Toulouse : la dernière ourse des Pyrénées naturalisée

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Toulouse : la dernière ourse des Pyrénées naturalisée

Messagepar Philippe » Lundi 15 Avril 2013 4:51

Une fourrure étalée sur une table du laboratoire de taxidermie du Muséum de Toulouse. C'est tout ce qui reste de Cannelle, l'ourse la plus célèbre du XXe siècle. Abattue par un chasseur dans la vallée d'Aspe en novembre 2004, cette femelle était l'ultime survivante de souche pyrénéenne. Sa mort a fait couler beaucoup d'encre et continue à faire polémique dans les Pyrénées.
Le symbole est très fort, mais pour l'heure, sur cette table, ce grand prédateur n'est rien d'autre qu'une sorte de descente de lit, où l'on repère les trous des yeux, une ébauche de museau, des pattes avec de grands ongles noirs. La fourrure est belle, souple, épaisse, brune avec des mèches claires, ce qui fait dire à Brian Aiello : «Cannelle est très blonde, alors que Palouma est plutôt brune et Franska a des reflets roux». À côté de Cannelle, étalés sur la table, il y a les peaux de Franska, Palouma et un ourson, des plantigrades d'origine slovène morts dans les Pyrénées. Le taxidermiste vient de recevoir les quatre dépouilles. Celle de Cannelle a un trou rond sur le flanc droit, impact de la balle qui l'a tuée. L'orifice de l'œil droit a été déchiré par des vautours, la babine pend. Il va falloir tout réparer pour redonner à l'ourse l'allure d'un animal plein de vie.
«Il y a du boulot» constate Brian Aiello en essayant pour la première fois la peau de Cannelle sur un mannequin d'ours brun importé des États-Unis. La gueule apparaît, la silhouette se dessine, Cannelle reprend forme. Magique ! «Au niveau de la masse on est proche du squelette de l'ours pyrénéen», commente le taxidermiste, «mais ce mannequin n'est pas à la taille de Cannelle qui est plus petite. On va lui réaliser une structure sur mesure, sculptée dans du polyéthylène. Cannelle sera présentée la tête légèrement tournée vers la droite, sur ses pattes et de trois quarts pour que les reprises de peau soient le moins visibles possibles».
C'est la fourrure de Franska, éclaircie et méchée, qui servira à rapiécer les morceaux manquants sur le corps de la star. La peau de Cannelle a subi toutes sortes de traitements et elle a été tannée avec soin avant d'arriver à ce stade de la naturalisation. Cet été l'animal sera fin prêt pour l'exposition. C'est l'épilogue d'une période d'incertitude.
Jusqu'à ces derniers mois, on ignorait si la précieuse dépouille serait récupérable. Le cadavre avait été attaqué par les rapaces. Le corps de Cannelle, placé sous scellés, avait séjourné pendant huit ans dans un congélateur à l'école vétérinaire. Le Muséum de Toulouse a dû se battre pour obtenir la garde de cet animal emblématique, que le Muséum de Paris désirait lui aussi pour la postérité. Aujourd'hui on sait que la dernière femelle de souche pyrénéenne restera à Toulouse et figurera en bonne place dans les collections du Muséum, où elle sera conservée pour les générations futures.

«Un travail pas anodin»

Qu'avez-vous pensé lorsque vous avez essayé pour la première fois la peau de Cannelle sur un mannequin d'ours ?

Je me suis dit qu'il y avait du boulot ! Je suis taxidermiste, donc je n'ai pas d'affect particulier pour les animaux sur lesquels je travaille, mon métier consiste avant tout à enrichir les collections. Mais bien sûr, on a tous des sentiments ou des opinions par rapport à la problématique de l'ours. J'ai conscience d'avoir entre les mains le dernier représentant de la race pyrénéenne. Cela fait 10 000 ans que l'ours brun est arrivé dans les Pyrénées avec le recul des glaciers. Et Cannelle était la dernière de cette lignée.

Vous avez un peu la pression ?

Disons que ce travail de restauration n'est pas anodin. Cannelle a été très médiatisée et elle se trouve toujours au cœur d'une polémique. Donc je vois bien que sa présentation aura un impact et qu'elle sera la vedette de l'exposition en octobre. Cannelle est un cas unique dans un Muséum. Il n'y a pas d'équivalent sur le territoire national.

Dans quelle position présenterez-vous Cannelle ?

On aurait pu la présenter couchée, telle qu'elle a été trouvée… Mais l'option a été de la présenter debout, dans une attitude de marche. Ce choix a été fait par le Muséum avec la DREAL. Il y aura juste la mention «dernière ourse des Pyrénées».

Source : http://www.ladepeche.fr
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Re: Toulouse : la dernière ourse des Pyrénées naturalisée

Messagepar Wilfried » Mercredi 24 Avril 2013 15:08

Encore un grand merci à ces si efficaces protecteurs de la nature d'avoir en toute connaissance de cause organisé une battue au sanglier sur le territoire de Cannelle et d'avoir abattu d'une balle la dernière ourse de souche pyrénéenne... la gestion de la biodiversité, on peut leur faire confiance, ça les connaît !
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Re: Toulouse : la dernière ourse des Pyrénées naturalisée

Messagepar Dips » Jeudi 25 Avril 2013 16:13

Et oui, nous avons encore du chemin à faire pour accepter notre propre faune sauvage. J'ai l'intime conviction que la pédagogie en zoo peut aider, mais le travail sera long...
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Re: Toulouse : la dernière ourse des Pyrénées naturalisée

Messagepar Wilfried » Lundi 06 Mai 2013 11:11

Long...? il n'est déjà plus temps pour bien des espèces...
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