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L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
.... Vincennes et ses 200 millions de travaux ....
"L'humanité ne se définit pas par ce qu'elle crée,
mais par ce qu'elle choisit de ne pas détruire."
Edward Osborne Wilson
mais par ce qu'elle choisit de ne pas détruire."
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giradaire - Messages: 1856
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
… au service d'une grande idée…
- okapi
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
...Au service d'un zoo qui n'offrira finalement rien de bien nouveau, ni en terme de présentation ni en terme de philosophie. Avec 50 fois moins, Doué ou Jersey sont déjà en avance de quinze ans.
C'est finalement une vision très capitaliste de penser que rien ne peut se faire sans moyens énormes. Nous ne partageons pas le même point de vue, et ni l'un ni l'autre ne changera d'avis, c'est évident. Pour ma part, je reste persuadé qu'il faut beaucoup de zoos. Mais il faut juste beaucoup de bons zoos, ce qui est déjà plus compliqué. Pour être depuis quelques temps au fait des problèmes de gestion de population en captivité, il faut des nombreuses structures d'accueil. On en aura jamais assez pour avoir une population génétiquement variée et saine en zoo. J'entends ton idée de faire peu de zoos, et de délocaliser les centres d'élevage hors public, mais je ne la trouve pas logique. En terme de conservation, faire les choses sans les montrer ni en parler revient presque à ne pas les faire... La sensibilisation est un des moteurs et des rôles principaux des établissements zoologiques. Pour ma part, je regrette que la Haute Touche ne présente pas quelques outardes. Je pense que c'est le soutien de l'opinion publique qui fera pencher les grandes décisions politiques en faveur de la Nature. Si on ne leur montre pas ce qu'on fait, ce que l'on protège, cela restera toujours des notions floues et lointaines.
Et même si elles sont magnifiques, pas besoin d'immenses serres de plusieurs hectares qui nécessitent l'importation d'arbres tropicaux (tiens, d'où viennent-ils ?), et un chauffage permanent à 25°c même au coeur de nos hivers européens. Finalement, une serre immersive, c'est très beau pour les yeux, mais est-ce cohérent avec un message de sobriété énergétique ? On peut tout à fait présenter un animal dans une représentation de son milieu naturel, chez nous. Les gorilles de la forêt de chênes de Romagne sont dans un environnement magnifique. Idem pour les gibbons de Branféré, les rhinocéros du CERZA, les loutres d'Asson, les lémuriens de Calviac (que je te conseille vraiment de visiter pour pouvoir en parler) ou les manchots de Doué. Faut-il importer du pays d'origine de l'animal les essences végétales, les rochers, les aménagements humains, pour le mettre en scène dans une sorte de petit bocal exotique ? Non, pour moi, le vrai challenge, c'est d'allier animal sauvage et nature locale.
C'est finalement une vision très capitaliste de penser que rien ne peut se faire sans moyens énormes. Nous ne partageons pas le même point de vue, et ni l'un ni l'autre ne changera d'avis, c'est évident. Pour ma part, je reste persuadé qu'il faut beaucoup de zoos. Mais il faut juste beaucoup de bons zoos, ce qui est déjà plus compliqué. Pour être depuis quelques temps au fait des problèmes de gestion de population en captivité, il faut des nombreuses structures d'accueil. On en aura jamais assez pour avoir une population génétiquement variée et saine en zoo. J'entends ton idée de faire peu de zoos, et de délocaliser les centres d'élevage hors public, mais je ne la trouve pas logique. En terme de conservation, faire les choses sans les montrer ni en parler revient presque à ne pas les faire... La sensibilisation est un des moteurs et des rôles principaux des établissements zoologiques. Pour ma part, je regrette que la Haute Touche ne présente pas quelques outardes. Je pense que c'est le soutien de l'opinion publique qui fera pencher les grandes décisions politiques en faveur de la Nature. Si on ne leur montre pas ce qu'on fait, ce que l'on protège, cela restera toujours des notions floues et lointaines.
