Merci à tous pour vos retours !
Le dernier endroit que je vous présenterai à Zanzibar est une petite île nommée Prison Island. On y visite une ancienne prison construite à l'origine pour les esclaves (Zanzibar a été une plaque tournante de ce sinistre commerce), mais qui n'a jamais servi comme telle. Elle a cependant été utilisée comme zone de quarantaine pour les marchandises humaines...
Aujourd'hui, la prison est devenue un hôtel, et on y trouve des paons bleus (
Pavo cristatus) en semi-liberté ainsi que des sunis (
Neotragus moschatus), présentés par les locaux et les guides papiers comme des dik-diks. Ces derniers ont été introduits, en très petit nombre. Le guide nous a dit qu'il n'y en avait que 4, car ils étaient régulièrement mangés par le personnel de l'hôtel... Nous en avons cependant croisé 6.

Paons bleus devant l'hôtel



Sunis
L'autre particularité de cette île est d'abriter un sanctuaire pour des tortues géants des Seychelles (
Aldabrachelys gigantea), introduites ici dans un but conservatoire. D'après ce que m'a dit le guide, il n'y a jamais eu d'apport de "sang neuf" depuis leur introduction il y a une centaine d'années. Certaines tortues sont présentées comme extrêmement âgées, la plus vieille ayant, d'après ce qui est dit, 194 ans. Leur âge est noté sur leur carapace et réactualisé tous les ans. Malgré la longévité exceptionnelle de ces tortues, je les soupçonne tout de même fortement de gonfler les chiffres pour les touristes... Toujours est-il que ces tortues, une bonne centaine d'adultes, se partagent un très grand territoire forestier, parfois accidenté, dont une partie seulement est accessible aux touristes via des chemins. Cependant les guides n'hésitent pas à nous en faire sortir pour aller voir d'autres tortues. Les sunis passent souvent dans l'enclos via des trous dans le grillage.


Enclos des tortues



Tortues géantes des Seychelles
Il y a régulièrement de la reproduction. Les petits en sortie d’œuf sont logés dans une petite cabane assez glauque les premiers mois/premières années, avant d'intégrer un pré-parc assez petit jusqu'à leurs 10 ans. Elles partagent cet espace avec deux tortues léopards (
Stigmochelys pardalis).

Oeufs de tortues géantes

Cabane des bébés tortues

Jeune tortue géante et tortue léopard
Parc de SelousLe parc de Selous est l'une des plus grandes réserves africaine. Il est accessible par Zanzibar via un petit avion pas très rassurant, en faisant un arrêt à Dar Es Salaam, la capitale de la Tanzanie. La durée totale du vol n'excède pas une heure.

L'avion en question


Arrivée sur la réserve de Selous avec vue la rivière Rufigi

Piste d'atterrissage en terre, avec un crâne de buffle pour nous accueillir...
Nous sommes arrivés en fin d'après midi et avons immédiatement pris une jeep pour nous rendre à la rivière Rufigi, afin de débuter notre court séjour par un safari en bateau. Sur la route nous avons croisé des phacochères (
Phacochoerus africanus) et des babouins jaunes (
Papio cynocephalus).

Phacochère

Babouins jaunes

Les bateaux pour le safari rivière
La première espèce rencontrée est le guêpier à front blanc (
Merops bullockoides). Cette colonie avait creusé de nombreux terriers au bord de la rivière. Il y avait une bonne vingtaine d'individus observables sur les branches à proximité, mais il y avait de nombreux allers retours. Leur nombre était donc certainement beaucoup plus important.



Guêpiers à front blanc
Nous avons ensuite remonté le courant, et sommes assez vite tombés sur des colobes d'Angola (
Colobus angolensis) ainsi que des vervets (
Chlorocebus pygerythrus), dans des arbres en bordure de rivière. Un peu plus loin, un autre colobe s'abreuvait avant de s'enfuir en nous voyant.



