Fabrice Thète: le défi de réveiller les reptiles
Avec Luc Fougeirol, Fabrice Thète fait le pari de relancer la fréquentation de l'Ile aux serpents et de la Planète des crocodiles, qu'ils ont rachetées.Dans quelques jours, il va accueillir des tortues géantes à La Trimouille. Des animaux exceptionnels qui symboliseront le renouveau du vivarium, sur l'avenir duquel bien peu misaient il y a encore quelques semaines.
Fabrice Thète y croit. Depuis début janvier, avec son associé Luc Fougeirol, il préside aux destinées des Reptiles de la Vienne. Ils ont racheté à Vert Marine cette société qui gère l'Ile aux serpents et la Planète des crocodiles à Civaux. Des sites touristiques emblématiques mais déficitaires depuis des années, faute de nouveautés et d'entretien. Forts de leurs expériences, les deux passionnés ont la ferme intention d'y faire revenir les visiteurs.
Pour Fabrice Thète, c'est l'aboutissement d'un rêve de gosse, fasciné par ces animaux qui repoussent le plus grand nombre: « A l'âge de dix ans, j'ai réussi à en attraper un. Je l'ai mis dans un aquarium pour le regarder pendant quelques jours, sans même savoir s'il était dangereux ou pas. En fait, c'était un orvet », rigole celui qui envisage maintenant de créer à La Trimouille un centre de prélèvement de venins.
"Le challenge de partir d'une situation peu florissante et de la redresser"
Son premier « vrai » serpent, il l'a ramené au domicile familial bien plus tard, avec l'accord de son épouse. « La passion a pris le dessus, et le sous-sol s'est peuplé d'une centaine d'animaux, venimeux pour certains. » Herpétologue autodidacte, il dirigeait alors une agence de la Caisse d'Épargne. Sur son temps libre, il formait des sapeurs-pompiers et des agents des services vétérinaires. « En 2006, on m'a proposé de créer un vivarium dans un parc zoologique. » Il vit pour la première fois de sa passion, « c'est un privilège ». Mais l'aventure se termine péniblement en 2012, par un lourd contentieux avec les propriétaires de Touroparc. Sur fond de rupture de contrat, des accusations sont portées contre Fabrice Thète. Mensongères et diffamatoires, réplique-t-il, attendant « serein » la décision de la justice dans cette affaire.
En février 2013, il devient directeur adjoint du parc zoologique de Beauval, célèbre pour ses pandas. A l'automne, Luc Fougeirol, consultant international dans le domaine des crocodiles, lui propose de reprendre ensemble les sites poitevins alors en vente: « Aucun de nous deux ne l'aurait fait seul. C'est un challenge de partir d'une situation peu florissante et de la redresser. On va travailler. C'est ce qu'on a voulu. On a besoin que ça marche, confesse-t-il. Luc et moi n'aurons pas 350.000€ par an pour combler le déficit, comme Vert Marine. C'est un risque personnel. Calculé, mais un risque. »
Mardi, les élus de la communauté de communes du Montmorillonnais, propriétaire des murs à La Trimouille, ont applaudi la présentation de son plan de relance. De nouveaux animaux, des travaux, une communication positive. L'enjeu, c'est d'en mettre plein la vue aux visiteurs non initiés. Et de séduire les connaisseurs, « c'est eux qui feront le buzz ».
Le vivarium de La Trimouille « a un gros potentiel », estime Fabrice Thète. Rentable à 30.000 visites annuelles: « On passera les 35.000. On pourra monter à 60 ou 80.000. On ne peut pas en être sûrs. Mais on est confiants. »
Repères
1er septembre. Déficitaire depuis des années, l'Ile aux serpents ferme brutalement, à la stupeur des élus. Le groupe Vert Marine annonce sa mise en vente, avec la Planète des crocodiles, qui reste ouverte.
16 septembre. Thierry Bordat, responsable des deux sites, qui avait critiqué la gestion de Vert Marine, est démis de ses fonctions à la Planète des crocodiles et affecté contre son gré à La Trimouille. Il refuse et se place en conflit ouvert avec son employeur.
5 décembre. Le décès brutal de Thierry Bordat, des suites d'un malaise, plonge le personnel dans le deuil.
31 décembre. A l'issue de négociations, vente officielle des sites à Luc Fougeirol et Fabrice Thète.
14 janvier. Le président de la communauté de communes du Montmorillonnais annonce qu'il étudie avec un avocat les moyens de contraindre Vert Marine à payer la remise en état de l'Ile aux serpents.
Source :
Centre Presse.