A Saint-Aignan-sur-Cher, les riverains du parc animalier ont appris à vivre à ses côtés. Au gré des projets d’extension et des travaux qui en découlent.
Claude et Ginette, deux septuagénaires fringants, se sont enfermés chez eux en ce chaud après-midi de juillet. En fond sonore, la télévision diffuse l'étape du Tour de France. Cela fait plus de 40 ans qu'ils vivent dans leur petit corps de ferme, sur la route de la Caillette. « Nous étions là quand le zoo a démarré, j'y ai même travaillé en tant que femme de ménage durant les deux premières années », affirme Ginette. Si le zoo et ses animaux ne les dérangent pas, ils déplorent les conditions de circulation autour de chez eux. « Avant, nous avions un simple chemin de terre devant chez nous, désormais ce sont des camions qui passent toutes les deux minutes et aux heures de pointe on voit arriver les visiteurs de Tours, Poitiers, Loches… », regrette Claude.
Les champs de cornichons transformés en parkings
Toujours au lieu-dit de la Caillette, plusieurs maisons n'affichent aucun nom sur les boîtes aux lettres. Dans l'une d'entre elles, nous croisons deux employés du zoo. Ils travaillent dans la maintenance. « Nous intervenons dans les logements acquis par la direction afin de loger des employés et des saisonniers », déclarent-ils. Nous apprendrons plus tard que plusieurs maisons dans les environs immédiats du zoo sont dans ce cas.
Nous voici désormais chez Monique. Au fond de son grand jardin, elle peut apercevoir les rhinocéros qui se prélassent dans leurs bassins. « Une fois j'ai retrouvé une gazelle sur mon terrain. C'est surprenant mais c'est rare. Nous sommes en très bons termes avec la direction du zoo. Ce qui nous gène le plus ce sont les travaux car il y a beaucoup de poussière et des va-et-vient incessants », indique-t-elle. Ses petits-enfants travaillent cet été en tant que saisonniers au sein du zoo, l'un d'entre eux a même été récemment embauché comme paysagiste.
Le paysage autour du zoo, lui, a bien changé en 35 ans. Jean, qui habite sur les hauteurs, en face des parkings, a vu l'évolution. « Les champs de cornichons sont devenus des aires de stationnement, mais moi ça ne me dérange pas plus que ça. » Au début l'année 2015, un nouvel hôtel a été inauguré. Nommé La Pagode, son style architectural d'inspiration asiatique ne fait pas que des heureux. A l'instar de ce couple qui a souhaité conserver son anonymat. « Franchement, cet hôtel est peut-être joli mais il n'a pas sa place dans le val. En plus, on nous avait promis que ce serait calme à partir de 20 h le soir, mais nous sommes dérangés jusqu'à 23 h parfois lorsqu'il y a des réceptions », soupirent-ils.
Enfin, le dernier point noir soulevé par ce couple est la circulation autour du site. « Il faut choisir ses heures pour faire les courses avant le rush des visiteurs. Heureusement le supermarché local a adapté ses horaires en ouvrant plus tôt le matin. »
Humeur
Dans la jungle
Selon un sondage de l'institut Opinion Way paru dernièrement, le zoo de Beauval a été désigné comme le meilleur zoo de France avec 70 % d'avis favorables. Alors que des milliers - voire million - de visiteurs vont franchir ses portes cette année, nous sommes allés recueillir la parole des riverains que l'on entend peu d'ordinaire. Compte tenu des désagréments liés au flux des touristes et aux travaux en cours, pas sûr que ces habitants, qui sont désormais une poignée à vivre dans cette jungle d'hôtels, parkings et nouveaux enclos animaliers, donneraient une aussi bonne note à leur cher voisin.
Le chiffre
13
C'est le nombre d'hectares prévus par les travaux d'extension du nouveau bassin des hippopotames et d'une zone africaine. Ce qui porte la superficie totale du zoo à 32 hectares.
La question
Le parc va-t-il dépasser le million de visiteurs cette année ?
« C'est fort probable car la fréquentation a augmenté de 30 % au printemps 2015 (avril et mai), tant en nombre d'entrées, qu'en termes de chiffre d'affaires », a déclaré Rodolphe Delord. En 2014, 950.000 visiteurs ont été recensés.
Jean habite en face des parkings et a été témoin de l'évolution du zoo, ces quinze dernières années.
Les travaux actuels dérangent les riverains.
Monique côtoie les rhinocéros dont l'enclos est mitoyen à son jardin.
Source : La Nouvelle République du Centre-Ouest.