par okapi » Dimanche 16 Février 2014 11:51
Je ne crois effectivement pas qu'il s'agisse de colporter des ragots, mais de comprendre un jeu et des enjeux complexes où l'animal vivant est au coeur des débats. Ce qui pourrait apparaître comme choquant aux yeux du néophyte, c'est cette forme d'arrogance d'un milieu qui sait et se protège, qui ordonne et choisit. Parce qu'enfin, l'abattage d'une girafe, ce n'est rien d'autre que l'expression de la suprématie humaine qui "gère" ce qu'elle n'a pas encore détruit et s'arroge un droit de vie et de mort sur toutes les créatures qui peuplent "notre" planète au nom d'une pureté génétique qu'il faut absolument préserver. Il y a tout de même quelque chose qui s'apparente à une loi du silence dans un petit monde qui au-delà de ses façades solides se sait fragile vis-à-vis d'une opinion publique de plus en plus inquisitrice: peu de parcs affichent par exemple une réelle transparence sur leur taux de mortalité, encore moins sur les causes de cette mortalité. Le carnet rose est souvent mis en avant, mais il n'y a jamais un panneau "ils nous ont quittés" en parallèle…
C'est un secteur qui a ses codes et ses règles, comme beaucoup d'autres, mais dont le fonds de commerce est notre patrimoine commun: en tant que citoyens du monde, nous avons un droit intangible à savoir ce qui se passe derrière les grilles des parcs et c'est une donnée que beaucoup ont tendance à oublier en se réfugiant derrière l'éternel clivage professionnels et amateurs: les premiers savent et ce n'est pas l'affaire des seconds…
Bien sûr que l'animal a une valeur marchande et l'existence d'entreprises intermédiaires qui récupèrent, hébergent, acheminent et vendent les animaux des parcs prouve bien que le cercle vertueux est plus souple qu'il n'y paraît. Cela dit, je pense que ces intermédiaires, à la croisée des mondes, ont bien des choses à partager avec des institutions qui n'ont pas toujours une capacité à "embrasser" tous les paramètres visibles de leur secteur. La position d'un intermédiaire qui travaille avec de très nombreux parcs lui donne sans doute la possibilité de croiser les informations plus vite que bien des zoos qui n'ont ni le temps ni les moyens de faire des recherches nécessaires. La girafe danoise n'avait aucun intérêt génétique à l'échelle du parc, du Danemark, de l'Europe, du monde ou de l'espèce? S'il ne s'agit pas du dernier cas de figure, alors on peut suggérer qu'un intermédiaire aurait eu un rôle à jouer pour maintenir en vie une créature qui n'avait rien demandé, rien choisi, et surtout pas de naître là. Il en va, encore une fois, de notre responsabilité à tous.