Dès 7 h 30, un soigneur prépare le premier repas de la journée pour les otaries et les dauphins. L’équipe passe ensuite en revue les troupes aquatiques du parc d’attractions, avant leur entrée en scène.
À l’oreille déjà, à peine entré dans l’enceinte du Parc Astérix, le visiteur repère le Théâtre de Poséidon. Non, ce ne sont pas des chiens de meute enfermés dans un chenil, mais les aboiements des otaries. Elles sont quatre à se partager un bassin, qui jouxte celui des neuf dauphins, ces derniers constituant le motif de notre venue.
À dix heures, ce matin-là, les visiteurs commencent tout juste à franchir les portes du parc d’attractions. Le premier spectacle est programmé à 11 heures dans le Théâtre de Poséidon, d’une capacité de 2.000 places. Des employés s’affairent encore pour nettoyer les gradins. Le comédien qui anime le spectacle répète son texte. « Avant que vous me posiez la question, oui, c’est de l’eau de mer reconstituée », récite-t-il. Dans une heure, il portera un nœud papillon rouge et le public aura pris place sur les gradins.
Huit soigneurs et des saisonniers
Au bord du bassin, Deborah Mallet, ses longs cheveux gris soigneusement tirés vers l’arrière, se tient bien droite dans sa combinaison de plongée noire. Elle est « soigneur animalier », un terme qu’elle préfère à « dresseur » : « Quand on dit dresseur, les gens ont l’image du lion avec le fouet. » Un métier qui s’apprend sur le terrain. « Il faut des gens à l’aise dans l’eau, qui savent écouter l’animal, être à sa disposition, et ça ne s’apprend pas… »
Le site dédié au célèbre personnage de BD emploie huit soigneurs et des saisonniers pour s’occuper du Théâtre de Poséidon et ses vedettes aquatiques. Le bassin a été rénové en 2007. « Il n’est pas hyper grand, reconnaît Deborah Mallet, mais on est dans les normes qui existent en Europe. »
La première personne de l’équipe arrive dès 7 h 30. Elle prépare le petit-déjeuner pour les occupants des deux bassins. « Le poisson est mis à décongeler la veille. Il est congelé pour éviter les risques de parasites », explique Deborah Mallet. Le menu est varié pour répondre à un maximum de besoins : « Hareng, merlan, calamar, maquereau… », énumère la soigneuse. Un dauphin adulte mange entre six et sept kilos de poissons par jour.
À 9 heures, la troupe prend son premier repas. Les cétacés effectuent quelques cabrioles, éclaboussant les bords. Attention à ne pas laisser traîner un carnet de notes ou un appareil photo… À dix heures, les soigneurs prennent la température de deux femelles en gestation. « On est aux petits soins », souligne Deborah Mallet. Un vétérinaire suit également régulièrement les pensionnaires du Théâtre de Poséidon. Dans le bassin attenant, qui communique, les otaries font également l’objet des attentions du personnel.
« Un coup de sifflet si c’est super »
Place ensuite à quelques exercices. Les dauphins répondent aux gestes mis au point par les soigneurs, jaillissant hors de l’eau comme des flèches et se lançant dans des sauts plus ou moins acrobatiques. « On donne un coup de sifflet si c’est super, et derrière on récompense avec du poisson ou des gratouilles. Mais on ne cherche pas non plus à en faire des super-athlètes. » Deborah Mallet assure que si un dauphin n’a pas envie de participer au spectacle, le personnel ne le force pas à entrer en scène. « Les maîtres mots sont écoute et adaptation. »
Une fois le petit-déjeuner distribué et les premiers entraînements exécutés, les soigneurs se réunissent autour d’une table pour revoir les derniers points du spectacle avec le comédien qui se charge de la présentation. Il est bientôt onze heures et à l’extérieur, les spectateurs commencent à prendre place sur les gradins.
Des manifestations
Tout le monde ne voit pas d’un bon œil la présence de dauphins dans des parcs de loisirs. Le collectif C’est assez ! manifeste régulièrement devant le Parc Astérix. « Les dauphins sont des nomades qui parcourent jusqu’à 100 km par jour dans la mer, et là ils se trouvent dans un espace réduit avec des congénères qu’ils n’ont pas choisis », dénonce Christine Grandjean du collectif. Catherine Cesarini, déléguée du réseau national d’échouage estime : « Ce n’est pas le parc qu’il faut condamner, il répond à une demande. Tant que les gens penseront aux dauphins comme un gentil animal qui est là pour faire plaisir à l’homme… » Catherine Cesarini épingle aussi la captivité : « Ils mangent de la nourriture, n’ont rien d’autre à faire que tourner en rond, sont davantage exposés aux maladies… Leur espérance de vie est réduite. »
« 90% de Français »
Quelle est la fréquentation du site ?
