Le zoo de Maubeuge va s’étendre, oui mais quand et comment?
On en a parlé, on en reparle ce jeudi soir (27 juin 2013) avec le marché public qui a fait l’objet d’une délibération au conseil municipal, et qui doit être formalisé demain en conseil d’Agglo. Et on en reparlera sans doute encore longuement : l’extension du zoo revient dans la lumière médiatique. La conception et la réalisation de ce projet d’ampleur ont été attribuées à la société Eiffage construction Artois Hainaut et à ses partenaires. Ce jeudi soir, ils ont présenté la future physionomie du parc animalier. Décryptage.
1. Des remparts complètement transformés
Dans plus de dix ans, (l’échéance minimum estimée par les porteurs du projet), si les plans de financement survivent au poids des années et les chantiers au poids des contraintes, le futur zoo de Maubeuge n’aura plus rien à voir. Il s’étalera de tout son long dans les fortifications datant du XVIIe siècle, entre le boulevard de l’Europe et bien au-delà de la porte de Mons (soit une surface de 16 ha contre 7 aujourd’hui). Différents univers seront créés par continent, l’Asie pour l’actuel emplacement, l’Afrique autour de la porte de Mons, l’Amérique et l’Europe entre la rue Casimir-Fournier et le ruisseau La Pisselotte. Avec a priori trois cents animaux et une soixantaine d’espèces différentes. « On va aussi valoriser le patrimoine de Vauban, précise Juliette Bailly-Maître, de l’agence paysagiste Mutabilis. On va faire découvrir les ouvrages, les galeries militaires. » Environ 9 millions d’euros doivent être consacrés à la restauration des remparts.
2. Ouverture toute l’année
De lourds chantiers seront donc à prévoir. Il faudra notamment créer des passages souterrains sous les axes routiers traversant les remparts, l’avenue Roosevelt et la rue Casimir-Fournier. L’entrée sera décalée par rapport à l’actuelle, pour permettre aux visiteurs d’avoir une vue sur les remparts, et donnera directement sur un restaurant et la serre tropicale de 24 000 m2. Quand celle-ci sera érigée, le zoo pourra ouvrir toute l’année.
L’idée de l’agence d’architectes Scau, à qui l’on doit notamment le stade du Hainaut, et l’agence Mutabilis, c’est de recréer des espaces proches des milieux naturels des animaux, en respectant la biodiversité, et de ne pas couper complètement le zoo de l’extérieur. Les passants pourront continuer d’emprunter le pont Dormant, par exemple, et avoir une vue sur la zone africaine. « Il faut se garder ces moments magiques, quand on voit apparaître la tête d’un animal de l’extérieur », estime Juliette Bailly-Maître.
3. Financement public
Nous vous le rappelions l’an passé, la ville a abandonné l’idée de passer par un partenariat public-privé ou par une délégation de service public, faute d’avoir trouvé des candidats prêts à travailler l’un sur la gestion, l’autre sur la réalisation. La maîtrise d’ouvrage déléguée a donc été confiée à l’Agglo et des plans de financements ont été montés. Ils ne sont, pour l’heure, pas validés mais Rémi Pauvros se veut confiant. Il assure qu’en comptant sur la participation de l’État, la Région et l’Europe, 50 millions devraient être mis sur la table et entre 3 à 6 millions par le Département. L’Agglomération devrait contribuer également. Le projet global est de 93 millions d’euros, avec une première tranche ferme d’environ 36 millions d’euros pour la création de la zone africaine. Les autres phases (la serre tropicale, la zone Asie et enfin la zone Amérique et Europe) pourront évoluer au fil du temps et surtout des financements sur lesquels Maubeuge pourra compter.
4. Un calendrier très étalé dans le temps
Il faudra dix ans au minimum pour voir le bout ! Quant à la réalisation de la première phase, ça ne sera pas avant un an, durée fixée pour la conception. On vous l’avait bien dit, l’extension du zoo, on n’a pas fini d’en entendre parler.
HUMEUR
« Ça ne va rien coûter à la ville de Maubeuge ! » Hier, en conférence de presse, Rémi Pauvros, volontiers provocateur et endossant son costume de fin politicien, a délibérément anticipé les critiques qui fusent déjà de toute part à l’encontre de l’extension du zoo. Bien évidemment, ce projet éléphantesque coûtera à la ville. Pas tant du côté de l’investissement, essentiellement supporté par la Région, mais du côté du fonctionnement.
Aujourd’hui, le zoo coûte environ 700 000 € à la Ville, qui en a la gestion. Alors demain, qu’en sera-t-il avec une surface plus grande ? Les recettes suivront-elles la même courbe ascendante que celle de l’enthousiasme du maire de Maubeuge ?
Une société publique locale doit être montée pour reprendre la gestion du parc. Le prix du billet augmentera et un objectif de 500 000 visiteurs par an a été fixé. Mais cela suffira-t-il pour ne pas être déficitaire ? Sans compter les parkings à aménager, sûrement près de la Ferme du zoo, et les réseaux de navettes à mettre en place.
Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, on craint aussi un peu la proximité du parc animalier belge, Pairi Daiza, avec sa cinquantaine d’hectares et sa multitude d’univers. Mais on est sans doute pessimiste, nous rétorquera-t-on. Alors, on va se forcer à regarder ce projet d’extension avec des yeux d’enfants et se dire que, malgré tout, les contours du futur parc donnent sacrément envie. Moderne, lumineux, ouvert sur l’extérieur… l’image est belle et Maubeuge peut probablement en bénéficier. On se donne rendez-vous dans dix ans pour voir si le pari a été remporté ?
Source :
http://www.lavoixdunord.fr/region/le-zo ... b0n1368255