Et même si elles sont magnifiques, pas besoin d'immenses serres de plusieurs hectares qui nécessitent l'importation d'arbres tropicaux (tiens, d'où viennent-ils ?), et un chauffage permanent à 25°c même au coeur de nos hivers européens. Finalement, une serre immersive, c'est très beau pour les yeux, mais est-ce cohérent avec un message de sobriété énergétique ? On peut tout à fait présenter un animal dans une représentation de son milieu naturel, chez nous. Les gorilles de la forêt de chênes de Romagne sont dans un environnement magnifique. Idem pour les gibbons de Branféré, les rhinocéros du CERZA, les loutres d'Asson, les lémuriens de Calviac (que je te conseille vraiment de visiter pour pouvoir en parler) ou les manchots de Doué. Faut-il importer du pays d'origine de l'animal les essences végétales, les rochers, les aménagements humains, pour le mettre en scène dans une sorte de petit bocal exotique ? Non, pour moi, le vrai challenge, c'est d'allier animal sauvage et nature locale.
Les animaux des zoos sont les ambassadeurs de leurs cousins sauvages. (Pierre Gay)
- raphaël
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
Je crois surtout que notre point de divergence se situe plutôt entre public et privé. Je ne crois pas que la conservation soit une affaire privée: c'est le rôle des états et des institutions et il ne peut pas être délégué à des entreprises commerciales. Que la protection de la faune soit indexée à un chiffre d'affaire est pour moi une aberration. Entre un investissement important pour développer la pédagogie et la lisibilité, jamais assez présents, jamais assez efficaces, et l'accueil d'hippopotames ou d'ours polaires, il y a peu de chances pour que l'éducation l'emporte. Un zoo privé n'a pas d'autre choix que d'être rentable: la protection de la nature ne peut pas être soumise à ce principe économique qui l'hypothèque d'une saison à l'autre. Et je ne crois pas non plus à l'idée de multiplier les zoos pour y accueillir toujours plus d'espèces: la solution réside dans la création de sanctuaires protégés, là où les animaux vivent. A quoi bon conserver des individus solitaires ou en couples lorsqu'ils sont grégaires, détenus dans des régions froides quand ils vivent sous les tropiques, maintenus dans des espaces sans le moindre rapport avec leurs habitudes et leurs besoins? Si les ultimes zones "sauvages" disparaissent, à quoi bon conserver des lignées pures dans des cages à l'autre bout du monde? Le zoo est une construction mentale ethnocentriste, propre à l'Occident pour se rassurer sur sa puissance colonisatrice: c'est une idée du passé qui a bien du mal à muter. Désormais, les zoos ne peuvent plus être autre chose que des vecteurs de sensibilisation et des tapirs ou des gorilles dans la forêt française ne sont peut-être pas la solution la plus juste pour évoquer l'Amérique du Sud ou l'Afrique…
- okapi
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
Sur le papier, je suis d'accord, la conservation de la nature devrait être de la responsabilité des Etats, voire de la responsabilité mondiale. Il me semble normal que des pays défavorisés comme Madagascar (que je connais bien) soient aidés dans la protection de leur environnement par les pays plus développés.
Dans cet idéal, les zoos disparaissent, puisque les zoos privés voient leur rôle joué par les Etats et les gouvernements. Et les zoos publics n'auraient alors pas plus d'utilité...
Mais cet idéal est loin d'être notre réalité. regardons chez nous, la France, un des pays modèles au monde, quand il s'agit de protéger les visons, l'Etat délègue à des organismes privés pour gérer les centres d'élevage (Chizé et Calviac), ou échoue et se voit infliger des amendes par l'UE (les hamsters d'Alsace par exemple). Il y a des cas de bonne gestion de la Nature par certains pays, mais c'est très précaire...
Alors pour multiples raisons, il est bon d'avoir des populations sécurisées. On peut parler du diable de Tasmanie, et des individus que le gouvernement australien va envoyer dans les zoos d'Europe pour prémunir des individus de l'épidémie de cancer facial. On peut aussi être optimiste, et se dire que si dans 10-15 ans, on arrive à stopper la déforestation à Madagascar, on sera contents d'avoir nos makis varis et cattas pour les y réintroduire.
Gerald Durrell et Pierre Gay le disent dans leur livre : les bonnes volontés privées sont souvent bien plus efficaces que la lenteur procédurière et dépassionnée d'une administration. Sans compter qu'un gouvernement soumis à des échéances électorales fera difficilement des projets à long terme.
Dans cet idéal, les zoos disparaissent, puisque les zoos privés voient leur rôle joué par les Etats et les gouvernements. Et les zoos publics n'auraient alors pas plus d'utilité...
