Des singes de l’Atlas font polémique dans l'HéraultUn homme d’affaires et sa femme, passionnés par les magots, veulent créer un parc animalier à Teyran, près de Montpellier. La population est divisée. A l’évidence, les trois singes de la sagesse auraient bien du mal à trouver leur place à Teyran. Aujourd’hui, dans ce village héraultais de 4 300 habitants, les macaques de Barbarie, appelés aussi magots, sont, en effet, source de discorde. La raison : faut-il ou non implanter sur 13,5 hectares de forêt communale Le Royaume des singes, un parc animalier pour 60 mammifères (120 à terme) ? Les réponses sont tranchées et la polémique vive dans la bourgade d’ordinaire plutôt calme.
Pour Jean-Pierre Mollet, le maire de la commune, le “oui” est limpide. D’après Éric Bascou, président de l’association
Cœur de garrigue, c’est un “non” sans équivoque. Les arguments fusent : écologiques, économiques, environnementaux.
« Quand, en mars 2009, Sébastien Trichard m’a présenté ce projet, basé sur la sauvegarde d’une espèce en danger, je suis resté scotché, avoue Jean-Pierre Mollet. Pour moi, la première condition était la compatibilité avec la forêt communale. J’ai vu l’ONF qui, restant en charge de cette forêt, m’a rassuré. Le Sdis (Ndlr : Service départemental d’incendie et de secours) a, lui, imposé des réserves d’eau et un observatoire pour les pompiers, indique le premier magistrat. D’un point de vue économique, avec le débroussaillage réalisé par le porteur du projet et non par la commune, ainsi que le loyer qui nous sera alloué, ce sont, annuellement, près de 30 000 euros qui reviendront à Teyran, ce qui paiera l’entretien de notre forêt de 220 hectares. De plus, une douzaine d’emplois (Ndlr : sur 20 prévus) sont réservés aux Teyrannais. Et je ne parle pas de la taxe foncière et des retombées sur la restauration locale et sur nos gîtes, si seulement 5 à 10 % des visiteurs du parc viennent au village... »
L’enquête publique s’ouvrira dans les prochaines semainesLa vision d’Éric Bascou est évidemment bien différente. « D’abord, s’indigne ce Teyrannais, nous avons été mis devant le fait accompli. » « Au départ, poursuit-il, ce projet baignait dans un discours écologique et de développement durable. Tout était dans la communication, rien dans le fond. Certes, quelques magots braconnés dans l’Atlas pour être revendus en Europe seraient sauvés. Mais, préserver une espèce, c’est d’abord agir dans son milieu, en l’occurrence au Maroc et en Algérie. Ce que nous dénonçons aussi, c’est la déforestation induite par ce projet. Nous l’avons chiffrée à 4,5 hectares », martèle Éric Bascou.
« Avec plus de 1 200 signatures sur notre pétition, nous souhaitions un référendum. Le conseil municipal a voté contre. Mais nous ne désarmons pas, confie l’opposant. Nous savons que le raccordement au Lien (Ndlr : Liaison intercommunale d’évitement nord de Montpellier) est impossible. Et qui paiera les travaux liés au trafic, 200 000 visiteurs étant attendus chaque année ? Un rond-point, ça coûte 700 000 € ! »
Dans les semaines à venir s’ouvrira l’enquête publique. Avant l’été, le commissaire enquêteur rendra son verdict. Et nul doute que celui-ci ne sera pas du goût de tout le monde...
Source :
http://www.midilibre.com/articles/2011/ ... 49196.php5