Colobes d'Angola
Sur les rives, nous avons pu voir d'autres espèces : des jeunes crocodiles du Nil (
Crocodylus niloticus)...


Un varan du Nil (
Varanus niloticus)...

Un martin chasseur à tête brune (
Halcyon albiventris)...

Un martin pécheur huppé (
Corythornis cristatus)

Ou encore plusieurs babouins jaunes.




Mais le clou de la sortie a été de croiser à plusieurs reprises des hippopotames amphibies (
Hippopotamus amphibius). Vu la dangerosité des animaux (et la taille de notre bateau...), nous étions toujours distant d'une vingtaine de mètres des hippos visibles, sauf à un moment où l'un d'entre eux a sorti sa tête à 2 mètres du bateau. Notre conducteur a redémarré immédiatement.

Hippopotames amphibies
Nous avons tout de même accosté sur un banc de sable au milieu de la rivière, vierge d'hippopotames, afin d'admirer le coucher de Soleil. Ce moment a été propice à l'observation d'oiseaux à l'aide de mes jumelles, bien plus simple une fois le pied à terre que lorsque j'étais dans le bateau en mouvement... J'ai observé des ombrettes (
Scopus umbretta), pélicans gris (
Pelecanus rufescens), ibis hagedash (
Bostrychia hagedash), œdicnèmes vermiculés (
Burhinus vermiculatus), hérons goliaths (
Ardea goliath), grandes aigrettes (
Ardea alba), becs-ouverts africains (
Anastomus lamelligerus), ibis sacrés (
Threskiornis aethiopicus), spatule africaine (
Platalea alba), vanneaux du Sénégal (
Vanellus senegallus), différents limicoles, des hirondelles, ainsi que des calaos d'assez grande taille (probablement des calaos à joues argentées (
Bycanistes brevis) vu la localisation). J'ai certainement oublié quelques oiseaux, comme vous pouvez le voir cela faisait beaucoup en peu de temps...


Banc de sable avec quelques limicoles plus ou moins visibles

Traces d'oiseaux

Coucher de Soleil depuis le banc de sable
Après cette expérience marquante, nous nous sommes dirigés rapidement vers la jeep afin de rentrer à l'hôtel, à la nuit tombée. J'ai pu y observer des galagos à queue touffue, comme à Zanzibar, une ombrette, des nids de tisserins et des baobabs. D'après le personnel de l'hôtel, des babouins rôdent régulièrement dans les jardins de l'hôtel durant la journée, et il arrive que des éléphants y passent durant la nuit. Je n'ai vu ni les uns ni les autres.

Nids de tisserins

Jardin de l'hôtel
Le lendemain nous nous sommes levés assez tôt afin de partir à 7h, pour faire le safari en jeep pour la journée. Même avant de rentrer dans la réserve, nous avons une nouvelle fois croisé des phacochères (nous en avons vu un certain nombre ce jour là), des babouins jaunes, des pintades de Numidie (
Numida meleagris) et des impalas (
Aepyceros melampus)

Pintades de Numidie

Impalas au premier plan, babouins jaunes en arrière plan

Entrée de la réserve
Une fois passées les portes, nous avons revus des babouins jaunes, vervets et impalas. Nous en verrons très régulièrement durant la journée.

Babouins jaunes


Impalas
Peu de temps après, nous avons rencontré notre premier membre du big five : l'imposant buffle d'Afrique (
Syncerus caffer). Il y avait deux mâles, proches de la route. Notre chauffeur nous a alors montré pour la première fois que les routes étaient plus des indications qu'autre chose en sortant pour s'approcher des animaux. Vu l'état des fossés entre la route et le reste de la réserve, ainsi que l'état de la jeep, nous avons également pu mesurer combien il avait confiance dans son véhicule, ainsi que sa maîtrise du sens de la gravité...


Buffles d'Afrique
Quelques minutes plus tard, changement de paysage. Les acacias sont plus nombreux, ce qui plait à l'une des figures emblématiques de l'Afrique : la girafe. Ici, ce sont des girafes masaï (
Giraffa tippelskirchi) qui sont observables. De nombreux girafons accompagnaient les adultes.




