Espèces menacées : la fécondation in vitro à la rescousse

Espèces menacées : la fécondation in vitro à la rescousse

Messagepar Philippe » Jeudi 16 Octobre 2014 7:01

La pollution, les pesticides, le braconnage et la déforestation déciment la faune sur notre planète. Sur 73 000 espèces, plus d’un quart sont en voie d’extinction. Selon le rapport du WWF qui vient de sortir, la chute est de 52 % ! Pour enrayer ce phénomène alarmant, certains scientifiques commencent à pratiquer la cryogénisation du sperme qu’ils réimplantent sur les dernières femelles. Eléphants rares, cervidés, panthères... naissent grâce à des fécondations in vitro. Ces banques de sperme sauront-elles enrayer la mort annoncée ?

Son allure est étrange. Mi-zèbre, mi-girafe. Un corps brun, trapu, des pattes arrière plus courtes que celles de devant. L’okapi est vénéré au Congo, l’unique pays au monde où il vit encore à l’état sauvage. Sa silhouette figure même sur les billets de banque en francs congolais… Mais l’espèce vient d’être classée « en danger » par l’Union ­internationale pour la conservation de la nature. Et la République démocratique du Congo, en pleine guerre civile, a d’autres chats à fouetter. Pourtant, sauver les espèces en voie de disparition, c’est tout simplement maintenir l’écosystème de notre monde actuel.
Dans la dernière édition de la liste rouge mondiale, sur 73.686 espèces évaluées, 22.103 sont menacées d’extinction. Par exemple, l’éléphant d’Afrique. Sa population est passée de 20 000 individus il y a quarante ans à 2 000 aujourd’hui. La ­naissance de Sutton, le « baby elephant », le 5 mai dernier, au zoo de West Midlands, en Grande-Bretagne, a créé l’événement. Sur ses pattes encore flageolantes, le beau bébé de 100 kilos est ­devenu une star des réseaux sociaux.

Ce qu’on ignore, c’est qu’il est le deuxième éléphanteau conçu grâce à du sperme congelé après Iqhwa, né en ­septembre 2013 à Vienne. Une équipe française de la réserve de la Haute-Touche, dans l’Indre, aidée par des spécialistes ­allemands, est à l’origine de ces exploits. Car, oui, on peut parler de performance tant l’opération est délicate. Ils étaient quatre scientifiques à partir, en septembre 2010, en expédition en Afrique du Sud. L’objectif : ­anesthésier des mâles pour leur prélever du sperme par électro-éjaculation et ramener en France la précieuse ­semence afin de féconder des femelles de zoos en évitant la consanguinité. En Europe, 202 éléphants d’Afrique vivent en captivité. Mais il n’y a que 52 mâles pour 150 femelles. « Nous manquions de mâles reproducteurs », confirme Rodolphe ­Delord, directeur du Zooparc de Beauval depuis vingt-cinq ans.
En Afrique du Sud, un petit laboratoire de brousse est installé dans une chambre d’hôtel afin de traiter la semence récoltée. Avec les moyens du bord, bien rudimentaires : « Nous l’avons diluée avec un produit à base de jaune d’œuf, puis congelée à moins 196 °C », se souvient Rodolphe Delord. Beauval dispose de l’unique banque de ­semence d’éléphant au monde. Soit 505 tubes de semence congelée – qui représentent 3,2 litres – entreposés dans une cuve d’azote liquide où la température ne dépasse pas les moins 196 °C. De quoi inséminer une vingtaine d’éléphantes.
Depuis l’importation de la semence, huit inséminations ont été réalisées : une en France à Beauval, une au Pays-Bas, une en Allemagne, une en Autriche et quatre en Grande-Bretagne. Le parc de Beauval ne fait pas commerce de ses semences. En revanche, il ­demande une contribution financière de 5 000 euros par insémination.