Nous avons enregistré 1,69 million de visiteurs l’an dernier, après un tassement en 2013. La tendance, cette année, est à la hausse, on le sent depuis la réouverture en avril. Ce qui joue sur la fréquentation ? Les nouvelles attractions, la qualité du produit, la météo. En 2012, nous avons connu une augmentation avec l’ouverture d’Oziris (Ndlr : une montagne russe, les pieds dans le vide à 40 mètres de hauteur). La météo influe sur les entrées, car nous avons beaucoup d’attractions d’eau. Ce mois de juillet, nous avons eu une très belle météo. L’économie est un autre facteur important. On entend parfois que la crise économique pousse les gens à chercher l’évasion, les loisirs. Mais dans la réalité, mieux l’économie se porte, plus il y a une recherche de divertissement.
Quel est le chiffre d’affaires du parc ?
73 millions d’euros. On peut dire qu’on réalise une part importante de notre chiffre d’affaires sur les nouveautés. Cette année, nous avons ouvert la forêt d’Idéfix, un investissement de quatre millions d’euros. Nous présentons trois nouveaux spectacles, dont Gaulois-Romains. L’investissement sur la partie spectacles représente 3 millions d’euros. Les grosses nouveautés sont mises en place tous les cinq ans, pour 12 à 15 millions d’euros. Cela a été le cas avec Oziris.
Votre principal rival, c’est Eurodisney ?
Ils ont une clientèle internationale, alors que la nôtre est plutôt nationale. Eux sont plutôt sur du haut de gamme, nous du moyen de gamme. Ils sont plus chers. À part pour la clientèle d’Île-de-France, j’ai pour habitude de dire qu’on n’est pas vraiment concurrent. Plus il y a de visiteurs dans un parc, plus ils viennent dans un autre. Nos concurrents, ce sont surtout des parcs régionaux, n’importe quel zoo, n’importe quel spectacle. Le personnage d’Astérix est dans l’ADN des Français. 90 % de nos visiteurs sont français. Parmi les étrangers, on trouve surtout des Belges, des Hollandais, des Anglais. C’est lié aussi à notre communication qui se fait principalement en France.
Les anecdotes
Un nouveau spectacle dans l’arène
Le Parc Astérix propose plusieurs spectacles. Dans les nouveautés, cette année : Gaulois-Romains : le match, un spectacle qui mélange humour et acrobaties. Les spectateurs prennent place dans une arène relookée façon show télé géant. Les deux camps s’affrontent au cours de trois épreuves. Évidemment, les Romains trichent pour arriver à leurs fins. La compétition est présentée par une animatrice arriviste, acquise à la cause de Jules César. « Elle est très amusante à jouer », confie Lucie Fabry, une des comédiennes qui incarne le personnage.
Deux dauphins nés en juillet
Après notre reportage, deux dauphins sont nés à cinq jours d’intervalle au Parc Astérix. Le 3 juillet, Bailly a donné naissance à une femelle, nommée Bahia. Le 8 juillet, Aya a mis au monde une femelle, baptisée Aloa. L’un des delphineaux n’a malheureusement pas survécu. Aloa est morte dans la nuit du vendredi 17 au samedi 18 juillet. Dans un communiqué, le Parc Astérix indiquait : « Elle est décédée lors d’une dispute entre les femelles adultes, au cours de laquelle elle a reçu accidentellement un coup, provoquant son décès immédiat. L’équipe du delphinarium, présente en continu, n’a rien pu faire. » Le site a connu la naissance d’une quinzaine de cétacés depuis son ouverture en 1989 et a déjà perdu des delphineaux, dont l’un dans des circonstances similaires.
L’école d’ingénieurs de Compiègne loue le site
Le site et ses attractions peuvent être privatisés. C’est à la carte : les clients choisissent les prestations qui les intéressent. Des comités d’entreprise ou des écoles profitent de cette opportunité. « Cela arrive plutôt en soirée », précise Guy Vassel, responsable de la communication. Les étudiants de l’Université de technologie de Compiègne (UTC) réservent le parc depuis quelques années, à la rentrée. Le 25 septembre prochain, ce sont ainsi 3.500 étudiants, diplômés, membres du personnel et proches qui sont attendus.
Source : Le Courrier picard.