Stéphane Da Cunha : « On est contraint dans l'espace »

[Philippe]

L'actualité est riche, en cette fin d'année, pour le zoo de La Flèche. De retour d'Afrique avec quatre membres de son équipe, le directeur, Stéphane Da Cunha, répond à nos questions. Congo, lodges, télévision... Il nous dit tout.

Vous revenez d’Afrique, et plus particulièrement du Congo, où vous êtes allé au chevet des bonobos. Pouvez-vous nous expliquer ce projet ?
Ce projet est né dans notre volonté de nous investir dans un projet de soutien aux organismes de protection de l’environnement et des animaux. Chose que l’on fait depuis, déjà, une dizaine d’années. Là, on a eu une opportunité avec France 4, qui avait eu vent de la fondation Lola Ya Bonobo par sa présidente, Claudine André.

Ce soutien est pourtant différent de ceux que vous pouvez avoir…
On voulait soutenir un projet en faisant participer nos équipes, en plus de la participation financière. Ce sont des projets qui me touchent beaucoup, ainsi que mes équipes.
On est donc partis à cinq pendant tout le mois d’octobre : notre vétérinaire Cyril Hue, Anthony, notre chef animalier, Charlotte et Aurélie, soigneurs, et moi-même. C’est la première fois que l’on s’implique ainsi, en envoyant des équipes sur place. Comme France 4 était motivée pour nous suivre, on s’est engagé dans cette aventure passionnante et d’une grande richesse humaine.

Quel a été votre rôle sur place ?
Le but est de protéger les bonobos. On a découvert, là-bas, le sanctuaire, ce qu’ils appellent le Paradis des bonobos, au sud de Kinshasa. La fondation y recueille des orphelins bonobos, dont les parents sont victimes du braconnage. Il y a une cinquantaine de bonobos dans ce parc.
Cyril Hue a eu des cas vétérinaires difficiles à gérer. J’ai pu travailler avec la directrice sur la communication pour faire valoir ce travail. À notre niveau, on a essayé d’interagir. En amenant des fonds, ce qui reste le nerf de la guerre, mais aussi en amenant notre savoir-faire pour faire connaître la richesse de ce sanctuaire.

Que deviennent ces bébés bonobos recueillis ?
Ils sont réintroduits dans le milieu sauvage. On est allé à 2.000 km au sud du sanctuaire, pour une opération de relâchers. C’est là que l’on a vu toute la complexité de leur travail. On est dans la forêt équatoriale, sans moyen de communication et avec une végétation dense et parfois inhospitalière. C’était une vraie découverte pour nous. C’est un retour à la nature. On a eu la chance de participer à tout ça et de réfléchir à d’autres opérations de réintroduction à laquelle on participera.

« On se sent utiles »

Car vous comptez y retourner ?
Oui ! On veut pérenniser cette relation. Ils viendront à La Flèche où l’on organisera des conférences. Nous, en fonction des besoins, on envisage de retourner au Congo. C’est un point de départ d’une nouvelle aventure. On se sent utiles. On apporte un soutien incroyable pour ces gens. On ne se rend pas compte dans quelles conditions ils vivent, là-bas.

Pour en revenir au zoo de La Flèche, y a-t-il de nouveaux lodges ?
On a un lodge en construction, qui ouvrira en mars, sur les grizzlys. En avril, un autre lodge va ouvrir. Il sera à consonance asiatique. En juin, quatre autres lodges devraient voir le jour, cette fois à consonance africaine. On continue d’avancer dans notre développement du parc hôtelier. La demande est très forte, preuve de notre réussite.

Le zoo veut s’étendre

D’autres projets sont-ils en cours ?
On a toujours des projets pour le parc, dont certains à très longue échéance. On travaille notamment sur les zones d’extension. Le parc, avec une fréquentation qui a largement évolué, se retrouve un peu trop contraint dans l’espace. Il y a du foncier autour du zoo, mais c’est compliqué. On travaille à trois, cinq ans, voire plus. Cette extension nous permettrait d’actionner d’autres idées.

Vous parlez de la fréquentation qui a évolué. Le phénomène « Une saison au zoo » se fait donc ressentir.
C’est une dynamique globale. On a une couverture médiatique favorable. Les lodges ont, d’abord, beaucoup fait parler de nous. Il y a un cercle vertueux qui s’est mis en place et ça a explosé avec l’éclairage de l’émission de France 4. On ressent un attachement bienveillant du public au parc. Notre personnel en devient un emblème.

« Certains membres de l’équipe n’étaient pas réceptifs à notre développement »

De quoi continuer votre partenariat avec la chaîne publique ?
France 4 nous a suivis en Afrique. Ce sera diffusé en début d’année prochaine. Ensuite, on est en réflexion sur la continuité de « Une saison au zoo ». Ce qu’on a réussi à créer avec cette émission va au-delà de la chose médiatique. Et ça se ressent à travers l’émission, dans laquelle le public se retrouve complètement.

