pourra également accueillir des séminaires, ce qui représentera, je pense, une nouvelle source de revenus bienfaitrice pour le parc.
Nous sommes maintenant dans une partie forestière encore plus en hauteur. C'est juste à côté du restaurant que ce trouve le point de vision sur les lions, actuellement inaccessible. Mais on y trouve aussi la gare de l' "Himalayan express", un petit train mis en service tout récemment. En effet, la visite à pied se fait exclusivement en montée, et beaucoup de personnes se plaignaient de l'effort que cela représentait pour de jeunes enfants ou des grands parents. Le parc a alors mis en place une navette allant du chalet du Cézallier (l'entrée du parc), jusqu'au "Sommet du Monde" (autre point de restauration à l'autre bout du zoo). Mais cela ne suffisait pas. Alors, la navette a été remplacée par un petit train, l' "Himalayan express", qui part donc d'ici pour aller jusqu'au "Sommet du Monde". Il est plutôt classique, mais très utile. Je ne l'ai jamais pris.

L' "Himalayan express" à l'action !
Dans cette zone du parc, en plus du restaurant, l'on croise beaucoup de constructions humaines : des structures de jeux, qui datent de l'ancien Parc Animalier du Cézallier. Il y a également la "tente du conteur", où sont racontés des contes animaliers aux enfants, surtout en période de Noël.

Plaine de jeux principale.
Entre l'entrée et cette plaine de jeux, l'on peut observer un grand enclos forestier, doublé d'une petite volière d'isolement. Longtemps, celle-ci a été le lieu de vie du groupe de saïmiris, qui ont ensuite rejoints cet enclos, qui a également hébergé des coatis, puis la cohabitation entre des saïmiris et de rares capucins olives, peu présents en parcs zoologiques. Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus. Aujourd'hui, cet enclos est le lieu d'une cohabitation entre des binturongs et des écureuils de Prévost. C'est de très loin le meilleur espace que j'ai pu voir pour ces deux espèces, et voir un binturong perché dans les arbres et toujours un plaisir.

Cherchez le binturong !
Nous arrivons à une nouvelle partie du parc, encore plus en hauteur. En face du restaurant, nous avons un point de vue sur un grand bassin des plus naturels. Peut-être y apercevrez vous un gros rocher, à la surface de l'eau... Si non, il faudra se concentrer sur la berge, puisque ces deux endroits sont le lieu de vie de Jules, l'hippopotame emblématique du parc. Mascotte à l'époque du Parc animalier du Cézallier, c'est le plus grand animal du parc, mais aussi celui qui vit dans l'un des derniers "points noirs" du zoo, et même si la sécurité de l'enclos a été revue, les conditions de vie de Jules sont très mauvaises, surtout en hiver, car il n'y a pas de bâtiment intérieur vraiment adapté. Mais surtout, il est seul. Le parc avait autrefois le projet de réaliser un nouveau grand enclos pour accueillir de nouveaux individus, qui cohabiteraient avec des antilopes dans un grand espace doté d'un vaste bassin, avec un grand bâtiment adapté, doté d'un bassin intérieur. Malheureusement, malgré un appel aux dons, les moyens n'ont jamais été présents. Aujourd'hui, le parc souhaite faire partir Jules vers un autre parc, ce qui semble la plus sage décision, même si l'on regrettera toujours cette ancienne mascotte.

La partie terrestre... Avec la maison en arrière plan.

Vue sur l'installation avec la pièce d'eau. Remarquez encore cette magnifique vue.

"Jules", en 2014.
Montons encore ! Nous arrivons à un des enclos les plus audacieux du parc. Créé en 2017, il est le lieu d'une grande cohabitation sud-américaine entre 6 espèces : des tapirs terrestres, des saïmiris de Bolivie, des capybaras, des couendous, des pudus du Chili et des nandous de Darwin. Il est passionnant d'observer tous ces animaux ensembles, avec les saïmiris dans les arbres, les tapirs au sol, les capybaras dans le bassin... Je n'ai malheureusement jamais eu l'occasion de voir les couendous à l'extérieur. Lors de ma visite, le matin, seul un nandou était visible dans cette plaine.
Nous observons cet ensemble par une grande passerelle au-dessus du bâtiment des animaux. L'intérieur de la maison des saïmiris et couendous est visible du public par des baies vitrées. Lors de ma visite, l'on pouvait voir les tatous au sol, en attendant leur déménagement vers le restaurant.

Maison des saïmiris et des couendous et pré-volière des animaux.






Encore la vue de la passerelle.
En face, nous découvrons un complexe particulièrement spectaculaire : celui des tigres, inauguré l'année dernière. Cet immense espace est fait de deux enclos : un enclos d'isolement forestier visible par une baie vitrée, et un autre, plus ouvert, doté d'un très grand bassin dans lequel se jettent deux immenses cascades. L'on peut observer les tigres par la "passerelle de l'Amour", en fait un point de vision couvert, mais aussi par des baies vitrées au niveau du bassin dans le point de vision. Les tigres étaient déjà présents au parc, mais dans un tout petit enclos peu sécurisé. Ce complexe est spectaculaire, et de grande qualité pour les félins. Ne l'ayant vu qu'une fois, et encore peu végétalisé l'année de son ouverture, j'ai été impressionné par ce complexe.

Vue de la "passerelle de l'amour", par la passerelle sud-américaine.



Enclos d'isolement des tigres


Point de vue.

Tigres.


Complexe des tigres.
Actuellement, le parc héberge un couple de tigres hybrides (je pense non-reproducteur). J'imagine, vu l'architecture du point de vue et son nom, qu'à la mort de ces individus, le parc accueillera des tigres de Sibérie.
C'est avec cet impressionnant complexe que s'achève la première partie de ce compte-rendu. Lors de ma toute première visite, à l'époque du "Parc animalier du Cézallier", le parc était classé en trois circuits. Mon compte-rendu sera donc classé en ces trois circuits.