Des braconniers ont tué avec le concours de garde-chasses les derniers rhinocéros vivant dans la partie mozambicaine de l'un des parcs transfrontaliers les plus célèbres d'Afrique australe. D'après les médias, les 15 derniers rhinocéros du parc national du Limpopo, au Mozambique, ont ainsi été tués le mois dernier, signant l'extinction d'une population qui dépassait les 300 individus en 2002, lors de la création du parc transfrontalier du Grand Limpopo.
Le responsable du parc a promis que les 30 garde-chasses impliqués seraient rapidement traduits en justice et comparaitraient pour complicité dans le massacre de rhinocéros. « Cette situation est insoutenable. Les garde-chasses ont désormais rejoint les lignes ennemies dans la lutte pour la protection des rhinocéros contre le braconnage de leurs cornes.»
« Le fait qu'une population entière de rhinocéros ait été exterminée dans le cadre d'une initiative de conservation majeure avec le concours d'agents de protection de la faune sauvage montre bien que les braconniers ne reculent devant rien pour obtenir leur butin », affirme Kelvin Alie, Directeur du programme Criminalité faunique et sensibilisation des consommateurs d'IFAW.
Le parc national du Limpopo fait partie du parc national du Grand Limpopo, qui englobe des territoires d'Afrique du Sud (parc national Kruger), du Mozambique (parc national du Limpopo) et du Zimbabwe (parc national de Gonarezhou) et s'étend sur plus de 35 000 kilomètres carrés.
Le Ministère de l'environnement d'Afrique du Sud rappelait jeudi que le parc national Kruger restait la réserve la plus sévèrement touchée par le braconnage de rhinocéros en Afrique du Sud. Ainsi, depuis janvier 2013, pas moins de 180 rhinocéros sur les 249 vivant encore dans le parc Kruger ont été tués. L'année dernière, 668 rhinocéros ont perdu la vie en Afrique du Sud en raison du braconnage.
La demande en corne de rhinocéros émane essentiellement du Vietnam et de l'Indonésie, où elle est utilisée à tort dans la préparation de traitements contre certaines maladies.
Le Mozambique est aussi affecté par l'augmentation du braconnage des éléphants. Surnommé « or blanc » en Chine, l'ivoire est de plus en plus prisé dans ce pays et est désormais considéré comme un véhicule d'investissement majeur.
Cette année, le Fonds international pour la protection des animaux s'associera avec Interpol pour proposer des formations aux douaniers et aux rangers du Mozambique. Cette mesure s'inscrit dans le cadre d'un projet de renforcement des capacités à l'échelle mondiale. Depuis 2006, plus de 1.600 officiers aux avant-postes de la lutte contre les crimes liés à la faune sauvage ont ainsi été formés en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, en Océanie et dans les Caraïbes.
« Une coopération transfrontalière et des opérations de répression s'appuyant sur les renseignements de terrain constituent le seul moyen de mettre un terme au braconnage et au trafic d'espèces sauvages. Le problème est trop vaste pour qu'un pays puisse faire cavalier seul. Il faut que les pays de l'aire répartition des espèces concernées, les pays de transit et les pays demandeurs partagent leurs ressources judiciaires, et notamment les informations dont ils disposent, si l'on veut mettre un terme à l'impunité des cadors du trafic international d'ivoire », affirme Jason Bell, Directeur d'IFAW en Afrique australe.
« Le braconnage et le commerce illégal d'ivoire et de corne de rhinocéros sont un problème global qui appelle une réponse internationale. Cela n'arrivera pas en un claquement de doigt : les pays demandeurs, la Chine, le Vietnam et l'Indonésie, doivent travailler de concert pour réduire la demande en produits dérivés de la faune sauvage sur leur territoire. S'ils ne réagissent pas, la bataille est perdue d'avance... »
Source : IFAW