Pourtant, des bruits ont circulé. Comme quoi l’émission aurait mis un peu d’eau dans le gaz. Qu’en est-il ?
Ce n’est pas un secret. Dans le développement d’une entreprise, il y a des gens qui se sentent moins à l’aise. Une partie de l’équipe l’était et d’un commun accord, on s’est séparés.
C’est une évolution classique dans une entreprise. Ca ne s’est pas fait dans une période d’agitation. Certains membres de l’équipe n’étaient pas réceptifs à notre développement que je souhaite. Dans ces circonstances, il est préférable pour tout le monde de continuer chacun de son côté. Mais l’émission n’a pas grand-chose à voir dedans.

Source : Les Nouvelles de Sablé.

[abel]

Enfin La Flèche s'investit dans un projet "in situ" !
J'avoue que les lodges me laissent perplexes: un deuxième lodge sur les grizzlys ? Les animaux ne seront donc jamais tranquilles, harcelés sur tous les cotés, de jour comme de nuit ? Un lodge à consonance asiatique? A quel endroit ? Sur un enclos déjà existant ou sur un nouvel enclos ?
Même chose pour les lodges africains: peut-être un vrai enclos pour girafes ? Ce serait trop beau...
Le Zoo de la Flèche est un parc que je connais bien et dont je suis l'évolution de près: c'est le parc de mon enfance, là où j'ai vu pour la première fois des animaux exotiques et fascinants...
Je ne sais pas si des membres du parc parcourent le forum, mais si tel est le cas, pourraient-ils nous apporter des précisions ? Merci d'avance.

[Vinch]

Il ne faut quand même pas trop dramatiser, Abel.
D'une part, ils ne vont pas mettre la sono à fond la nuit dans les lodges, les vitres sont très épaisses et produisent bien peu de bruit lorsqu'on frappe dessus..
Ensuite, les animaux ont quand même des possibilités de retrait par rapport aux lodges et ne sont pas contraints, encore moins enchaînés, de se tenir à proximité immédiate des fenêtres des lodges pour que les clients ( qui y sont bien plus enfermés que les pensionnaires du zoo !!! )soient contents et puissent avoir envie de revenir;
Enfin, les animaux sortent la nuit, ce qui est tout de même un sacré progrès, par rapport à d'autres parcs où ils doivent rester enfermés la nuit...

[éric13]

Puis ces clients font office de gardiens de nuit (enfin presque !!!)

[abel]

Il ne faut quand même pas trop dramatiser, Abel.
D'une part, ils ne vont pas mettre la sono à fond la nuit dans les lodges, les vitres sont très épaisses et produisent bien peu de bruit lorsqu'on frappe dessus..
Ensuite, les animaux ont quand même des possibilités de retrait par rapport aux lodges et ne sont pas contraints, encore moins enchaînés, de se tenir à proximité immédiate des fenêtres des lodges pour que les clients ( qui y sont bien plus enfermés que les pensionnaires du zoo !!! )soient contents et puissent avoir envie de revenir;
Enfin, les animaux sortent la nuit, ce qui est tout de même un sacré progrès, par rapport à d'autres parcs où ils doivent rester enfermés la nuit...

C'est vrai que le fait que les animaux sortent la nuit est quand même un plus.
En revanche, en ce qui concerne les possibilités de retrait des animaux, je trouve qu'il y en a quand même peu à La Flèche: d'un côté la cascade avec le point de vue des visiteurs, sur un autre côté, les vitres de vision pour les visiteurs, sur le troisième côté le "Yukon lodge", le quatrième côté est le seul de "libre", serait-ce là qu'ils vont mettre le second lodge ?
Tant mieux si les vitres sont épaisses et font peu de bruits.
Autre chose, est-ce que quelqu'un peut me confirmer que les lémuriens sortent la nuit pour les gens des lodges ?

[Antoine]

Il ne faut quand même pas trop dramatiser, Abel.
D'une part, ils ne vont pas mettre la sono à fond la nuit dans les lodges, les vitres sont très épaisses et produisent bien peu de bruit lorsqu'on frappe dessus..
Ensuite, les animaux ont quand même des possibilités de retrait par rapport aux lodges et ne sont pas contraints, encore moins enchaînés, de se tenir à proximité immédiate des fenêtres des lodges pour que les clients ( qui y sont bien plus enfermés que les pensionnaires du zoo !!! )soient contents et puissent avoir envie de revenir;
Enfin, les animaux sortent la nuit, ce qui est tout de même un sacré progrès, par rapport à d'autres parcs où ils doivent rester enfermés la nuit...