Dans la cryogénisation des semences, les Français sont précurseurs et répondent aux demandes étrangères

« L’expédition nous a coûté autour de 100.000 euros et, chaque année, nous avons pour plus de 10 000 euros de frais d’azote ­liquide », justifie Baptiste Mulot, ­vétérinaire à Beauval. Et, comme pour les humains, les inséminations ne réussissent pas toujours. Sur les huit pratiquées, deux ont abouti et donné naissance à un bébé. N’oublions pas que la gestation de l’éléphant dure de vingt à vingt-deux mois ! Certains imaginent déjà des « zoos congelés » pour protéger la bio­diversité.
Cocorico ! La France fait partie des pionnières. La ­réserve de la Haute-Touche, immense parc de 500 hectares présentant plus de 1.000 animaux, s’est ainsi dotée d’un laboratoire d’un nouveau genre. Sa spécialité : la cryoconservation. Entendez par là, la conservation, sous forme congelée, de semence – ovocytes ou spermatozoïdes – et d’embryons. Son objectif : faciliter la sauvegarde des espèces les plus en danger.
Le parc, qui dispose d’une belle collection de cervidés menacés, aligne les exploits. Récemment, un bébé cerf sika de ­Dybowski, une espèce rare qui vient de Russie, a pu voir le jour alors que le parc ne dispose plus ni de mâle ni de femelle de cette espèce. Dans la banque de semences du parc, Yann ­Locatelli, le responsable du laboratoire, avait à sa disposition des gamètes mâles congelés. Lorsque la dernière femelle Dybowski a trépassé, il a prélevé sur elle des gamètes femelles. « Nous avons pu produire trois embryons et nous les avons transférés sur trois mères porteuses élaphes, une autre sous-espèce de cerf, décrit-il. C’est une ­gestation pour autrui [GPA] sans les problèmes éthiques. »

Dans le monde, peu de laboratoires développent des ­techniques similaires. « Nous sommes des précurseurs », s’enthousiasme Yann Locatelli. Son laboratoire est en lien avec le zoo de Taipei, à Taïwan, pour échanger des semences de cervidés. Une espèce en particulier intéresse les Taïwanais : le cerf d’Eld du Siam. Il n’en existe qu’une petite centaine en liberté, au Cambodge et au Laos. On en recense moins d’une quarantaine en captivité, dont une dizaine au Cambodge et sept spécimens à la Haute-Touche.

A première vue, s’échanger des paillettes de semence – sortes de petites pailles contenant du liquide – semble une option plus facile à réaliser que le transport d’un animal ­vivant. Pas si simple ! Car un programme de procréation ­médicalement ­assistée (PMA) nécessite de nombreuses ­manipulations dont des anesthésies et comporte donc des risques pour la bête. Yann Locatelli ne veut prendre aucun risque : « On bichonne nos cerfs d’Eld. Pour l’instant, nous en sommes à l’étape d’action domesticatoire. Ils sont nés en ­captivité et pourtant ils ont encore du mal à vivre en bâtiment en hiver. Il faut en passer par là avant de pouvoir leur prélever de la semence. »
Le zoo, qui dispose de quatre mâles, les a depuis des années mais n’avait encore jamais osé « travailler » sur eux. Par moments, le vétérinaire avoue son impatience : « Vous imaginez s’il restait 100 pandas dans le monde ! Vous voyez déjà les tractations qu’il y a autour de chaque animal… » Mais les cerfs d’Eld ne sont pas des pandas. Ils n’attirent pas les foules comme ces stars de zoos noir et blanc aux airs de peluches. Pourtant, les techniques mises au point par Yann et son équipe pourraient, un jour, leur sauver la vie. Ou plutôt sauver l’espèce. Car il ne s’occupe pas que de cerfs.
Lorsqu’un animal d’une espèce en voie de disparition meurt dans un établissement français, le scientifique est appelé pour prélever sur lui une dernière fois de la semence. Ce fut le cas pour une panthère de Chine qui n’a pas survécu il y a deux ans au cours d’une opération. Parfois, le déplacement est inutile. « Le mâle okapi mort au zoo de Beauval n’avait plus de semence utile », regrette ainsi Roland Simon, le directeur de la réserve de la Haute-Touche. Aujourd’hui, la cryothèque du Muséum ­national d’histoire ­naturelle, dont dépend la réserve de la Haute-Touche, dispose de 15.000 échantillons de 500 espèces.

