REPORTAGE. Comprendre la biodiversité grâce au Naturalium
Sciences et Avenir a visité le tout récent Naturalium de Besançon, un nouveau Muséum qui rassemble fossiles, animaux et nouvelles technologies pour mieux comprendre la biodiversité.
Perchée sur les hauteurs de Besançon, la Citadelle se mérite. Elle se penche au-dessus du Doubs comme un témoin des temps anciens. Entre ses vieilles pierres et ses allées médiévales se cachent des salles combles de trésors, arrachés à tous les règnes du vivant. Mais le Muséum de la Citadelle vient de s'enrichir d'une nouvelle annexe, comme un pont vers l'avenir. Le Naturalium invite le visiteur à découvrir les grands principes de l'évolution et les menaces qui pèsent sur la biodiversité. Entre fossiles, animaux naturalisés, écrans plasma et jeux sur tablettes, une passerelle est jetée vers la connaissance du vivant.
"L'ADN, base de la vie"
"On peut ouvrir les tiroirs !" Les enfants ont vite compris que les plus grands trésors étaient cachés. Exposition interactive, le Naturalium joue avec les lumières, les sons, les formes, les aspérités et les couleurs. Dans chaque salle, les concepteurs ont voulu créer un univers particulier avec des animaux et des messages à chercher dans des boîtes, tiroirs, placards, etc. "C'est pour que tout se mélange, explique le conservateur en chef Lionel François, car le cloisonnement est un point de vue scientifique daté". Lucide sur son projet, il assure "ne pas faire de pédagogie mais de l'initiation, en laissant la liberté de chercher". Quid de la séparation tranchée entre les disciplines ? Puisque "la science n'en est plus là", on trouve presque de tout dans ce cabinet des curiosités. Au naturalisme anthropocentrique et ses noms latins barbares, le Naturalium préfère la mise en abîme. Dans la vitrine, un squelette d'homme, au milieu d'autres ossements de primates, sans que l'humain ne tire la couverture à lui. Par terre, on foule du pied l'arbre phylogénétique, dessiné sous forme de cercle. Et là, très excentré, perdu dans la périphérie, on peut lire : Homo sapiens. Derrière une autre vitre se serrent un crâne, un champignon, un herbier. Qu'ont-ils en commun ? "L'ADN ! La base et la structure de la vie."
La double hélice est le fil rouge de l'exposition. Dans sa version XXL en bois, elle guide le visiteur à travers les 6 salles : Biodiversité, Comment classer le vivant, L'évolution, Un exemple d'écosystème, Menaces sur la biodiversité. Il faudra attendre le dernier espace, axé sur les grandes crises, pour voir enfin des dinosaures. Mais pas juste pour le plaisir des yeux. Car, comme le dit la vidéo de présentation sur grand écran, "la biodiversité telle que nous la connaissons et dont nous faisons partie est en danger aujourd'hui". Entraînés dans un voyage à bord du vaisseau Terre, les visiteurs prennent conscience de leur rôle à jouer dans l'Odyssée de la vie. Un parcours en dents de scie, ponctué par 5 crises majeures, dont celle qui mit fin au règne des dinosaures. Elles ont causé la disparition, à chaque fois, de plus de 75 % des espèces. Sommes-nous en train de provoquer la sixième ?
Biodiversité en danger
De salle en salle, une ambiance tamisée qui sent la peinture fraîche propose une expérience pour le moins iconoclaste. Comme ce "cabinet de naturaliste du 19e siècle", ainsi présenté par Lionel François. Ses rayonnages sont modérément décorés : ici un scorpion, là un singe, puis une erreur de la nature : la chèvre à deux têtes. "Et là, on ouvre les tiroirs et surprise ! De nouveaux animaux et un peu de lecture. Les poissons n'existent pas. Les invertébrés non plus." Datées, les anciennes classifications, basées sur la morphologie, ne résistent pas aux apports de la génétique. Plus loin, dans une salle qui ressemble à une cuisine, au fond d'un placard à portée d'enfant, ce dernier trouve un pot de Nutella et un oiseau. Le Touraco violet pourrait disparaître. Son environnement est menacé par la culture de l'huile de palme. A côté, il y a un four avec une pizza. Lionel François explique ce qu'on peut aussi bien lire sur la pancarte : "Environ 70 % des ressources maritimes mondiales sont exploitées plus rapidement qu'elles ne se reproduisent. Résultat, un aliment aussi évident que l'anchois est menacé par la surpêche." Le message est clair : l'amoindrissement de la biodiversité aura des impacts sur la vie de tous les jours. Et pour la protéger, ça commence ici et maintenant. Entre le four, le placard et le frigo.
Le Naturalium de Besançon, 99 Rue des Fusillés de la Résistance, 25000 Besançon. Ouverture 9h à 18h tous les jours (dont le week-end). A partir de 7 ans.
Damien Desbordes
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