"Libération" en direct du zoo de Vincennes

[Philippe]

En avril 2014, la réouverture du parc animalier, après six ans et 170 millions d'euros de travaux, avait fait grand bruit. Depuis, plus de 2 millions de personnes s'y sont rendues, une soixantaine de bébés y sont nés… L'occasion de dresser un bilan du lieu.

Six ans de fermeture, des travaux à 170 millions d’euros, un lieu connu des Parisiens depuis plus de quatre-vingts ans : pas étonnant que la réouverture du zoo de Vincennes, en avril 2014, ait été très attendue. Résultat, deux millions de personnes se sont déjà pressées en quinze mois dans cet espace nouvelle génération qui promeut la recherche, la conservation et le bien-être animal, et qui préfère se faire appeler «parc zoologique» pour marquer sa différence avec ces «zoos» remplis de cages et de barreaux.

A Vincennes, un millier d’animaux de 180 espèces différentes déambulent dans cinq «biozones» qui se rapprochent de leur milieu naturel : la Patagonie, ses manchots et autres otaries à crinière ; le Sahel-Soudan et sa plaine aux girafes (16, en tout, soit le plus grand troupeau d’Europe) ; l’Europe et ses loups ibériques, ses lynx et ses crapauds ; la Guyane-Amazonie et ses anacondas, et enfin Madagascar et ses tortues et lémuriens.

Au total, un espace de plus de 14 hectares permet aux visiteurs d’admirer toutes ces créatures, selon leur gré à elles : c’est l’animal qui a présidé à l’agencement des espaces, et non le tourisme. Ce qui a pu engendrer quelques frustrations et critiques. Où sont donc les ours et autres éléphants ?
Le parc, qui dépend du Muséum d’histoire naturelle, a choisi de ne pas en présenter : ces imposantes espèces auraient en effet besoin d’un hectare chacune et de vivre en société pour se sentir bien, ce que l’espace disponible n’aurait pas permis.
Autre point de crispation, les tarifs. A 22 euros par adulte, 14 par enfant et 16,50 pour les 12-25 ans, la balade en famille peut rapidement coûter un bras. Et l’agencement des lieux ne garantit aucunement que tous les animaux soient visibles.

Passée l’excitation des débuts, le public est-il toujours au rendez-vous ? Comment se porte la soixantaine de petits (dont deux girafons et trois lionceaux nés en avril) ? Comment Tinus, le lamantin de 24 ans venu d’Amsterdam, vit-il le deuil de son congénère Barry, mort asphyxié dans son bassin à l’âge de 3 ans l’été dernier ? Comment travaille la soixantaine d’employés du lieu ? Pour répondre à toutes ces questions, Libération a choisi de s’installer pour quelques heures au cœur du parc zoologique de Vincennes et d’en conter les coulisses tout au long de la matinée.

Source : Libération.

[Philippe]

08:29
Une heure avant l'ouverture au public du parc zoologique de Vincennes, le personnel d'entretien est encore à l'œuvre et les soigneurs arrivent au compte-goutte. Notre premier rendez-vous de la journée sera avec les girafes, d'ici une dizaine de minutes, pour leur petit déjeuner.

08:41 Les girafes de Vincennes attaquent leur petit-dej
Les 16 girafes du parc, le plus grand troupeau d'Europe, sont les seuls animaux à être restés pendant les six ans de travaux nécessaires à la rénovation. Très sociables, elles ne pouvaient être séparées, et aucun zoo ne pouvait accueillir un tel groupe. Pendant que vous buvez votre café, elles dégustent des bananes, oignons, pommes, carottes et autres endives, ainsi que de la luzerne. Ajoutez de la barbotine : des flocons d'avoine et de la farine d'orge dans de l'eau bien chaude.
09:10
Parmi les girafes, figurent deux mâles reproducteurs. Côté taille, Guenievre est la plus grande, du haut de ses cinq mètres. Le troupeau dort à l'intérieur, où la température oscille entre 20 et 25 degrés.

Gatimu, 5 ans, le male et chouchou de Julie, la soigneuse.

09:29 Training médical avec des rhinocéros
Prochaine étape : le training médical avec les deux rhinocéros du parc, Angus et Wamy, bientôt 4 ans. Objectif pour leurs soigneurs, Adeline et Mathieu : les habituer à être manipulés, pour éviter de devoir les anesthésier pour de petits bobos. Tous deux cohabitent avec trois zèbres femelle dans leur enclos, situé dans la zone Sahel-Soudan. Herbivores, ils mangent principalement du foin et des branches, ainsi que des pommes et des carottes.

Source : Libération.

[Philippe]

09:47

Mathieu, l'un des soigneurs de la zone Sahel-Soudan, travaille au parc zoologique de Vincennes depuis 20 ans. Avant la réouverture, il s'occupait des six éléphants. Ceux-ci ont quitté les lieux en 2005. Les deux derniers, des femelles, vivent désormais dans un zoo d'Auvergne. Un déchirement pour Mathieu, qui est retourné les voir à plusieurs reprises. « Mais c'est pour leur bien », dit-il.

[Philippe]

10:03 Huile de foie de morue au menu des soins pour les rhinos

Wamy rechigne un peu à se mettre en position pour être approché par les soigneurs. C'est donc son congénère Angus qui va y aller en premier. Mathieu met du désinfectant, de l'huile de foie de morue et de l'argile verte sur les pattes des rhinos pour traiter les fissures sur leurs ongles, pendant qu'Adeline maintient l'attention d'Angus à l'aide d'une petite cible rouge placée au bout d'un bâton.