Du tissu ovarien greffé sur une souris pour produire des ovocytes de brebis

Et pourquoi ne pas cloner les animaux les plus menacés ? Locatelli le scientifique se heurte à l’éthique : « Non, le clonage va à l’encontre de l’idée de préservation de la diversité génétique. » Il planche sur un autre défi : faire naître un cerf d’une souris. Une idée folle ? Non, « un programme ambitieux ayant pour but de développer de nouvelles méthodes de cryobio­logie. »
Comment fonctionne cette technique de reproduction ­inter-espèces ? En résumé et pour faire simple, le vétérinaire cherche à conserver le tissu ovarien, ce tissu qui s’épuise au fil de la vie, en le prélevant puis en le greffant. Cela se fait chez la femme : au CHU de Limoges, en 2009, le Dr Pascal Piver a ­prélevé des tissus chez une patiente avant une chimiothérapie ­intensive et lui a regreffé ce même tissu après son traitement. Le tissu a produit des ovaires et la jeune femme a accouché d’un bébé sain.
Yann Locatelli, en partenariat avec le CNRS ­d’Orléans, est allé plus loin. Car il a greffé du tissu ovarien de brebis et de cervidés sur un animal d’une autre espèce : une souris. Les greffons ont pris et ont permis à Locatelli de recueillir des ­ovocytes matures de brebis et de cerf. « A partir de ces ovocytes que nous avons prélevés sur le rongeur, nous avons conçu, via une Fiv, des embryons. Mais, jusqu’à présent, ils n’étaient pas viables et donc pas aptes à être implantés sur une mère porteuse de même ­espèce ou d’une espèce voisine », explique-t-il. Ce n’est qu’une question de temps. Le chercheur travaille pour la science, même si ça ressemble parfois à de la science-fiction. Et le temps de la science dépasse celui de sa propre existence : « Mes démarches seront peut-être utiles plus tard. On considère que le nombre d’espèces menacées va doubler dans les années à venir. »
A moins 196 °C, une semence peut se conserver pendant au moins deux cents ans. Et c’est justement la durée que s’étaient fixée les acteurs de la conservation animale dans les années 1980, estimant qu’il s’agissait du temps nécessaire pour restaurer ou ­réparer un milieu naturel endommagé.

Eric Baratay, professeur d’histoire contemporaine à l’université Lyon-III modère ces prétentions. L’état sauvage ne se décrète pas, pas plus qu’il ne se rafistole. Selon lui, hélas, ces zoos de sperme ne parviendront pas à sauver une population naturelle. « Ces techniques de conservation du patrimoine génétique animal sont une forme de gestion d’élevage qu’on ­habille avec la protection de la biodiversité. » Dans 95 % des cas, les animaux ayant vécu en captivité depuis plusieurs générations ne pourront pas être réintroduits dans la nature. Quand bien même leur milieu sauvage serait restauré, ils seraient incapables de s’y réadapter. Pour lui, bien sûr, les ­animaux de zoo ne sont plus sauvages : « On est en train de créer de nouvelles espèces – les animaux de zoo –, comme on a créé il y a longtemps des animaux domestiques. »
Certaines ­espèces déjà n’existent plus que dans des parcs, ou presque. Comme l’oryx algazelle, une grande antilope trapue au pelage court qui vivait dans les steppes au centre du Niger, du Tchad et au sud de la Libye. Les dernières populations sauvages se sont éteintes dans les années 1970. Mais un millier d’entre elles vivent encore en captivité, dont quelques-unes au parc zoologique de Vincennes qui a rouvert ses portes cette année. A l’état sauvage, il ne reste que 45 panthères de l’Amour, appelées aussi panthères de Chine ; 220 autres survivent dans des zoos. Le Cyprinodon alvarezi, un petit poisson endémique du Mexique, lui, ne se rencontre plus du tout à l’état naturel. Il fait ­partie de ces espèces qui auraient complètement disparu sans l’aide des zoos… Mais, honnêtement, qui s’en soucie ? « Les espèces protégées et présentées dans les parcs sont celles qui plaisent au public », lâche, amer, Eric Baratay. Les machines à cash des zoos sont les grands singes, dont on se sent proche, et les « big five », ces merveilles de la ­nature : lion, léopard, ­éléphant, ­rhinocéros et buffle. « Un zoo ne bâtit pas sa ­réputation sur sa collection d’insectes et d’amphibiens », reconnaît ­Olivier Marquis, gestionnaire des reptiles, amphibiens et invertébrés au zoo de Vincennes. Loin des attirances naïves du ­public et des ­impératifs du tiroir-caisse, nos « zoos congelés » ont des capacités illimitées. ­Silencieux et froids, ces frigos géants seront les réserves animalières du XXIe siècle.