Girafes masaïs
Cependant l'une des girafe a attiré mon attention : ses taches n'étaient, il me semble, pas les mêmes que les autres. Je pense à une autre espèce/sous-espèce, pourtant nous ne sommes pas sensés en croiser dans ce coin du pays.

Plusieurs oiseaux vivaient à proximité, dont ce choucador :

A peine remis de notre rencontre avec les girafes, que nous allons voir d'autres animaux stars : les éléphants des savanes d'Afrique (
Loxodonta africana). Nous avons d'abord vu deux mâles, puis un peu plus loin une femelle accompagnée d'un bébé et d'un jeune.


L'un des mâles




La mère, le bébé et le jeune
Ce moment a également marqué le point noir de la visite, qui restera récurrent. Sous prétexte de vouloir faire plaisir aux touristes, les chauffeurs s'aventurent très près des animaux, les dérangeant souvent. Une voiture devant nous s'est approchée très près de l'un des mâles adultes, rapidement, et a pilé à 2 mètres de lui. Peut être ne l'avait-il pas vu... Toujours est-il que cela n'a pas du tout plu à l'éléphant qui a alors chargé la voiture, assénant plusieurs coups de tête au capot de la jeep pour la faire reculer. Notre chauffeur a alors accéléré pour chasser l'éléphant en colère, en faisant vrombir son moteur, puis avec des coups de klaxon. Heureusement pour nous, cela a fonctionné et l'éléphant a fait demi-tour. L'autre voiture est restée sur ses quatre roues, mais le capot a pris très cher. On ne le voit pas sur la photo ci-dessous, mais un gros trou était visible à l'avant, là où la défense de l'animal avait traversé la tôle. Quand nous avons croisé la famille d'éléphants, le guide a appelé les autres voitures avec son talkie-walkie, ce qui a ramené de nombreuses voitures entourant les éléphants. Si l'un d'entre eux s'était énervé et avait voulu fuir, la même scène se serait alors reproduite...

L'effet éléphant
C'est peu rassuré, et un peu gêné pour les animaux, que nous arrivons près d'un lac. Nous y retrouvons deux espèces croisées la veille : les hippopotames et les crocodiles du Nil. Notre guide nous a dit que ces derniers recherchaient la présence des hippos : lorsque ceux-ci font leurs besoins dans l'eau, cela attire des poissons qui viennent s'en nourrir. Les crocodiles peuvent alors se servir. J'ai également observé quelques oiseaux : en dehors des hérons goliaths, becs-ouverts et aigrettes déjà vus la veille, il y avait des pygargues vocifères (
Haliaeetus vocifer), vautours palmistes (
Gypohierax angolensis) et aigles bateleurs des savanes (
Terathopius ecaudatus). D'autres aigles étaient présents mais trop hauts pour que je les identifie.

Hippopotames amphibies

Hippopotames et crocodile du Nil

Crocodile du Nil
C'est à partir de ce moment que nous commencerons à croiser régulièrement des zèbres des plaines (
Equus quagga) et des gnous bleus (
Connochaetes taurinus), très souvent ensembles.

Zèbres des plaines et impalas

Zèbres des plaines et gnous bleus

Zèbres des plaines
Au détour d'un buisson, j'ai aperçu des mangoustes rayées (
Mungos mungo) s’enfuir. Quelques temps plus tard, nos regards sont attirés par du mouvement dans le ciel. De nombreux vautours semblent voler autour d'un point précis. Nous nous rapprochons...




Vautours
Pour nous retrouver face à une carcasse de buffle, reste récent d'un repas de lions.

Écoutant plus son envie de satisfaire ses clients que sa jeep, notre chauffeur franchit une nouvelle fois le fossé pour se rapprocher de la carcasse, afin d'observer les charognards à l'oeuvre.
Les vautours africains (
Gyps africanus) premiers oiseaux à revenir sur la carcasse après notre arrivée...