Wamy, même s'il est arrivé le premier au zoo, est un peu plus peureux et parfois capricieux, qu'Angus. Ce matin, il n'est pas très partant pour les soins, passe sa tête entre les barreaux. Quand il touche la cible rouge au bout du bâton de la soigneuse, celle-ci déclenche un petit bruit via un boîtier, toujours le même, et lui donne une récompense, pour qu'il comprenne qu'il a été sage.

Chaque matin, le même rituel: ramasser les selles des rhinos, qui font caca toujours au même endroit.

[Philippe]

10:58 Trois naissances de lionceaux à Vincennes

Point naissances : trois lionceaux sont nés depuis la réouverture, la première naissance de grands fauves ici depuis les années 1980. A terme, au moins l'un des trois partira dans un autre zoo, dans le cadre de la démarche de conservation du Muséum, dont dépend le parc zoologique de Vincennes. L'intérêt suscité par leur naissance a donné lieu à une sorte de festival de Cannes ici.

[Philippe]

11:23 Herbert, 6 ans, lamantin

Dans la grande serre, l'enclos des lamantins. Oui, au pluriel. Car un an après la mort accidentelle de Barry, trois ans, asphyxié dans son bassin en août 2014, un deuxième lamantin est arrivé le 15 juin dernier pour tenir compagnie a Tinus, 24 ans. Il s'appelle Herbert, a 6 ans, et vient de Nuremberg.

[Philippe]

11:45 La loutre reste menacée

Nouvelle étape : le nourrissage des loutres, et il y a foule pour y assister. C'est Antoine, le soigneur, qui s'en charge. Au menu : de l'éperlan, du blanc de poulet et ensuite quelques truites vivantes pour permettre aux loutres de pêcher. Parfois, elles ont aussi droit à du cœur de bœuf. Chacune peut manger jusqu'à 1 kg de nourriture par jour.

Antoine rappelle que la loutre est une espèce protégée, dont la chasse est interdite en France depuis 1972 (elle était prisée pour sa fourrure). L'animal fait progressivement son retour, notamment en Bretagne, mais reste menacé, principalement en raison de collisions avec des voitures, première cause de mortalité, et également à cause de la pollution des cours d'eau.

12:04 Manchots, pingouins : dites stop aux amalgames
Vessies, lanternes, tout ça.

Chez les manchots aussi, c'est l'heure de passer à table. Mais surtout, de remettre les pendules a l'heure. Aurélien, le soigneur, dit stop aux amalgames avec les pingouins. Pour les différencier, deux astuces : les manchots vivent dans l'hémisphère sud et ne volent pas, tandis que les pingouins vivent au Nord et leurs ailes leur permettent de voler. Il fallait que ce soit dit.

12:27 Ce cher zoo de Vincennes

Dans la grande volière, on croise Denise, Alsacienne retraitée de passage pour 8 jours à Paris. Accompagnée de sa fille et de son petit-fils de 21 mois, la petite famille a déboursé 58 euros de droit d'entrée au total. L'entrée est a 22 euros par adulte et 14 euros par enfant. « Un peu cher pour les adultes », trouvent les deux femmes. D'autant qu'elles n'excluent pas de déjeuner sur place. « Une fois qu'on est la, on est un peu captives », notent-elles. Les tarifs du zoo ont suscité une polémique à la réouverture. Le parc a donc lancé un système de pass annuel pour les plus gros fans des lieux : il en coûte 65 euros par adulte.

13:06 « J'ai vraiment eu l'impression de contribuer à la vie du zoo »

Croisée dans les allées de la grande serre : Margot, 21 ans, qui mitraille les singes avec son appareil photo. La jeune femme vient en réalité de boucler un mois de stage au zoo, chez les singes justement. Son souvenir le plus marquant : une naissance chez les marousses, le 23 juillet dernier. « J'ai vraiment eu l'impression de contribuer à la vie du zoo », apprécie-t-elle.

13:46 « Concilier la démarche naturaliste du muséum et la présentation au public.»

Alexis Lécu, chef vétérinaire et directeur scientifique, insiste sur le défi posé par le parc zoologique de Vincennes : « concilier la démarche naturaliste du muséum et la présentation au public. » « L'objectif est bien sûr de faire découvrir des espèces, mais aussi d'avoir une approche pédagogique. L'immersion et le bien être animalier sont essentiels. »

Autre enjeu : l'espace, qui doit être à la fois suffisant et adapté. « Il faut par exemple penser à prévoir des cachettes, des rochers chauffants pour les lions, des espaces en hauteur pour les loups... Mais sur cet aspect, on a l'avantage d'être partis de zéro. » Alors que certains visiteurs se sont plaints à la réouverture du manque de visibilité, cet aspect s'est amélioré, assure le directeur scientifique. « Certains groupes ont grossi grâce aux naissances, et nous avons aussi revu la manière de tailler la végétation pour améliorer la visibilité. ».

Enfin, rassurez-vous : Tinus, le lamantin, s'est très bien acclimaté à son nouveau camarade, arrive mi juin. « Tous deux communiquent, échangent des sons, sifflent et se répondent », observe Alexis Lécu. C'est donc sur cette nouvelle rassurante que nous quittons (à regret) le zoo. Retour à la civilisation, toute proche.

Source : Libération.

[raphaël]

"Son souvenir le plus marquant : une naissance chez les marousses"

ça serait pas chez les "mains rousses" plutôt ?

[Philippe]

Mais non Raphaël, ! C'est un audacieux plan "com" destiné à susciter l'étonnement du lecteur pour l'inciter à venir découvrir cette espèce inconnue Porte dorée...

[didier]

nous avons aussi revu la manière de tailler la végétation pour améliorer la visibilité. ».

Tu m'étonnes ! Chez les gloutons, on y voit plus clair, c'est sûr !