Pas un chat : beaucoup trop petit. Pas un chien non plus : les chiens n'ont pas les oreilles rondes comme celles de l'animal que Rodolphe Martin a vu cette nuit-là sur la route du Chaffaut, près de Digne. Il était un plus de minuit ce 14 mars. Rodolphe Martin circulait plan de Gaubert, lorsqu'il a vu l'animal. À un mètre.
"Je roulais très doucement, et j'ai bien eu le temps de la voir. Elle était debout devant le portail d'une maison. J'ai freiné et j'ai fait demi-tour pour lui mettre les phares dessus, mais elle avait disparu. Sur le moment j'ai cru que j'hallucinais, raconte-t-il, encore troublé. Je ne suis pas descendu, je suis courageux mais pas téméraire..."
Arrivé chez lui, Rodolphe saute sur son ordinateur et tape "panthère noire" sur internet. Les photos dissipent ses derniers doutes. "Mêmes oreilles". Néanmoins, de peur de passer pour un illuminé, il ne parle à personne de sa troublante rencontre.
"Ça me travaille encore"
S'il a conservé des attaches familiales à Digne, Rodolphe Martin est aujourd'hui restaurateur sur la Côte d'Azur. Il n'a donc pas eu vent de l'affaire de la panthère noire que nous avons relatée tout l'été. En revanche, l'ami à qui il va finalement s'en ouvrir le lendemain l'a suivie avec intérêt, et dissipe ses dernières réticences.
Rodolphe décide alors d'en aviser les autorités. Il contacte la gendarmerie qui le renvoie sur le commissariat de Digne dont dépend la zone où il a aperçu le félin. Son témoignage est aujourd'hui enregistré, et vient grossir la longue liste des personnes qui ont eu la chance de croiser l'animal depuis juin dernier, lors de ses pérégrinations entre Oraison, Mézel et le plateau de Valensole.
Virée azuréenne ?
Notre panthère noire serait donc toujours dans nos contrées, qu'elle n'a peut-être, d'ailleurs, jamais quittées.
Elle aurait survécu à la rigueur hivernale, et les chasseurs semblent avoir joué le jeu en suivant en cela les recommandations des présidents de société qui leur avaient demandé de ne pas la tuer. S'il s'agit bien d'elle, celle aperçue cet hiver dans les Alpes-Maritimes sur la route de Grasse, serait donc un autre félin. À moins qu'après une virée azuréenne, elle ait finalement opté pour l'air pur de nos montagnes, et la saveur de nos lapins peu farouches. Quant à Rodolphe Martin, qui a déjà rejoint Golfe-Juan, il avoue : "Aujourd'hui, ça me travaille encore".
M.-F. B
Source : http://www.laprovence.com