Bien vite rejoins pas un marabout d'Afrique (
Leptoptilos crumenifer)...

Et enfin, sauf si mes yeux m'ont joué des tours, un vautour à capuchon (
Necrosyrtes monachus). Croiser un animal classé "en danger critique d'extinction" dans son milieu naturel, cela a fait quelque chose à l'amateur d'animaux que je suis...

Une joie pourtant de courte durée, car le retour à la route ne s'est pas passé comme prévu... La jeep est restée coincé dans le fossé, et nous avons du en descendre, le temps que d'autres voitures nous aident à nous en sortir. Être coincé dans une jeep sans vitres ni portières, puis descendre dans la brousse, à proximité d'un repas récent de lions (dont on ne savait pas trop s'ils étaient encore dans le coin ou non...), n'a rien d'une expérience très rassurante...

Le fameux "coup de la panne"
Et les lions alors ? Et bien ces derniers ont été repérés à quelques kilomètres de là par d'autres voitures, et une fois la notre de retour sur la route, nous sommes allé à leur rencontre. Nous avons vu trois lions d'Afrique (
Panthera leo leo) : un mâle et deux femelles, qui faisaient la sieste dans un bosquet.


Lions
Si être à 2-3 mètres de lions dans une voiture sans protection a tout d'une expérience forte, le fait de voir ces animaux entourés d'une grosse dizaine de jeeps en même temps, faisant le concours de qui s'approcherait le plus près, a très vite été vraiment dérangeant pour moi. Heureusement, les animaux ne semblaient pas troublés le moins du monde par notre présence, et alternaient sieste et observation des primates à roulette. Cependant, je pense que vu la protection offerte aux personnes dans les voitures, il suffira d'une seule fois où un lion soit dérangé pour que le safari tourne au drame...
Ce ne sera pas le cas aujourd'hui, et à presque 13h, il est temps d'aller manger ! Nous nous mettons en route, non sans nous arrêter près d'une ancienne carrière qui a servi à construire la route. Cette dernière est désormais inondée et squattée par un groupe d'hippopotames. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire un lien avec le bioparc, et me suis même pris, en pleine Tanzanie, à imaginer une telle installation en Anjou !


"La carrière des hippopotames"
Avant d'arriver sur notre lieu de pique-nique, nous avons croisé des femelles grand koudous (
Tragelaphus strepsiceros), avec des pique-bœufs à bec rouge (
Buphagus erythrorhynchus) sur le dos.


Lors du pique-nique, nous avons eu des girafes qui sont passées juste derrière nous, avons observé encore des phacochères, gnous et zèbres à quelques dizaines de mètres, et avons été accompagnés par des mahalis à sourcils blancs (
Plocepasser mahali), qui venaient manger les miettes de notre repas qui tombaient au sol.


Mahali à sourcils blancs
Nous sommes alors très en retard, et devons retourner directement à la piste pour prendre notre avion pour Zanzibar. Nous croiserons sur le chemin quelques nouvelles espèces, comme des cobes à croissant (
Kobus ellipsiprymnus) et des bucorves du Sud (
Bucorvus leadbeateri).

Bucorves dans les buissons
C'est ainsi que se termine ce court séjour en Tanzanie. Si j'y ai vécu une grande expérience et un rêve de gamin, j'en suis reparti avec un certain gout de "pas assez". J'aurai aimé rester plus longtemps, croiser beaucoup plus d'espèces, mais il faut savoir faire des compromis, d'autant plus durant un voyage de noce... Nous nous sommes cependant promis de retourner un jour en Tanzanie, pourquoi pas découvrir le Serengeti et le cratère du Ngorongoro ?
J'espère en tout cas avoir réussi à retranscrire assez fidèlement mon expérience, vous avoir fait rien qu'un peu voyager, et vous remercie de m'avoir lu jusqu'au bout !