Mais cet idéal est loin d'être notre réalité. regardons chez nous, la France, un des pays modèles au monde, quand il s'agit de protéger les visons, l'Etat délègue à des organismes privés pour gérer les centres d'élevage (Chizé et Calviac), ou échoue et se voit infliger des amendes par l'UE (les hamsters d'Alsace par exemple). Il y a des cas de bonne gestion de la Nature par certains pays, mais c'est très précaire...
Alors pour multiples raisons, il est bon d'avoir des populations sécurisées. On peut parler du diable de Tasmanie, et des individus que le gouvernement australien va envoyer dans les zoos d'Europe pour prémunir des individus de l'épidémie de cancer facial. On peut aussi être optimiste, et se dire que si dans 10-15 ans, on arrive à stopper la déforestation à Madagascar, on sera contents d'avoir nos makis varis et cattas pour les y réintroduire.
Gerald Durrell et Pierre Gay le disent dans leur livre : les bonnes volontés privées sont souvent bien plus efficaces que la lenteur procédurière et dépassionnée d'une administration. Sans compter qu'un gouvernement soumis à des échéances électorales fera difficilement des projets à long terme.
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- raphaël
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
Je sais bien qu'il s'agit là d'une solution idéale… Mais je crois aussi qu'il y a beaucoup d'apprentis sorciers dans le monde des zoos: il n'y a qu'à s'interroger sur le sens des projets pharaoniques pour présenter des hippopotames et des crocodiles… Mais il faut aussi questionner la pertinence de détenir des espèces qui ne se reproduisent jamais: pour de mauvaises raisons, ces bêtes sont inutilement captives. Il devrait y avoir un contrôle permanent et objectif des réussites et échecs en matière de reproduction. Et une mise en demeure d'améliorer les conditions de vie des animaux lorsque c'est la raison première d'une absence de naissances. Un parc privé fait ce qu'il veut, quand il veut: est-ce encore acceptable de constater de vraies carences et d'être incapable d'y remédier? Chaque parc européen devrait avoir des parcs référents à l'autre bout du monde: où mieux qu'en Afrique élever des troupeaux d'herbivores africains?
- okapi
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
Je suis d'accord sur ce point, mais je trouve étrange que tu prônes le développement des zoos publics parce qu' "un privé fait ce qu'il veut chez lui". Un patron privé ne fait pas n'importe quoi avec ses ouvriers ou son matériel. Il devrait en être de même avec les animaux. Il faudrait d'abord et avant tout un meilleur contrôle, et peut être une plus grande sévérité ? Je suis pour, par exemple, un durcissement des règles pour la captivité des grands singes, des fauves ou des pachydermes.
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- raphaël
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
Le fait est qu'en France, les contraintes de détention sont plutôt light, comparé aux normes de nos voisins Belges, bien plus exemplaires que nous ne le sommes 

- bastet_75
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
Opposer le public au privé en arguant que la conservation ne devrait être l'affaire que de la première sphère c'est assez juste au niveau théorique, mais le problème de la mise en application se pose dans les deux sens.
Certes l'entreprise privée porte en elle les risques liés à ses éventuels apprentis-sorciers comme à la contrainte de la rentabilité, mais je doute que face à cela nous ayons un (ou plutôt une suite de) gouvernement(s) assez mûr(s) pour penser, superviser et mettre en place le réseau de parcs, réserves d'élevage et sanctuaires sauvages que tu évoques, Okapi. A l'heure actuelle je me satisferai donc d'une initiative privée de qualité, bien que soumise aux lois du chiffre d'affaire.
Calviac est un établissement d'une facture exceptionnelle. Je comprends tes propos sur la simple pose d'un enclos autour d'un carré de forêt, mais il suffit d'avoir arpenté le parcours de la réserve cinq minutes seulement pour savoir qu'il s'agit là de tout autre chose..
Tu ne peux pas opposer un Calviac "entre nostalgie et survie" à un Vincennes "vitrine flamboyante de la vie sauvage", alors que ce dernier n'a même pas ouvert ses portes et que - soyons honnêtes - nous n'avons actuellement aucune garantie de l'originalité, du degré d'innovation ni même de la qualité réelle de l'ensemble à venir. Tu parles souvent de la fainéantise intellectuellle de beaucoup de concepteurs les poussant á "reproduire ce qui marche ailleurs" et je souscris totalement à cette position, mais force est de constater que c'est ce à quoi nous risquons d'avoir droit sur nombre de futures installations à Vincennes.