C'est vrai que le fait que les animaux sortent la nuit est quand même un plus.
En revanche, en ce qui concerne les possibilités de retrait des animaux, je trouve qu'il y en a quand même peu à La Flèche: d'un côté la cascade avec le point de vue des visiteurs, sur un autre côté, les vitres de vision pour les visiteurs, sur le troisième côté le "Yukon lodge", le quatrième côté est le seul de "libre", serait-ce là qu'ils vont mettre le second lodge ?

Tu as oublié les nombreux fils électriques qui limitent largement la superficie dévolue aux animaux.

C'est d'ailleurs un concept très présent à La Flèche ce qui, ajouté à la taille assez réduite de la plupart des enclos me laisse à penser que l'ajout de lodge n'est vraiment pas sans conséquence pour les pauvres bêtes qui y résident.

Puis ces clients font office de gardiens de nuit (enfin presque !!!)

J'adore.

Cela pose d'ailleurs la question de la sécurité dans tous ces parcs, surtout ceux où les lodges sont réalisés pour les espèces dangereuses. Je veux bien que l'on joue sur les mots avec "Ah oui mais les lodges sont en dehors de l'enceinte du parc...donc on fait ce que l'on veut" mais cela reste quand même super risqués. Surtout que ce n'est pas le pauvre bonhomme de garde (aussi compétent soit-il) tout seul qui pourra faire quelque-chose s'il arrive un malheur.

Bref, perso, je suis contre ces nouveaux lodges intrusifs pour les animaux et dangereux pour les hommes à mon sens.

[okapi]

Entre les fils électriques pour "protéger" la végétation et les lodges qui se multiplient autour des enclos, je crois que les choses sont claires, non? Au vu de ce que ces nuits rapportent, je vois mal comment ce zoo va résister à concevoir ses prochains enclos en fonction de chambres aux angles imprenables et continuer de rentabiliser ses animaux. C'est très touchant, cette découverte de la pauvreté en Afrique et si c'est un déclencheur, c'est très bien, mais sérieusement, pour un directeur de zoo, c'est un poil candide...

"C’est là que l’on a vu toute la complexité de leur travail. On est dans la forêt équatoriale, sans moyen de communication et avec une végétation dense et parfois inhospitalière. C’était une vraie découverte pour nous. C’est un retour à la nature."

Certains zoos vont devenir des hôtels et gérer leurs bêtes comme leurs jardins, un facteur d'embellissement et d'originalité. Si les millions générés par les lodges peuvent servir à soulager consciences et situations et contribuer à la protection in situ, c'est le mieux que l'on puisse souhaiter. On peut imaginer que dans un avenir proche, les zoos vont profiter de ces "prétextes" pour en créer toujours plus et y trouver une nouvelle justification pour continuer d'exister... Finalement, après les spectacles, qui tiennent un peu à distance le spectateur, les zoos jouent la carte de la proximité en invitant le public à dormir "en cage" le temps d'une nuit ou d'un week end...

[raphaël]

L'ajout de lodges n'est pas une surprise même si je m'interroge pour l'avenir. Chaque construction n'est pas anodine financièrement parlant, surtout vu le souci du détail.
Je pense qu'il vaut mieux quelques lodges, chacun très individualisé, pour que cela reste un produit rare donc couru.
Avec les lémuriens, les tigres, les ours blancs, les ours polaires, les loups blancs, ça commence à faire beaucoup... Si on va vers des lodges africains pour les lions et girafes puis des lodges indonésiens, on aura fait le tour des paysages j'espère !

Tant mieux si ce voyage en Afrique a servi de déclic. Mais autant ça ne me dérange pas du tout que le zoo de La Flèche passe pour un lieu sympa et joli où les gens sont heureux de travailler et les visiteurs contents, autant en faire un spécialiste de la conservation des espèces, c'est un peu fort... Cette émission est tout de même un pain béni pour le zoo. Je sais pas qui chez Endemol a choisi la Flèche et pas Doué, Beauval ou Fréjus comme cadre, mais il peut être remercié grandement.

[Philippe]

Cette émission est en fait produite par Banijay, société créée par Stéphane Courbit, l'ex-patron d'Endemol.

