Par peur de l’incendie, le zoo Lunaret, le lieu le plus fréquenté de Montpellier, va être entièrement revu: arrachage des pins d’Alep, élargissement des chemins et rapprochement des enclos près de l’entrée. Une révolution.
Le parc Darwin va évoluer. D’ici à quelques années – et ça commence dès 2013 –, l’ex-zoo de Lunaret sera méconnaissable. Sur le plan paysager d’abord : la quasi-totalité des pins d’Alep seront coupés. De nouveaux chemins tracés. Sur le plan de la présentation des animaux ensuite : fini les cinquante et un enclos éparpillés sur soixante hectares. Place aux méta-enclos – c’est-à-dire des grands espaces où se côtoient plusieurs espèces d’animaux – rapprochés de l’entrée ouest du zoo, sur quarante hectares environ et bien plus proches les uns des autres. Avec une redéfinition de la présentation "bio-géographique" (selon l’espèce et leur continent d’origine) des animaux. Qui eux aussi vont un peu changer... Bref, une révolution darwinienne pour ce zoo cinquantenaire en 2014. Pour plusieurs raisons qui ne laissent guère le choix aux élus de la Ville: un risque très fort d’incendie, une mise aux normes des enclos et le respect de la réglementation de cet équipement de plein air recevant du public...
1. La menace du risque d’incendie
Les visiteurs ont pu le constater l’été dernier : le zoo a été fermé plusieurs fois par jour pour "risque sévère d’incendie". Il le sera encore, si nécessaire, cet été pour les mêmes raisons, ainsi que la réserve du zoo et le bois de Montmaur. Car, depuis quelques années, ce risque s’est accru : "Pendant le XIXe siècle, le zoo faisait partie du bois de Lavalette qui était exploité pour ses chênes verts et blancs, précise Jacques Touchon, élu à la biodiversité. Puis, dans les années 70, des pins d’Alep ont poussé anarchiquement." Au point, non seulement d’avoir changé les paysages du XIXe siècle – on avait vue sur la mer ! –, mais aussi de faire peur aux pompiers qui exigent des mesures drastiques de sécurité. D’urgence d’abord : désormais, les pompiers montent la garde l’été. Certains chemins ont été élargis et des abords débroussaillés. Mais cela ne suffit pas. Les pompiers exigent que la totalité des pins d’Alep, très inflammables, soient coupés.
Car évacuer en urgence jusqu’à trois mille visiteurs en même temps sur 40 hectares et onze kilomètres de chemins tient de la gageure. Les pompiers demandent, en outre, l’aménagement de chemins coupe-feu au nord-ouest et au sud du parc. Et même en plein milieu pour isoler les enclos de la réserve naturelle à l’est. Problème : une partie des bois du parc Darwin est classée. Il faudra donc que le préfet arbitre entre les préconisations des pompiers et les exigences de protection des arbres des services de l’État.
2. Le vieillissement des installations
Cette exigence des pompiers est renforcée par un audit demandé par la Ville et rendu fin décembre. Lequel confirme la nécessité de gros travaux de sécurisa- tion contre le feu mais aussi... partout ailleurs: l’électricité, l’assainissement des enclos et l’enlèvement des déjections, les clôtures vieillissantes... Et de nouvelles normes européennes obligent la Ville à construire de nouveaux locaux techniques, cinq bâtiments dont quatre de quarantaines – chacune réservée aux carnivores, aux oiseaux, aux primates et aux ongulés –, une salle d’autopsie, une salle de soins, etc.
3. Des moutons-pompiers
Mais, de ces obligations de travaux, la Ville veut faire un atout en revoyant l’accueil du public, plus proche des animaux, en restaurant des paysages comme au XIX e siècle, en améliorant les visites pédagogiques... Par exemple, la nurserie, près des quarantaines, sera vitrée pour que les visiteurs voient les bébés animaux et les soins... Un changement qui prendra sans doute plusieurs années, car la Ville veut garder le zoo ouvert pendant les travaux. "Au moins cinq ans et pour environ 15 millions d’euros, précise Jacques Touchon. Mais ce projet dépendra des choix de la pro- chaine équipe municipale..." Pour 2013, près de 2,8 millions sont, en tout cas, engagés.
Avec priorité à la sécurité incendie : "Nous allons d’abord doubler le nombre de gardes, qui vont passer de quatorze à trente personnes, toutes formées à la sécurité-incendie, dit Jacques Touchon. Ensuite, nous allons faire un gros effort sur le débroussaillement et le déboisement." Ce qui va considérablement changer la physionomie du zoo. "Le problème est de garder l’aspect "balade dans la nature" tout en respectant les obligations de sécurité anti-incendie", souligne Luc Gomel, directeur du parc. Par mesure de précaution, un grand chemin coupe-feu va être tracé à peu près au milieu du zoo. L’idée : rapatrier à l’ouest, près de l’entrée, certains enclos très éloignés et agrandir la réserve du zoo, qui passera de vingt à quarante hectares. Avantage : en cas de risque sévère d’incendie, la réserve pourra être momentanément interdite aux promeneurs sans amputer la visite du zoo proprement dit.
"Dès cette année, nous prévoyons d’embaucher un berger à la tête d’un troupeau de dix moutons accompagné d’un chien, qui entretiendra les zones débroussaillées. Puis, peu à peu, nous déboisons", précise Jacques Touchon. Une façon économique d’entretenir le parc.
"Avec l’arrivée des moutons, on peut relancer le projet de la ferme pédagogique qui manque aux Montpelliérains, explique Luc Gomel, directeur du parc. On a réinstallé le rucher du mas Noguier près de la ferme. Ce qui va nous permettre d’entretenir à nouveau le verger qui jouxte la ferme. Nous pourrons ainsi lancer de nouveaux ateliers scientifiques."
Avant de revoir toute la visite du zoo et sa composition animale, orientée désormais vers la conservation des espèces et adaptées à notre climat.
F. W.
Un zoo plus petit, des enclos plus grands
C’est le zoo du futur, si les crédits suivent... : des animaux réunis sur 40 hectares mais avec des enclos aussi grands, voire plus, au lieu de 60 hectares actuellement, une large bande coupe-feu au centre du parc à la verticale, à ses abords au nord-ouest et au sud et une réserveagrandiedevingthectares.Desenclos rapprochés près de l’entrée à l’ouest, où l’on pourrait voir notamment, les guépards, lycaons, etc. Des nouveaux chemins tracés. Une logique différente de présentation des animaux : l’Asie et l’Australie à l’ouest, l’Europe au nord, l’Amérique du Sud au sud... Et l’Afrique qui restera au centre. Une deuxième entrée probablement créée au nord-ouest quand la ligne 5 du tram arrivera. Et l’installation de méta-enclos, c’est-à-dire de grands enclos de 1,2 hectare à 1,5 hectare où plusieurs espèces d’animaux pouvant cohabiter seront présentées en même temps. Dès cette année, les pins d’Alep seront peu à peu coupés et plusieurs bâtiments techniques construits.

Infographie André Yanelle
Source : http://www.lagazettedemontpellier.fr