Gardons-nous donc de faire des plans sur la comète et sachons apprécier la qualité où elle se trouve déjà. Calviac c'est un Doué miniature. C'est même mieux, car sa vision n'est pas devenue exemplaire avec le temps, elle l'a toujours été et le projet s'est construit sur une base des plus saines.
A mes yeux le rôle primordial d'un zoo est la sensibilisation du public au respect de la vie sous toutes ses formes, ce qui l'amènera à prendre en considération la préservation de la biodiversité. A ce titre, Calviac est un zoo exemplaire. J'ai vu et/ou entendu l'effet produit par la visite enchanteresse de ce lieu sur des personnes d'horizons différents, et je crois à 100% au bien-fondé de l'existence d'un tel établissement.
Certes l'entreprise privée porte en elle les risques liés à ses éventuels apprentis-sorciers comme à la contrainte de la rentabilité, mais je doute que face à cela nous ayons un (ou plutôt une suite de) gouvernement(s) assez mûr(s) pour penser, superviser et mettre en place le réseau de parcs, réserves d'élevage et sanctuaires sauvages que tu évoques, Okapi. A l'heure actuelle je me satisferai donc d'une initiative privée de qualité, bien que soumise aux lois du chiffre d'affaire.
Calviac est un établissement d'une facture exceptionnelle. Je comprends tes propos sur la simple pose d'un enclos autour d'un carré de forêt, mais il suffit d'avoir arpenté le parcours de la réserve cinq minutes seulement pour savoir qu'il s'agit là de tout autre chose..
Tu ne peux pas opposer un Calviac "entre nostalgie et survie" à un Vincennes "vitrine flamboyante de la vie sauvage", alors que ce dernier n'a même pas ouvert ses portes et que - soyons honnêtes - nous n'avons actuellement aucune garantie de l'originalité, du degré d'innovation ni même de la qualité réelle de l'ensemble à venir. Tu parles souvent de la fainéantise intellectuellle de beaucoup de concepteurs les poussant á "reproduire ce qui marche ailleurs" et je souscris totalement à cette position, mais force est de constater que c'est ce à quoi nous risquons d'avoir droit sur nombre de futures installations à Vincennes.
Gardons-nous donc de faire des plans sur la comète et sachons apprécier la qualité où elle se trouve déjà. Calviac c'est un Doué miniature. C'est même mieux, car sa vision n'est pas devenue exemplaire avec le temps, elle l'a toujours été et le projet s'est construit sur une base des plus saines.
A mes yeux le rôle primordial d'un zoo est la sensibilisation du public au respect de la vie sous toutes ses formes, ce qui l'amènera à prendre en considération la préservation de la biodiversité. A ce titre, Calviac est un zoo exemplaire. J'ai vu et/ou entendu l'effet produit par la visite enchanteresse de ce lieu sur des personnes d'horizons différents, et je crois à 100% au bien-fondé de l'existence d'un tel établissement.
- 'Abdallah
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
Quand Durrell a créé son parc, c'est parce qu'il pensait que personne ne faisait vraiment bien les choses, à de très rares exceptions près peut-être, en Europe sinon dans le monde. Il est difficile de justifier la création de Calviac à partir des mêmes données: de nombreux parcs sont aujourd'hui sur les traces de Jersey et accomplissent ce pour quoi Durrell militait. Et Durrell en son temps présentait globalement des espèces inconnues dont personne ne voulait vraiment ou que les zoos ne retenaient pas parce qu'il ne voyait pas l'intérêt de les montrer. Les lémuriens de Calviac ne sont pas mieux lotis que ceux de la Vallée ou de Nesles, les loups à crinière de la Haute Touche ne sont pas à plaindre non plus. Je comprends bien l'importance de la dispersion et du placement des individus produits par les parcs et la nécessité d'avoir des foyers d'accueil, mais il y a déjà tellement de parcs en France qui pourraient être améliorés et répondre à ces critères que la création d'un nouveau parc, y compris avec une motivation exemplaire, ne me paraît pas pertinente. D'autant qu'à moins d'un bouleversement touristique, la fréquentation de Calviac ne va pas bondir brusquement. Je ne parviens pas à comprendre l'idée de vouloir faire mieux que les meilleurs d'aujourd'hui avec des moyens réduits: placer aussi haut l'idée de conservation est remarquable, évidemment, mais les fonds de la création n'aurait-il pas été mieux employés ailleurs, dans des projets déjà établis et qui ont toujours besoin d'argent?
