Kénya : le trafiquant d'ivoire chinois condamné à 7 ans de prison
Un tribunal kényan a infligé hier une peine record à un trafiquant d'ivoire, la première prononcée aux termes de la nouvelle loi promulguée par le pays dans l'espoir d'endiguer une recrudescence du braconnage.
Tang Yongjian, un Chinois de 40 ans, a été condamné à payer une amende de 20 millions de shillings (soit environ 170 000 euros) ou à passer sept années derrière les barreaux. Une défense d'ivoire de 3,4 kg avait été découverte dans sa valise la semaine dernière à l'aéroport de Nairobi, où il faisait escale entre le Mozambique et la Chine.
Tang, qui a plaidé coupable, dispose de 14 jours pour faire appel.
Selon un porte-parole du Service de la faune kényane (KWS), chargé de la gestion des parcs nationaux du pays, ce jugement va donner un coup de fouet bien nécessaire aux efforts de protection de la faune. « C'est un jugement historique, qui crée un précédent contre ceux qui sont impliqués dans le trafic d'ivoire », a déclaré Paul Udoto.
Il a ajouté que ces peines plus lourdes feront du « massacre de la faune sauvage une activité très coûteuse ». « C'est un précédent remarquable », a-t-il loué.
Auparavant, les trafiquants n'étaient punis que d'une « tape sur les doigts », un laxisme décourageant pour les gardes des parcs kényans, qui sont souvent dépassés en nombre et en armes par des gangs de braconniers au trafic lucratif. « Savoir que les braconniers vont perdre beaucoup d'argent et purger de longues peines dans les prisons kényanes est une motivation majeure pour nos rangers », a déclaré Udoto.
Dans sa décision, le juge William Oketch a pris en compte le fait que l'accusé avait plaidé coupable et qu'il avait exprimé des remords, mais il a souligné que ce dernier ne « pouvait pas invoquer l'ignorance, dans la mesure où le trafic d'ivoire est une source de préoccupation majeure dans le monde entier ».
Quelques heures avant le verdict, un autre Chinois a été arrêté à l'aéroport de Nairobi en possession de trois colliers, deux bracelets, 10 pendentifs en ivoire et deux blocs rectangulaires.
Lors de son arrestation, le voyageur était en transit entre la République démocratique du Congo et la ville de Guangzhou (sud de la Chine). Il aurait nié toute implication dans un trafic, selon le chef de la police de l'aéroport Joseph Ngisa.
L'Afrique a connu une escalade du braconnage au cours des dernières années, dont les plus grandes victimes sont les rhinocéros et les éléphants.
Le commerce de l'ivoire est interdit depuis la Convention sur le commerce international des espèces en voie de disparition de 1989, un accord international mais le commerce illicite, qui générerait jusqu'à 10 milliards de dollars par an, continue de prospérer, alimenté par la demande des pays d'Asie et du Moyen-Orient.
L'ivoire est recherchée pour la confection de bijoux et d'objets décoratifs, et les cornes de rhinocéros (composées de kératine, la même substance que nos ongles) sont toujours prisées en Asie, où la croyance populaire lui prête des vertus médicinales puissantes.
D'après la nouvelle loi kényane, entrée en vigueur en décembre dernier, les individus impliqués dans le commerce de trophées de chasse encourent au minimum une amende d'un million de shilling ou cinq années d'emprisonnement, voire les deux à la fois.
Quant au massacre d'espèces menacées, crime le plus grave dans le domaine, il est désormais passible de prison à perpétuité, et d'amendes pouvant aller jusqu'à 20 millions de shillings.
Auparavant, les amendes n'excédaient pas 40 000 shillings, et les peines de prison n'allaient pas au-delà de 10 ans pour ce type de crimes.
Certains trafiquants retrouvés au Kenya en possession d'une corne d'ivoire s'en sont sortis en payant moins d'un dollar d'amende.
En 2012, 384 éléphants ont été tués par des braconniers au Kenya, soit 289 de plus qu'en 2011, et 2013 n'a pas vu le fléau reculer significativement.
La population d'éléphants en Afrique est estimée à environ 500 000, alors qu'ils étaient 1,2 million en 1980 et 10 millions en 1900, et font partie des espèces menacées.
Les safaris sont une attraction majeure du tourisme kényan, un secteur qui représente 12,5 % du PIB du pays et 11 % de ses emplois.
En 2012, 384 éléphants ont été tués par des braconniers au Kenya, soit 289 de plus qu'en 2011, et 2013 n'a pas vu le fléau reculer significativement.
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