Une bataille juridique est engagée pour savoir qui détiendra les droits de la marque Knut, du nom du célèbre ourson de Berlin.
Il est mort il y a deux ans. Mais l’ourson Knut fait toujours rêver des millions d’enfants dans le monde. Même au Japon, ils raffolent des glaces Knut et des peluches à son effigie. La knutmania ne faiblit pas. La fascination pour cet ourson sauvé par un gardien du Zoo de Berlin rapporte encore beaucoup d’argent. «Knut» se vend à toutes les sauces : tasses, stylos, T-shirts, DVD ou peluches.
L’année de sa naissance, le zoo avait déjà gagné plus de 7 millions de francs avec les seuls produits dérivés. «Knut» ne pouvant signer de testament, les héritiers de toute sorte réclament aujourd’hui les droits. En 2008, le directeur du Zoo de Neumünster avait prétendu que la marque Knut lui appartenait au prétexte que l’ourson avait été procréé par un ours géniteur de Neumünster ! «Ils en veulent à notre argent», avait rétorqué Bernhard Blaszkiewitz, son homologue de Berlin. «Je suis tout juste prêt à lui céder quelques pingouins en remerciement», avait-il ironisé.
Le Zoo de Berlin s’est frotté à un concurrent beaucoup plus coriace, une société britannique dont on ignore le propriétaire. Knut IP Management, dont le siège est à Londres, a déposé en 2007 la marque Knut l’ourson auprès de l’Office européen d’enregistrement des marques (OHMI)… sans que personne ne s’en aperçoive.
«Premier arrivé, premier servi»
Trop bête ! Le directeur du Zoo de Berlin avait bien déposé la marque Knut, mais avec deux jours de retard. «Le droit s’applique donc selon le principe: premier arrivé, premier servi», a déclaré l’avocat de cette société fantôme. Le zoo a porté plainte en 2010 et a obtenu gain de cause à l’OHMI. Mais la société britannique n’a pas lâché prise. Elle a déposé un recours en annulation devant la Cour de justice, la dernière instance juridique de l’Union européenne. Tout le monde attend cette décision avec impatience car elle vaut de l’or.
Empaillé au musée
Empaillé depuis début mars au Musée d’histoire naturelle de Berlin, le plantigrade attire encore les masses. En octobre dernier, l’inauguration de la statue en bronze de «Knut» avait aussi fait un carton. Ils étaient tous là au Zoo de Berlin pour commémorer la disparition de l’animal, qui avait péri noyé le 19 mars 2011 dans un bassin suite à un malaise. Les gens avaient les larmes aux yeux en écoutant un discours de la directrice commerciale. «Les soi-disant experts nous avaient conseillé à l’époque de tuer «Knut», qui n’avait pas de mère. Nous avons opté pour la vie. C’était la bonne décision», avait déclaré Gabriele Thöne. Humainement et… commercialement.
Source : http://www.lematin.ch
