En 2019, le zoo devrait accueillir trois girafes et deux tigres, conformément à son projet de développement. Lequel va de pair avec un plan de sécurité déjà bien rodé, qui passe par l’armement.
Vendredi 24 juillet 2015, de bon matin, Christine Morrier, directrice du zoo d’Amiens, était à Compiègne. Pour s’entraîner au tir à balles réelles.
Peu de gens le savent, mais il y a dans le parc zoologique une armoire blindée contenant plusieurs armes. Parmi elles, des carabines et un fusil d’abattage de longue portée (4 km), capable de tuer, s’il le fallait, un éléphant ou des grands fauves. Des armes à balles réelles qui complètent celles à seringues hypodermiques.
Six personnels du parc, appelés à assurer les astreintes 24h/24, sont habilités à utiliser ces armes. Ce qu’ils ne feront évidemment pas de gaité de cœur.
L’image renvoyée par un zoo, c’est d’abord celle d’animaux mignons que tout le monde voudrait caresser. « Ce que les gens oublient, c’est qu’on a ici des animaux sauvages, potentiellement dangereux. On ne peut pas savoir comment va réagir un gibbon s’il s’échappait de son enclos et qu’il se retrouvait face à une personne. Selon la situation, préparer une seringue hypodermique est très long et pourrait mettre en danger la vie de quelqu’un. Il faudrait donc agir vite. Si je devais abattre un animal qui menace une personne, je le ferais », insiste Mme Morrier, croisant les doigts pour n’avoir jamais à sortir ces fameuses armes.
Pas de GIPN à proximité
L’implantation du zoo dans Amiens est telle qu’un plan de secours strict a dû être rodé. On a à faire ici à un zoo de centre-ville (séparé de 2 kilomètres à peine de la place de la mairie) et il est entouré d’écoles. « Et nous n’avons pas le GIPN, contrairement à d’autres villes en France, où s’il y a un problème dans un zoo, c’est eux qu’on appelle. »
Ici, le parc doit aussi se prémunir contre les vols, certes rares. Le dernier remonte à 2005, où 14 flamants roses avaient été dérobés. « Le trafic d’animaux reste dans le top 3 avec la drogue, les œuvres d’art et les armes. Les gens volent des animaux pour en faire des animaux d’agrément dans des résidences de luxe. C’est le cas des tamarins à manteau doré, des grues couronnées ou des ouistitis argentés », déplore Christine Morrier.
Si Amiens n’est pas franchement concerné par ces vols, la lutte s’est tout de même organisée, avec une élévation des portails rue Verrier-Lebel, des herses positionnées sur la Selle, et la réfection complète de la clôture du parc. Plusieurs bâtiments sont sous alarme et des surveillances humaines sont assurées. « Les intrusions restent exceptionnelles. Mais j’ai déjà été rappelée une nuit pour cinq jeunes gens qui avaient réussi à rentrer dans le zoo et qui se baignaient dans le bassin des otaries… Le mâle otarie n’était pas dehors, fort heureusement pour ces jeunes… » raconte la directrice.
Les journées comme les nuits ne sont pas forcément de tout repos au zoo.
40 millions d’euros pour tout redynamiser
De réunions en commissions, le projet avance et devient de plus en plus concret. Il s’annonce même comme « un des plus gros projets culturels, écologiques, scientifiques, touristiques et même urbanistiques du mandat », note Nathalie Devèze, vice-présidente chargée de la culture à Amiens métropole. Depuis 2014 et jusqu’à 2020, près de 40 millions d’euros seront injectés dans la refonte complète du zoo, « qui invitera donc à repenser complètement le quartier depuis la Licorne, jusqu’à La Hotoie. Il faut le dire, un quartier pas très animé ».
Le zoo et ses 161.300 visiteurs recensés en 2014 apparaissent comme la locomotive du renouveau. Cela passera donc par un agrandissement, avec l’entrée qui s’effectuera par l’ex-Pavillon Bleu. « Ce sera un zoo unique au monde, avec cette entrée qui se fera dans une guinguette. Nous délèguerons la partie restauration qui sera incluse dans le Pavillon Bleu. En journée, on table sur une centaine de couverts et environ 25 le soir. Avec une terrasse qui donnera sur le zoo. »
Côté Faubourg de Hem, Amiens Métropole espère bien pouvoir récupérer l’église Saint-Firmin, qui menace ruine, pour en faire une aile du zoo qui reprendrait l’imaginaire vernien et les thèmes de l’auteur, par des expositions et à travers les animaux qui y seraient implantés.
Et puis, annoncé pour 2019, le retour des grands fauves, grâce à une extension sur l’actuel parking du côté du garage Mercedes du faubourg. « On installera une plaine africaine. Outre les zèbres, les antilopes ou les autruches déjà présents au zoo, trois girafes seront hébergées. Que le public pourra voir de dessous et du dessus. Puis, un peu plus loin, toujours pour 2019, ce sera le retour des tigres. On ferait venir un couple. »
Source : Le Courrier picard.