[okapi]

Je ne connais pas le plan de financement pour ces lodges à répétition, mais je suis à peu près certain que le retour sur investissement est au-delà de leurs espérances! Avec l'impact de la série Télé et l'aspect séduisant du parc pour le néophyte, ils pourraient en construire trois fois plus et ce serait toujours rentable! Quinze lodges, c'est au maximum une petite centaine de personnes concernées, mais à 150€ en moyenne par nuit par personne, c'est 15 000€ de chiffre d'affaire par jour... On parle tout de même de 3 millions pour 200 nuits d'occupation... Bien sûr, il y a de nombreux frais quotidiens, mais sur dix ans, 30 millions de chiffre d'affaire, ce n'est pas anodin... Et si on augmente les tarifs, le nombre de lodges et donc de nuitées, je vous laisse le soin de faire les calculs... Sachant qu'en saison haute, pour une famille de quatre personnes, on frôle les 700€ par nuit... Je suis prêt à parier qu'ils vont penser l'extension et les prochains enclos, donc également les espèces, en fonction de deux, trois, voire quatre lodges par espace... Des lodges aériens au-dessus d'une savane africaine ou d'une plaine asiatique, avec coucher et lever de soleil sur le point d'eau, les girafes et les éléphants, ça va le faire très, très bien...

[raphaël]

Des lodges aériens au-dessus d'une savane africaine ou d'une plaine asiatique, avec coucher et lever de soleil sur le point d'eau, les girafes et les éléphants, ça va le faire très, très bien...

C'est un peu ce qu'on a au Pal aussi

A vrai dire, j'étais plutôt sceptique sur la pérennité du lodge. C'est à dire que si le zoo en crée cinq ou six, je pense bien que ça sera rempli à vie. S'il y en a trente, je doute du retour à long terme...
Mais en fait si, sûrement. Les hébergements nature et insolites se multiplient partout, pas que dans les zoos mais aussi dans les parcs urbains, à la montagne, en bord de mer... C'est une tendance !
Pour la Flèche, de toutes façons depuis plus de vingt ans les nouveautés n'ont toujours concerné que les gros animaux : spectacles, ours, lions, tigres, loups, hippos nains, etc... Cela ne changera pas beaucoup.
Peut être même que la présence de lodges va "obliger" à augmenter les surfaces des enclos pour ne pas avoir de vis à vis entre les différentes cabanes.

D'un point de vue animalier, il est urgent de refaire toute la partie du début, vivarium-singes africains-girafes.

[okapi]

Sans parler d'une rentabilité éternelle, même à échéance de dix ou quinze ans, c'est une formidable bonne affaire! On parle de dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaire! Et surtout, en occupant le terrain avec un certain luxe, la Flèche a plus de raisons de continuer à augmenter ses tarifs en ajoutant des bonus réguliers que le Cerza qui a démarré avec des aménagements plus spartiates et qui surtout a fait le choix d'un "village" plus que de bungalows isolés. Ils pourront toujours refaire la déco, aujourd'hui plutôt moche, ils auront plus de mal à survendre leurs séjours comme La Flèche va pouvoir le faire en profitant de périodes spéciales tout au long de l'année et en développant sans cesse son offre. Il y a encore au moins vingt lodges spectaculaires à imaginer!

[okapi]

Sans parler du fait qu'il sera bien plus rentable d'avoir deux ou trois enclos avec des tigres, deux ou trois avec des lions (celui avec d'éventuels lionceaux majoré au moment des premières sorties) et pourquoi pas deux ou trois avec des ours: tigres blancs, de Sibérie, de Sumatra, lions d'Asie, lions blancs, lions classiques, ours noirs, ours à collier, ours à lunettes... Neuf enclos, dix-huit lodges...

[abel]

Ce que je ne comprends pas, c'est qu'alors qu'on nous répète: "c'est la crise"," le chômage augmente" (ce qui est vrai, je pense), des gens avec parfois des salaires pas super élevés sont prêts à débourser 500 euros ou plus pour passer une ou deux nuits au zoo... C'est sans doute une super expérience, mais quand même...A mon avis, ça va être le premier frein à l'expansion "lodges" de La Flèche: le prix très élevé des lodges. Déjà, sur la page facebook du zoo on peut voir plusieurs commentaires de gens regrettant que les lodges soient trop cher...

[raphaël]

La crise n'existe pas, en tout cas pas dans ce domaine...
Au contraire, en temps de morosité les gens veulent du rêve. Les lodges coutent cher, mais les familles vont le faire une fois dans leur vie, peut-être deux maxi, c'est comme un weekend à Disney, ça se planifie, pour l'anniv du petit dernier ou autre, ça s'attend avec excitation, ça se raconte aux proches et aux copains... Et ça revient toujours moins cher que de partir en safari au Kenya ou en Scandinavie.

C'est vrai que ce qui pourrait être bien (mais ça n'en prend pas trop trop le chemin à La Flèche) c'est de profiter des lodges pour avoir des enclos "off" pas visibles en visite classique, et ainsi multiplier les enclos d'accueil pour les EEP en surpopulation. Deux ou trois enclos à lions d'Asie, à tigres de Sumatra/Sibérie, ou à ours à lunettes, c'est cool.