Peu mise en valeur, l'oeuvre de la peintre décédée en 1988 tombe dans l'oubli, tandis que l'état du manoir qui les abrite au coeur du parc animalier morbihannais se dégrade.
Le parc de Branféré, au Guerno, à l'est du Morbihan, a acquis une renommée qui le place dans le top dix des sites les plus visités de Bretagne. Il a été fondé par les époux Jourde au siècle dernier.
On le sait moins, cet écrin abrite une oeuvre remarquable tombée dans l'oubli. La demeure des Jourde, léguée à la Fondation de France, est le seul lieu où l'on peut découvrir les peintures d'Hélène Jourde. Lors de manifestations particulières, une fois par an, le château est ouvert au public.
« Peintre du paradis »
L'artiste a été renommée en son temps comme peintre animalière. Elle était cotée. Hélène Castori, aristocrate italienne, qui a épousé Paul Jourde en 1935, reconnue sur la scène internationale, était surnommée « la peintre du paradis ». Plusieurs de ses oeuvres mettent en scène le parc lui-même, avec ses animaux représentés de façon poétique.
L'oeuvre picturale est à la croisée du douanier Rousseau et de l'art déco, par la représentation d'une nature tantôt poétisé, tantôt stylisée. Elle fait également penser à certains tableaux de Frida Kahlo, par son style, la présence des animaux, et les nombreux autoportraits.
À la différence de l'artiste mexicaine torturée, il se dégage des toiles une atmosphère paisible et douce, toute comme celle qu'inspire le parc avec ses grands arbres plus que centenaires.
Aujourd'hui, cette oeuvre est en danger. Non seulement les tableaux de l'italo-bretonne Hélène Jourde ne sont pas conservés dans des conditions idéales, mais le château, qui regorge de petits trésors, dignes de grands musées, se dégrade. Si la toiture a été restaurée, les murs se lézardent, le plâtre tombe, les peintures s'écaillent.
L'étage fermé au public
L'étage, autrefois visité, est fermé au public. On y découvrait les objets de voyage des Jourde et l'histoire de ces voyages. Les livres et des correspondances avec des personnalités de l'époque, dont l'écrivaine Colette, ont été scannés et mis à l'abri. « On fait ce que l'on peut, confie une responsable des lieux, pour le moment, notre urgence est d'accueillir une espèce animale menacée, le rhinocéros indien. »
Une guide tire la sonnette d'alarme, les larmes aux yeux, face à ce désastre programmé si rien n'est rapidement fait. La Fondation de France annonce que d'importants travaux seront réalisés. « Je n'y crois plus », avoue cette passionnée d'art et du site.
« En 2001, j'avais alerté sur l'état du manoir. Mais il faut le temps de trouver des fonds. Des travaux d'urgence ont déjà été réalisés », explique Frédéric Jayot, directeur de Branféré, qui menace de fermer totalement le château aux visites. « L'argent est débloqué par la Fondation de France pour faire les travaux. On travaille avec des architectes. Cela va mettre trois ou quatre ans », affirme-t-il.
« Le château est hors d'eau et il est chauffé », précise Dominique Lesmaistre, directrice du mécénat à La Fondation de France, ajoutant que la résidence des Jourde n'est pas une priorité. « Nous ne projetons pas de faire du château un lieu de visite. C'est notre choix. »
Elle évoque le coût d'un aménagement pour recevoir du public et de celui de guides pour le faire visiter.
Source : Ouest France.