Source : Paris-Match.
Pour précision, M. Baratay est un historien et non un biologiste. Ses assertions sur les nouvelles espèces que créeraient les zoos restent aujourd'hui scientifiquement infondées.
Et de nombreux escargots du genre Partula ont été sauvés grâce aux zoos. On est loin des "big five" avec ces petits gastéropodes...
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Re: Espèces menacées : la fécondation in vitro à la rescouss

Messagepar Alexis » Jeudi 16 Octobre 2014 20:54

Mouais, d'une façon générale tous les articles (enfin, 90% si je suis gentil) de la presse française à grande diffusion (Paris-Match, Nouvel Obs, Libé, voire Le Monde) sont au mieux très médiocres lorsqu'ils se piquent de parler de protection de la nature. Entre les poncifs d'usage, les coquilles, les contresens et les affirmations d'opinion maquillées en vérités "scientifiques", il ne reste plus grand-chose d'intelligent à la fin.
Quand je les lis (j'évite le plus souvent mais parfois je n'ai pas le choix, genre dans un salon de coiffure ou en attendant de voir le docteur), je rêve même de jeter des cacahuètes aux journalistes qui les ont écrits...

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Re: Espèces menacées : la fécondation in vitro à la rescouss

Messagepar Antoine » Vendredi 23 Janvier 2015 18:21

Un autre article en lien, en provenance du Journal du Dimanche :

Le retour du mammouth d'ici quinze ans grâce au clonage ?

Face aux menaces pesant sur la biodiversité, des scientifiques planchent sur des techniques qui permettent le maintien d’espèces menacées, voire la réapparition d’animaux disparus. Du moins l’espèrent-ils…

1 - La sixième extinction de masse
Lequel, du tatou à trois bandes du Brésil ou du cobra chinois, disparaîtra en premier? L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) les a placés, cette année, sur sa liste rouge des 22.413 espèces menacées. "Et l'on ne connaît que 10% des espèces! Imaginez toutes celles qui disparaissent en silence", lance Michel Loreau, écologue au CNRS. Dix ans de chasse intensive auront suffi pour que le dernier spécimen de pigeon voyageur des Amériques, qui figurait pourtant parmi les oiseaux les plus nombreux du globe, ne s'éteigne en 1914.

Dans un livre paru en novembre 2014 (Biodiversité : vers une sixième extinction de masse, Éd. La ville brûle), Michel Loreau évoque la destruction massive des écosystèmes à l'échelle planétaire. La dernière en date, il y a 65 millions d'années, avait vu la fin des dinosaures. "Ce sont 25% des espèces qui disparaissent chaque million d'années. C'est le taux normal, compensé par l'apparition de nouvelles espèces. Mais le rythme d'extinction ces quatre derniers siècles est cent à mille fois plus élevé." À cette cadence, le seuil de 75% d'espèces disparues en un million d'années – caractéristique de l'extinction massive – sera largement atteint. Et contrairement aux hécatombes précédentes, a priori dues à des chocs climatiques, celle que nous traversons est la première provoquée par un membre du système : l'homme. "Il y a cinq facteurs : la destruction des habitats, l'introduction d'espèces exotiques, la surexploitation des ressources, la pollution et le changement climatique, explique Michel Loreau. Pour inverser la tendance, à nous de changer notre mode de vie."

