Aude : la Réserve de Sigean en plein épanouissement
Près de 160 espèces cohabitent dans le parc. Bientôt, un rhinocéros blanc va y naître.
La Réserve africaine héberge plus de 3 500 animaux. Certains de ses pensionnaires ont connu cette année un heureux événement.
Les quelque 160 espèces animales de la Réserve africaine de Sigean (Aude) ont eu récemment plusieurs naissances dont quatre rares guépards, moins de deux ans après des inondations qui avaient fortement endommagé sa flore et sa faune. Le guépard Malik, arrivé il y a plusieurs mois d'Allemagne avec son frère Abari dans ce site proche de la Méditerranée, a été un heureux reproducteur.
Les petits pas visibles avant août
Heureux parce que, explique le directeur zoologique du site, Antoine Joris, les femelles guépards supportent difficilement la présence de mâles et ces derniers se retrouvent à vivre en fratrie. Il a fallu que Malik “plaise” à Azali pour qu'elle se laisse approcher... et donne naissance fin mai à quatre petits. De sexe non encore déterminé avec certitude, les petits ne seront " pas visibles avant août ", explique M. Joris. Aussi Azali peut-elle s'occuper tranquillement de ses bébés félins dans un cabanon éloigné des visiteurs. Mais la petite famille est sous la surveillance d'une caméra.
Un rhinocéros blanc en octobre
Pour cette espèce menacée de disparition, plusieurs méthodes de reproduction avaient été tentées à Sigean et ailleurs, dont l'insémination artificielle : " Les taux d'échec ont été très élevés ", indique Antoine Joris, également principal vétérinaire du parc. " Les naissances de guépards sont compliquées. Il n'y en avait pas eu à Sigean depuis de nombreuses années ", souligne un autre responsable, Gabriel de Jèsus. Il faut que le soigneur chargé des guépards détecte quand la femelle est en chaleur, ce qui n'est déjà pas facile. À partir de là, il faut organiser une rencontre et surveiller.
Les animaux en semi-liberté
Difficulté supplémentaire : les responsables de la réserve mènent une politique de semi-liberté pour leurs pensionnaires, presque tous originaires d'Afrique, ce qui éloigne le plus possible le contact humain. " Je ne sais pas si les animaux sont heureux ici, en tout cas d'avril à juillet, c'est le baby-boom à Sigean ", lance Antoine Joris. Outre les récentes naissances d'Oya la girafe, de nombre d'antilopes, de six oursons à collier et d'un phacochère, " un rhinocéros blanc est attendu pour octobre ", annonce Gabriel de Jèsus. Il y avait déjà eu deux naissances en 2012 et 2013 de ce pachyderme en voie de disparition, pourchassé dans sa terre d'Afrique pour sa corne censée doper la virilité.
Eviter la consanguinité
La réserve, ouverte tous les jours, est aussi célèbre pour ses lions, girafes, éléphants, singes rares et toutes sortes de reptiles et oiseaux. Depuis sa création il y a quarante ans, elle s'est développée grâce à ses nombreuses naissances boostées par des échanges avec les parcs d'Europe " pour éviter la consanguinité ", insiste le vétérinaire en chef. Des cigognes, population étrangère aux pensionnaires de Sigean, ont élu domicile près des points d'eau fréquentés par les flamands roses. Des dizaines de nids sont visibles.
Des travaux anti-inondations
Pendant un temps, après les inondations de la fin 2014 et la mort de plusieurs pensionnaires par noyade, les responsables de la réserve avaient envisagé de déménager . Depuis, des travaux ont été menés par les propriétaires du parc privé, dont la création de talus surélevés pour permettre aux animaux d'échapper à de nouvelles inondations. Récemment, des experts mandatés par le ministère de l'Environnement ont visité le parc et émis des recommandations positives, soulignant notamment que la réserve était un " enjeu économique important et qu'il fallait pérenniser le site ", a indiqué Antoine Joris, plein d'espoir. Sigean " est une PME qui avait généré en 2009 plus de 100 M€ en retombées financières indirectes dans l'Aude ", rappelle-t-il.
Un site à Millau ?
Le site de Sigean devait être relocalisé à Millau à cause des inondations subies par la réserve audoise il y a deux ans. Finalement, la municipalité a décidé de financer une étude de faisabilité de 70.000 € pour construire un projet autonome. Cette nouvelle réserve d’animaux se situerait sur plus de 100 hectares dans la continuité de la zac Millau Viaduc 2. Les experts auront six mois pour déterminer si le projet est viable. Le maire, Christophe Saint-Pierre, espère que cette idée deviendra " un gros projet économique pour la ville ".
Source :
Midi Libre.