- okapi
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
okapi a écrit:Je comprends bien l'importance de la dispersion et du placement des individus produits par les parcs et la nécessité d'avoir des foyers d'accueil, mais il y a déjà tellement de parcs en France qui pourraient être améliorés et répondre à ces critères que la création d'un nouveau parc, y compris avec une motivation exemplaire, ne me paraît pas pertinente.
A moitié d’accord avec toi sur ce point. Certes il faut améliorer l’existant, repousser les normes les rendre implacables, faire des volières de Doué où des îles de la Vallée des Singes des références. Hélas il y a beaucoup de parcs trop axé sur le commercial, la privatisation du vivant et trop peu qui s’intéresse à la « vraie » conservation. Alors je ne boude pas mon plaisir à visiter un parc comme Calviac basé sur une vraie philosophie de protection, de développement durable et exemplaire dans ces choix d’installations et de collection. Je te conseille vraiment, okapi, de visiter le site, rencontrer et échanger avec son directeur E. Mouton. Tu serais surpris de ce que peux entreprendre un (petit) parc privé ! Les installations de Calviac sont un choix facile ? Oui c’est vrai mais c’est tellement plus pertinent qu’une serre tropicale, ce serait gâcher le paysage et le site naturels qui sont magnifiques.
"Je suis une part de tout ce que j'ai rencontré" José Ortega y Gasset.
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Simon38 - Messages: 1159
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
Durrell a beau être une référence absolue pour nous tous, n'oublions pas que dans les premières années, son zoo était une banale ménagerie alignant lions, chimpanzés, babouins, et flamants roses. Bien qu'il ait toujours voulu faire tendre son parc vers la conservation d'espèces méconnues, Durrell a passé les dix premières années à développer un zoo basique avec des animaux très commerciaux pour rentabiliser son parc, avant d'en changer drastiquement la philosophie.
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- raphaël
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
Je suis tout à fait d'accord avec le message précédent d'Abdallah. D'autant plus que maintenant la conservation est vraiment une affaire économique. Nous savons comment sauver la plupart des espèces, ce qu'il manque toujours c'est suffisamment d'argent. D'ailleurs la grande majorité des projets de conservation ont un important volet économique et social. En Afrique, pour inciter les populations à conserver leurs grands animaux, toutes les actions tentent d'introduire des corrections économiques en mettant en place des dispositifs et des actions comme l'inauguration de structure d'accueil de touristes afin que les animaux vivants coûtent plus que lorsqu'ils sont morts. La conservation de l'éléphant d'Afrique en est le meilleur exemple. On souhaite combattre la disparition des espèces motivée par des raisons économiques en modifiant justement cette structure économique.
Pour en revenir à la question initiale, cela montre pour moi que la conservation animale et végétale appartient aussi clairement à la sphère capitaliste. On peut s'en plaindre, se dire que notre patrimoine vivant ne devrait pas avoir de valeur et devrait être une priorité pour l'humanité mais je ne vois pas comment l'on peut modifier cela. A partir de ce moment là, je ne vois pas pourquoi l'on devrait éliminer des agents privés, soumis aux contraintes évoquées mais finalement plus nombreux et efficaces que la grosse machine publique qui a déjà du mal à exécuter ses rôles régaliens.
