Spécialisé dans le sauvetage des animaux blessés, le centre créé par la Châtelleraudaise Lydia Bourdeau est menacé pour cause de manque d’argent.
Hérissons, faons, chevreuils, écureuils, chouettes, buses, faucons crécerelles, pour ne citer que les espèces les plus courantes… Ils sont environ 1.500 (524 rien qu'en 2012) à être passés pour des petits bobos ou des blessures graves au centre de soins de la faune sauvage poitevine, selon les chiffres de Lydia Bourdeau, Elle est la responsable en même temps que la fondatrice et unique bénévole de cette structure créée en 2007. Passionnée, la jeune femme a réussi à faire connaître son action, bénévole et gratuite, créant un réseau au niveau du département et au-delà.
Une pétition de plus de neuf cents signatures
Cette belle aventure pourrait pourtant bien s'arrêter. Le nerf de la guerre… « Aujourd'hui, je n'ai plus du tout les moyens de me verser un salaire, explique-t-elle. Il faut savoir que le centre, ça m'occupe 50 heures par semaine et je ne peux donc pas prendre un emploi à temps plein à côté ».
De 2010 à 2012, Lydia Bourdeau a bénéficié d'un contrat aidé (un CUI/CAE). « Pour payer les charges salariales, je me versais un salaire de 650 € net par mois au lieu de 740 €. »
Aujourd'hui, elle enchaîne sur un an d'indemnisation chômage. Mais n'a pas de solution sur la durée pour continuer à faire vivre le centre. Elle estime les besoins de financement (pour un salaire) à 10.000 € annuels.
Du coup, elle se tourne vers les politiques. Le conseiller général Christian Michaud, le vice-président de la Région Jean-François Macaire, la députée Véronique Massonneau, la députée européenne Bernadette Vergnaud, la ministre de l'Environnement Delphine Batho, ont tous été sollicités. Sans véritable solution.
Les politiques saisis
Les aides possibles sont en effet le plus souvent dédiées à l'équipement, pas au fonctionnement. Ou alors, elles ne sont pas adaptées. « Par exemple, la ministre me suggère de créer un emploi jeune. Mais je ne peux pas prendre quelqu'un de non qualifié pour une activité qui réclame une réelle compétence. » En désespoir de cause, Lydia Bourdeau a lancé une pétition créditée, selon elle, de plus de 900 signatures : « À part Christian Michaud qui m'a prise au sérieux, tout le monde se renvoie la balle. Je me dis qu'à un moment je vais devoir arrêter ». Vrai gâchis.
Sous statut associatif (le siège est à Targé), le centre, reconnu d'intérêt général en 2011, est installé dans un lieu tenu confidentiel - afin de garantir la tranquillité des animaux - de la région de Châtellerault. Placée sous la réglementation du code de l'environnement, la structure est soumise à une autorisation d'ouverture et doit être gérée par une personne titulaire d'un certificat de capacité pour un centre de soins, deux conditions validées par la Direction départementale de la protection des populations (ex-direction vétérinaire), laquelle est amenée à y faire des contrôles. Un registre d'entrée et de sortie est également tenu à jour.
« Le centre accueille tous les animaux sauvages, mammifères et oiseaux, qu'ils soient blessés, malades, orphelins, indique Lydia Bourdeau. L'objectif est d'en prendre soin et de les réintroduire dans la nature. L'idée est aussi de contribuer à préserver chaque espèce ». La responsable du centre avance un taux de réussite de 82 %.
Qui l'appelle en cas de découverte d'un animal blessé ? « Des particuliers, des vétérinaires, la Ligue de protection des oiseaux, les communes, les pompiers, les gendarmes et même les douanes… Désormais, on connaît mon numéro », sourit la jeune femme.
Le centre bénéficie actuellement des adhésions et de dons de particuliers, ainsi que, indique la responsable, de l'aide matérielle des fondations Brigitte Bardot et Nature et Découvertes.
F.B.
Source : http://www.lanouvellerepublique.fr