Fermée au public, l’Ile aux serpents abrite encore près de 200 animaux et… deux jeunes salariés dévoués, qui commencent à se sentir seuls.
Des salariés de Vert Marine avaient rendez-vous hier à l'Inspection du travail à Poitiers pour obtenir des informations sur leurs droits, alors que la Planète des crocodiles (Civaux) et L'Ile aux serpents (La Trimouille) font l'objet de tractations entre leur patron et des repreneurs. Julien Girardo et Vinciane Joveneaux, 23 ans, avaient beaucoup de questions : le jeune couple, installé à La Trimouille pour vivre de la passion des reptiles, se retrouve au cœur d'un feuilleton dont personne ne devine encore l'issue.
Cette Ile aux serpents dont il est tant question, c'est un peu la leur : ils ont accueilli les derniers touristes cet été. Ils ont reçu le coup de fil, le vendredi 30 août, ordonnant de fermer le lendemain soir. Ils s'occupent depuis de l'entretien des 180 et quelque reptiles et cinq suricates, tout seuls.
Pas de directeur de site, pas de capacitaire, les deux aides animaliers s'organisent au mieux : « On a vu naître ces animaux, on les a soignés. On veut qu'ils restent là. » Même en repos, ils passent matin et soir pour allumer et éteindre les lampes. Vert Marine assure les approvisionnements : « Nous continuons à passer les commandes de nourriture et à faire venir le vétérinaire lorsque c'est nécessaire. »
La passion les anime mais ne les aveugle pas : « On se retrouve à faire le travail d'un soigneur animalier qualifié, sans le salaire mais avec des risques, constatent-ils. Il n'y a pas eu de pépin pour l'instant, mais qui sera responsable en cas d'accident ? » Ils l'ont fait savoir à leur employeur. Le directeur général de Vert Marine, venu leur rendre visite jeudi dernier, est aussi reparti avec une liste de travaux urgents : « Des réparations sur le chauffage surtout, qui risque de tomber en panne ». Vital pour les boas qui ne vivent pas à moins de 20°. « On nous a promis de faire ces travaux, on attend. »
Depuis trois mois, Vinciane a perdu le sommeil. « Ce qu'on vit, c'est épuisant nerveusement. » Mais leur avenir, ils le verraient bien… à La Trimouille, avec l'uniforme d'un repreneur : « C'est une belle structure, on est motivés pour la faire tourner. » En attendant, ils l'empêchent de caler complètement.
Source : La Nouvelle République du Centre-Ouest