Okapi, je te suis dans ton raisonnement sur la création de Calviac. Il n'y a rien d'unique dans le concept, la vision, et d'autres zoos font certainement mieux que Calviac actuellement. Sauf que par la suite tu te trompes en disant que de nombreux zoos suivaient les traces de Durell. A l'échelle nationale ou européenne, la proportion de parcs suivant les préceptes de Durell et les traduisant en actions concrètes est infime. Combien d'enclos à lions, pour combien à fossas ? En raison des nécessités de placement que tu as évoqué, la création de Calviac se justifie amplement. Alors pourquoi ne pas plutôt modifier les structures déjà existantes mais qui n'ont pas la vocation de la conservation ? En effet, il y aurait certainement assez de place dans les zoos français pour aider tous ces EEP en difficulté en raison du manque d'intérêt apporté à leurs espèces mais comme leurs opérateurs sont privés et indépendants, on ne peut pas peser sur leurs décisions. Recourir aux initiatives privées implique forcément de nombreuses imperfections, et l'on doit quelque part accepter qu'une part de ces opérateurs ne servent à rien ou fassent mal leur mission. Ce qui est préoccupant en France, c'est la part que ces zoos prennent dans la somme. Et puis, il est tellement plus facile de partir de zéro que de reconstruire sur l'ancien...
Est-ce que l'argent investi à Calviac n'aurait pas plus servi sur le terrain ? Il faut distinguer ici l'investissement que constitue la création du parc aux dons en faveur des organismes qui ont la nature d'une charge. Par nature, un investissement est une dépense dont on attend des profits futurs supérieurs à la somme investie. La création de Calviac peut se justifier comme la constitution d'un outil générateurs de ressources futures pour la conservation à long terme. Cette quantité d'argent aura dans l'idéal un impact supérieur à la somme directement engloutie sur place. Comme toute initiative capitaliste, c'est une prise de risque qui peut ne pas être récompensée.
Pour en revenir à la question initiale, cela montre pour moi que la conservation animale et végétale appartient aussi clairement à la sphère capitaliste. On peut s'en plaindre, se dire que notre patrimoine vivant ne devrait pas avoir de valeur et devrait être une priorité pour l'humanité mais je ne vois pas comment l'on peut modifier cela. A partir de ce moment là, je ne vois pas pourquoi l'on devrait éliminer des agents privés, soumis aux contraintes évoquées mais finalement plus nombreux et efficaces que la grosse machine publique qui a déjà du mal à exécuter ses rôles régaliens.
Okapi, je te suis dans ton raisonnement sur la création de Calviac. Il n'y a rien d'unique dans le concept, la vision, et d'autres zoos font certainement mieux que Calviac actuellement. Sauf que par la suite tu te trompes en disant que de nombreux zoos suivaient les traces de Durell. A l'échelle nationale ou européenne, la proportion de parcs suivant les préceptes de Durell et les traduisant en actions concrètes est infime. Combien d'enclos à lions, pour combien à fossas ? En raison des nécessités de placement que tu as évoqué, la création de Calviac se justifie amplement. Alors pourquoi ne pas plutôt modifier les structures déjà existantes mais qui n'ont pas la vocation de la conservation ? En effet, il y aurait certainement assez de place dans les zoos français pour aider tous ces EEP en difficulté en raison du manque d'intérêt apporté à leurs espèces mais comme leurs opérateurs sont privés et indépendants, on ne peut pas peser sur leurs décisions. Recourir aux initiatives privées implique forcément de nombreuses imperfections, et l'on doit quelque part accepter qu'une part de ces opérateurs ne servent à rien ou fassent mal leur mission. Ce qui est préoccupant en France, c'est la part que ces zoos prennent dans la somme. Et puis, il est tellement plus facile de partir de zéro que de reconstruire sur l'ancien...
Est-ce que l'argent investi à Calviac n'aurait pas plus servi sur le terrain ? Il faut distinguer ici l'investissement que constitue la création du parc aux dons en faveur des organismes qui ont la nature d'une charge. Par nature, un investissement est une dépense dont on attend des profits futurs supérieurs à la somme investie. La création de Calviac peut se justifier comme la constitution d'un outil générateurs de ressources futures pour la conservation à long terme. Cette quantité d'argent aura dans l'idéal un impact supérieur à la somme directement engloutie sur place. Comme toute initiative capitaliste, c'est une prise de risque qui peut ne pas être récompensée.
