Pour la conseillère nationale Isabelle Chevalley, les nouveau-nés ne servent souvent qu’à attirer plus de visiteurs. Elle entend mettre le holà au boom des naissances.
En février, au Zoo de Copenhague, la girafe «Marius» a été tuée d’une balle dans la tête. Son corps a été dépecé devant des enfants dans un but éducatif et ses morceaux ont été jetés aux lions. Cette affaire a soulevé un tollé mondial. Le seul tort de la petite girafe était d’avoir un profil génétique inapproprié.
D’où la question : qu’est-ce qu’un zoo et que peut-on y faire? Après avoir réussi à faire interdire l’importation des dauphins en Suisse en 2012, la conseillère nationale Isabelle Chevalley (Verts’lib/VD) a déposé une interpellation devant le Conseil fédéral sur la question des zoos en Suisse. Elle conteste en particulier l’utilisation «marketing» des naissances pour attirer du public : « Cette instrumentalisation des animaux est inadmissible, le tout sous couvert de protection des espèces.»
Elle rappelle le malheureux destin en début d’année des deux petits oursons du Zoo Dählhölzli à Berne. Le premier a été tué par son père et le second euthanasié pour lui éviter le même sort. «Mais depuis, constate-t-elle, les responsables du zoo ont stérilisé le mâle et c’est ce qu’il fallait faire.» Pour la conseillère nationale, la reproduction des ours dans les zoos n’est pas souhaitable : «Ni les ours, ni les félins, ni même les girafes, qui ne sont pas menacées. On peut discuter pour certaines espèces rares. Les zoos se trouvent de plus en plus confrontés à l’impossibilité de placer de jeunes animaux en surnombre.»
Mais ne touche-t-elle pas à l’âme même du zoo ? A son argument principal pour attirer les familles ? Le Zoo de Bâle, par exemple, a une rubrique naissances. Cette année il a eu un manchot du Cap, un hippopotame, des marcassins, vingt-quatre flamants roses et enfin un chimpanzé, la petite «Lazima», le premier depuis cinq ans. Le Zoo de Servion (VD) a eu un bison, un alpaga, trois servals… Et que dire du Zoo de Zurich avec la naissance d’«Omysha», l’éléphanteau femelle né il y a quelques semaines, dont le nom signifie «sourire»?
«D’accord, admet Isabelle Chevalley, mais ils peuvent faire aussi différemment. Je ne suis pas contre les zoos, mais contre les enclos trop petits et l’instrumentalisation des naissances. Les cirques aussi ont évolué pour mieux respecter les animaux, les zoos peuvent le faire aussi et respecter un mandat clair quant à la conservation des espèces.»
Du côté des zoos, Peter Dollinger, directeur de Zooschweiz, l’association faîtière, précise qu’ils commenteront cette interpellation aujourd’hui. Dans l’affaire Connyland et la fin de l’importation des dauphins, il avait écrit à tous les parlementaires pour contester cette interdiction. « Où cela s’arrêtera-t-il ?» s’interrogeait aussi un responsable du Zoo de Zurich, Robert Zingg.
Seule Isabelle Chevalley le sait… [/b]
Source : www.lematin.ch