2 - Une souris qui produit des ovocytes de cerf
Afin de parer à cette menace, la réserve naturelle de la Haute-Touche a opté pour des technologies de haut vol. Elle abrite, dans l'Indre, un des cinq laboratoires au monde à pratiquer la cryoconservation (congélation de gamètes et d'embryons) d'espèces animales en danger. Objectif? Leur donner un coup de pouce en procédant à des fécondations in vitro à partir de matériel génétique qui peut être stocké jusqu'à sept cents ans dans de l'azote liquide. "Notre cryothèque compte 12.000 semences mâles d'une trentaine d'espèces", explique Yann Locatelli, directeur du laboratoire. "Pour les femelles, c'est plus compliqué car les ovocytes se conservent mal. Quand on parvient à en ponctionner un sur une femelle qui vient de mourir, par exemple, nous n'avons que quelques heures pour procéder à sa maturation et à la fécondation in vitro. L'embryon, une fois développé, sera ensuite congelé ou implanté sur une mère porteuse de même espèce ou d'une espèce voisine." Des chèvres domestiques pourraient ainsi permettre la réintroduction du markhor, le bouquetin d'Afghanistan, en Asie centrale.

L'équipe de Yann Locatelli congèle aussi du tissu ovarien, cet amas de cellules qui permet la formation des ovules. Il se conserve mieux que les ovocytes et peut rendre sa fertilité à une femelle castrée. Mieux : il peut être greffé sur une souris immunotolérante qui produira alors les ovocytes de l'espèce donneuse. "Une souris a déjà produit des ovocytes de cerf. Malheureusement, ils n'étaient pas viables. Mais ce n'est plus qu'une question de temps et de financements." Dès lors, n'importe quelle espèce pourrait renaître, à condition que l'on ait pris le temps de congeler son sperme et son tissu ovarien.

3 - Le génome du mammouth bientôt séquencé
Il y a quinze ans, la réapparition du mammouth relevait de la science-fiction. Aujourd'hui, l'idée appartient à la science grâce à deux techniques : le clonage et la mutagenèse. "Pour cloner un mammouth, encore faudrait-il disposer d'une cellule intacte, nuance Régis Debruyne, paléontologue au Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Le matériel génétique des spécimens retrouvés ces dernières années dans la glace était en miettes, ces mammouths étant morts avant d'être congelés." Puisque la probabilité de découvrir d'autres spécimens mieux conservés est minime, le scientifique croit davantage en la mutagenèse. Il s'agit de reconstituer l'ADN du mammouth à partir de celui d'une espèce proche : l'éléphant. "Des scientifiques annonceront cette année qu'ils ont réussi à séquencer le génome du mammouth à partir de fragments d'os et de poils. Ils pourront ensuite le comparer à celui de l'éléphant et modifier les quelques centaines de millions de points qui les différencient. Puis il faudra implanter la cellule obtenue chez une éléphante." Ce sera possible d'ici à quinze ans, estime-t-il, "mais l'animal obtenu risque d'être un hybride entre l'éléphant et le mammouth". Le problème éthique est plus profond. Tant que l'on ne saura pas donner naissance sans mère porteuse, cela implique de mettre en péril des femelles éléphants dont la population est déjà vulnérable. "Et puis le mammouth a disparu parce que son habitat a été détruit, ajoute-il. Seuls les hauts plateaux de Mongolie pourraient lui offrir aujourd'hui le climat froid et sec qu'il appréciait." Qu'y ferait-il? Selon l'écologue Michel Loreau, "pas grand-chose si ce n'est déséquilibrer l'écosystème et satisfaire l'homme dans son désir d'être plus fort que la nature".

Claire Le Nestour - Le Journal du Dimanche
dimanche 18 janvier 2015


Source : http://www.lejdd.fr/Societe/Sciences/Le ... age-713296
Antoine
 
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