- Therabu
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
L'année commence vraiment fort! Je suis d'accord avec tous vos arguments, évidemment! Mais, reconnaissez que la multiplication des structures n'est pas la meilleur réponse au problème: trop de lions, pas assez de fossas? Il faut contraindre les parcs à en accueillir. Il n'y a aucune justification à attendre le bon vouloir des parcs commerciaux dans une affaire aussi importante: il faut réguler leurs choix et les obliger à s'investir toujours plus. Ils veulent continuer d'exister en s'offrant un mince vernis protecteur et une bonne conscience? Qu'ils mutualisent leurs ressources, qu'ils fassent de vrais choix stratégiques en matière de conservation plutôt que de viser le plus grand troupeau d'hippopotames ou des lions blancs. Privé et commercial signifie, aujourd'hui, vide de sens. Il faut impulser des contrôles sévères sur les installations et comprendre pourquoi la reproduction ne marche pas mieux et si c'est insoluble, on transfère les animaux ailleurs. Dépositaires plutôt que propriétaires, avec obligation de résultat.
L'intention de Calviac est louable, certes, mais qu'est-ce que Doué, Zoodyssée ou la Vallée auraient pu faire avec les 650 000 € de la création? Et le Reynou? Sans doute bien plus, compte tenu qu'ils possèdent déjà bon nombre d'infrastructures et ont une implantation déjà établie.
L'intention de Calviac est louable, certes, mais qu'est-ce que Doué, Zoodyssée ou la Vallée auraient pu faire avec les 650 000 € de la création? Et le Reynou? Sans doute bien plus, compte tenu qu'ils possèdent déjà bon nombre d'infrastructures et ont une implantation déjà établie.
- okapi
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Re: L'Hérault s'offre un nouveau parc animalier
De même je suis d'accord avec tous tes arguments, mais reconnaît que c'est extrêmement théorique tout ça. Les "contraindre" ? Mais qui va contraindre les parcs privés à quoi que ce soit ? Au mieux j'attendrai des normes censées assurer les meilleures conditions de vie aux animaux. Mais infléchir en profondeur sur la politique des parcs... Soyons sérieux.
Il n'y a aucune justification à attendre le bon vouloir de l'appareil étatique dans une affaire aussi importante.
Il faut avoir conscience du point auquel l'État peut être à côté de la plaque concernant la conservation de la biodiversité (à plus forte raison concernant le rôle que les zoos ont à y jouer). Face à ça il y a, effectivement, assez d'entreprises privées dont la vision est foireuse voire inexistante pour ne pas se réjouir de la mise en place d'un projet tel que Calviac.
Je te rejoins tout-à-fait sur la priorité que représente les parc existants. Mais dans de nombreux cas, à moins d'un changement de direction, un apport financier ne signifierait qu'une amélioration des conditions actuelles, pas plus. Une vision, un souffle, une direction forte n'apparaissent pas avec de l'argent. On le constate hélas trop souvent, à chaque nouveauté ou rénovation brillant par son manque d'ambition et sa profonde médiocrité. Même des millions peuvent servir les projets les plus moisis.
Après bien sûr, le mécène peut discuter, accompagner la direction pour que son apport soit utilisé à bon escient. Mais on en revient toujours à l'initiative privée. A mon sens elle est centrale en l'état actuel des choses, même si elle peut causer des dégâts. Trop attendre des instances publiques n'est, à mon avis, pas très sain en terme de dynamisme.
Il n'y a aucune justification à attendre le bon vouloir de l'appareil étatique dans une affaire aussi importante.
Il faut avoir conscience du point auquel l'État peut être à côté de la plaque concernant la conservation de la biodiversité (à plus forte raison concernant le rôle que les zoos ont à y jouer). Face à ça il y a, effectivement, assez d'entreprises privées dont la vision est foireuse voire inexistante pour ne pas se réjouir de la mise en place d'un projet tel que Calviac.
Je te rejoins tout-à-fait sur la priorité que représente les parc existants. Mais dans de nombreux cas, à moins d'un changement de direction, un apport financier ne signifierait qu'une amélioration des conditions actuelles, pas plus. Une vision, un souffle, une direction forte n'apparaissent pas avec de l'argent. On le constate hélas trop souvent, à chaque nouveauté ou rénovation brillant par son manque d'ambition et sa profonde médiocrité. Même des millions peuvent servir les projets les plus moisis.
Après bien sûr, le mécène peut discuter, accompagner la direction pour que son apport soit utilisé à bon escient. Mais on en revient toujours à l'initiative privée. A mon sens elle est centrale en l'état actuel des choses, même si elle peut causer des dégâts. Trop attendre des instances publiques n'est, à mon avis, pas très sain en terme de dynamisme.
- 'Abdallah
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