
Dans leur milieu naturel, les bonobos vivent en République démocratique du Congo. Dix-neuf de ces primates sont en France, au parc de la Vallée des singes à Romagne, dans la Vienne, qui vient de débuter sa saison.
Ils sont souvent considérés comme la version la plus hippie des singes. Les bonobos, ces primates vivant dans leur milieu naturel en République démocratique du Congo, pourraient presque reprendre à leur compte le célèbre slogan clamé par les chantres de la révolution sexuelle : « Faites l’amour, pas la guerre. » Presque. Même si les comportements sexuels sont omniprésents dans leur vie quotidienne, ils n’excluent pas certaines violences.
Le sexe, un outil social
« Le sexe est un outil social chez les bonobos », analyse Magaly Bouyer, ancienne animalière devenue responsable pédagogique de la Vallée des singes. Le parc qui s’étend sur 16 hectares à Romagne, dans la Vienne, en rase campagne, abrite 400 primates dont 19 de ces singes particulièrement intelligents et tactiles.
« C’est le seul endroit où on peut voir des bonobos en France, et c’est aussi le plus grand groupe du monde en captivité », annonce Nathalie Audiguet, la responsable commerciale de la structure qui a rouvert ses portes le 28 février. Une véritable pouponnière où sont nés quatre bébés, Moko, Kalesi, Yuli et enfin Swahili, en septembre dernier. Preuve que ces singes ont pris leurs aises dans l’espace qui leur est dédié depuis 2010 : un bâtiment chauffé de 900 mètres carrés et une forêt d’un hectare, séparée par une simple barrière d’eau des visiteurs. Où ils reproduisent leurs comportements naturels.
« Les bonobos sont atypiques par rapport aux autres primates, pour qui le sexe sert à la reproduction, reprend Magaly Bouyer. On observe, chez eux, de nombreux comportements sexuels dans la journée, comme au moment du nourrissage où ils sont très excités. Lorsque l’on introduit un nouvel individu dans un groupe, il va commencer par s’accoupler avec les autres individus. »
Une société matriarcale
Un seul tabou chez les bonobos qui peuvent mesurer jusqu’à 1,40 m debout et pèsent grosso modo de 40 à 50 kg : « Un fils n’aura jamais de comportement sexuel avec sa mère », explique la spécialiste en éthologie.

D’où leur vient l’étiquette « Peace and Love » ? « Si un conflit commence, plutôt que d’aller tout de suite à la bagarre, ils vont plutôt opter pour un comportement sexuel », reprend Magaly Bouyer. Feint ou réel. Ce qui n’exclut pas de réelles violences dans cette organisation matriarcale. « Chez les bonobos, ce sont les femelles, créant des alliances entre elles, qui dirigent : les mâles n’ont pas leur mot à dire, ils sont dominés, décrit la responsable pédagogique. Suite à leurs attaques, ils peuvent être mutilés au niveau des parties génitales ou encore des doigts. Lorsque le mâle demande pardon, il tend la main. Et si le pardon n’est pas donné, la femelle la croque. »

Génétiquement très proches de l’homme, les bonobos sont omnivores – même s’ils se nourrissent principalement de plantes et de fruits – passent près de 20 % de leur temps en marche bipède et communiquent de différentes façons.
Une espèce menacée
En passant à proximité de leur île, au moment d’un des sept à huit repas de la journée, le visiteur sera surpris par des vocalises très aiguës poussant même les soigneurs à s’équiper de casques. Mais ces primates s’expriment aussi par des mimiques faciales, par leur gestuelle ou encore via le toilettage.

Ils sont aujourd’hui environ 180 à vivre dans des parcs en Europe et aux États-Unis et on estime, au mieux, à 15 000 le nombre d’individus vivant en République démocratique du Congo. Ces animaux, traqués et chassés, sont aujourd’hui une espèce menacée. Malgré leur longévité. Ces primates peuvent vivre une soixantaine d’années en captivité. La doyenne de la Vallée des singes, Daniela, est âgée de 48 ans et sa mère vit toujours, en Allemagne, à plus de 60 ans. Preuve que l’amour, ça conserve.


Source : http://kiosque.leditiondusoir.fr/data/4 ... 36/page/11