Bébé rhinocéros "enlevé" !Au Zoo de Bâle, un rhinocéros indien femelle a kidnappé la petite «Henna», 3 mois. La vraie mère n'apprécie pas du tout. Le phénomène est nouveau au sein de cette espèce en voie de disparition
Touche pas à mon bébé rhino! Le rhinocéros «Ellora», 28 ans, a les nerfs: une jeunette de 17 ans essaie de lui piquer sa petite «Henna», née il y a trois mois. Le bébé semble aimer cette situation. «Ça l'amuse, explique Tanja Dietrich, responsable de la communication au Zoo de Bâle. Elle doit apprécier le fait qu'il se passe quelque chose autour d'elle. Elle voit ça comme un divertissement!»
Henna est le 32e bébé rhinocéros au Zoo de Bâle. Mais l'enlèvement est un phénomène nouvellement apparu au sein des rhinocéros indiens: «C'est la première fois que nous observons cela, raconte Tanja Dietrich. Je pense que le fait que «Henna» soit une petite très curieuse a joué un rôle. La nouvelle «maman» est jeune et les deux rhinocéros peuvent jouer ensemble, ce qui n'était pas le cas avec la mère biologique.» Le bébé doit tout de même retourner se nourrir chez sa vraie maman. «C'est quand elle ne revient pas qu'«Ellora» devient très agressive», déclare-t-on au zoo. Les deux femelles se battent alors à coups de corne.
Manchots voleurs d'enfants :A Bâle, les histoires de kidnapping animalier, on connaît. Mais chez d'autres espèces: «C'est fréquent chez les macaques. Quand une femelle essaie de voler un bébé, il y a souvent des bagarres.» Les manchots aussi ont des tendances au vol d'enfants et «les tentatives de prendre les oeufs sont nombreuses». Enfin, le phénomène est observé chez les zèbres ou encore chez les ânes sauvages somaliens.
«Souvent, c'est parce qu'une mère a perdu son petit qu'elle essaie d'enlever celui d'une autre, raconte Tanja Friedrich. On observe aussi que l'arrivée d'un petit est toujours un événement dans un groupe d'animaux. Les mères sont très possessives et les autres sont intéressés par le nouveau-né.» Si pour beaucoup d'espèces les petits sont obligés de revenir vers leur mère pour se nourrir, ce n'est pas le cas chez les pingouins ou les manchots, par exemple.
Espèce menacée :Les rhinocéros présents au Zoo de Bâle sont indiens. Leur particularité est une peau épaisse, brun-argenté, avec de très gros plis vers les épaules et les cuisses. «Il s'agit d'une espèce en voie de disparition, alarme Tanja Friedrich. Il ne reste plus que 2700 animaux à l'état sauvage. En Inde, les gens envahissent les terres pour les cultures et les rhinocéros n'ont plus d'espaces pour vivre.» L'association Suisse Terre et Faune lutte pour la conservation d'espèces menacées. Elle est active en Inde. «Les causes sont souvent les mêmes pour les différentes espèces, déclare sa présidente Catherine Tschanen. Il y a en premier lieu la surpopulation, mais aussi les conflits entre les villageois et les rhinocéros. Enfin, il y a toujours cette chasse à la corne pour la médecine traditionnelle asiatique. On pourrait encore ajouter les problèmes de consanguinité du fait qu'il n'y a plus beaucoup d'animaux.»
Au Zoo de Bâle, une somme est prélevée sur chaque entrée pour venir en aide aux rhinocéros indiens à travers le projet Indian Rhino Vision 2020. Le parc animalier a aussi mis en place une petite exposition expliquant la menace qui plane sur cette espèce.
Source :
http://www.lematin.ch/actu/suisse/bebe- ... eve-338521