Chaque candidat déclaré aux élections du printemps prochain va recevoir de la part de l’association Zooalil un épais dossier dans lequel elle fait le point sur le projet d’un grand parc zoologique à Lille, lequel projet faisait on le rappelle partie du programme municipal de Martine Aubry en 2008. S’il y aura évidemment d’autres enjeux dans la campagne lilloise des municipales, on parle quand même d’une enveloppe de 100 millions d’euros et d’un lieu de vie qui s’étale sur une douzaine d’hectares, au lieu de trois actuellement. Autre changement possible et qui serait de taille : la fin de la gratuité (pour les non-Lillois).
« Le jardin zoologique du troisième millénaire n’a rien à voir avec la ménagerie du siècle dernier » : Pierre Dhénin n’intervient pas ici en qualité de patron de l’Espace naturel métropolitain mais en tant que cheville ouvrière de Zooalil, association qui rassemble quelques passionnés de nature (en ville) et des défenseurs de la cause animale. Une version XXIe siècle de l’association des amis du zoo, créée au début des années 80 (voir aussi ci-contre). Leur idée : « Faire évoluer le jardin des bêtes de notre enfance en établissement zoologique digne d’une capitale, digne de ce que nos voisins britanniques, hollandais, allemands ou belges ont créé au fil des décennies. »
1,2 million d’euros par an
Au sujet du zoo, il n’y a que quelques mots dans le programme municipal présenté par Martine Aubry en 2008 : « Le zoo sera rénové et étendu sur le magasin au Pavé (de l’autre du côté par rapport à sa position actuelle) ». Cyrille Pradal est l’homme du zoo sous le beffroi lillois. Il confirme l’intérêt municipal : « Il y a trois ans, une étude a été lancée (confiée à un bureau d’études, elle a coûté 800 000 €) ». Dixit l’élu Vert, société civile et municipalité sont « sur la même longueur d’ondes ».
Pour l’instant, le zoo s’étend, à l’entrée du bois de Boulogne, sur trois hectares. « Il coûte à la ville 1,2 million d’euros par an, alors que dans la fréquentation du zoo, on ne compte que 18 % de Lillois. »
« Quand la ville a lancé sa réflexion sur l’avenir du zoo, on s’est dit, glisse Pierre Dhénin, qu’il fallait qu’on participe. » À l’invitation de l’association, quelques sommités sont venues éclairer l’avenir du zoo de Lille : Jean-Luc Bertier, chargé des collections vivantes au Muséum naturelle d’histoire naturelle, Gérard Galliot, conservateur du zoo de Besançon (lequel est aussi intégré à une citadelle), ou encore Pierre Gay, directeur du Bioparc de Doué-la-Fontaine (dont Pierre Dhénin conseille la visite à tous ceux qui aiment les animaux, qui aiment la nature, qui ont des enfants, qui ont du temps…).
L’homme et l’animal
« Nous avons également organisé une demi-douzaine de déplacements dans les plus grands zoos d’Europe », dit encore Pierre Dhénin. Lequel a parfaitement compris qu’une ville (Lille) ayant besoin de faire des économies ait reporté l’extension du zoo (en même temps que plein d’autres projets comme la remise en eau du Vieux-Lille). « À l’approche des élections, on a pensé qu’il était temps de remettre le dossier dans la lumière. »
Ce dossier, dans lequel Zooalil a couché sa version du zoo du troisième millénaire, a été envoyé à chaque candidat déclaré aux élections municipales lilloises. Dans les grandes lignes, il dit :
- une surface d’une douzaine d’hectares.
- une thématique portée sur les rapports entre l’homme et l’animal : « Un zoo doit avoir construit autour d’une thématique, il doit y avoir un discours, il doit dire quelque chose aux gens. »
- Un projet en dessous de 100 M€ « a beaucoup de mal à s’équilibrer, à 100 M€, il s’équilibre automatiquement ».
– Le zoo de Lille ne serait plus gratuit : « Tous les grands zoos européens sont payants, note Pierre Dhénin. Nous avons sondé le public. Les gens sont prêts à mettre de l’argent, on le voit dans les différentes campagnes de sensibilisation qui sont mises en place, à la condition que ça leur apporte quelque chose. »
Pierre Dhénin a l’optimisme communicatif : « Lille a été la première ville de France à ouvrir une maison de la nature (rue Gosselet) en 1977, la première ferme pédagogique en 1981. Ce sera bien qu’on y dessine le zoo du troisième millénaire. » Ambition partagée par Cyrille Pradal, avec gratuité maintenue pour les Lillois.
Le zoo de Lille en quelques dates
1953
Création d’un zoo à Lille : à cette époque-là, c’est juste une « allée des grandes volières ». Il y a là une présence animalière depuis la fin du XIXe siècle.
1981
Pierre Mauroy a la bonne idée de confier à Marcel Dhénin, grand défenseur de la nature et de la cause animale, l’assainissement du zoo. Dans les années 960 et 1970, il n’y a aucune réglementation concernant le transport d’animaux (beaucoup sont par exemple rentrés de la guerre d’Algérie avec des fennecs). « Il y avait au zoo un ours, une panthère et des chimpanzés gardés dans des conditions qui ressemblaient plus à de la détention », se souvient Pierre Dhénin, le fils de Marcel.
1991
Après le décès de Marcel Dhénin, une équipe se met en place, autour de Franck Haelewyn.
2007
Arrivée de Géraldine Cassiat-Morisset comme directrice du zoo.
Source : La Voix du Nord