Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Taxonomie, éthologie... Voici le lieu de vos échanges animaliers !

Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Messagepar raphaël » Vendredi 04 Octobre 2013 20:51

MADAGASCAR


Bonjour à toutes et tous,

En cette Journée Mondiale des Animaux, je prends enfin le temps de vous proposer les premières photos de mon voyage à Madagascar.
J'ai donc passé 6 mois, de mars à début septembre, sur la Grande Ile de l'Océan Indien dans le cadre de mon stage de Master 2. Mon travail consistait en l'étude de la composition en lémuriens d'une forêt classées du nord de l'île, pas loin de Nosy Be qui est actuellement sous le feu de l'actualité pour de tristes raisons...

Mais outre mon travail, j'ai eu l'occasion et la chance de pouvoir visiter de nombreux hauts lieux riches en biodiversité propre à Madagascar.
Car l'île, souvent surnommée le huitième continent, accueille une Nature unique, avec un des plus hauts taux d'endémisme de la planète.
Je vais vous présenter ces petits voyages tour à tour.

Et l'on commence par....

DARAINA

Située au Nord de Madagascar, la ville de Daraina est une transition entre le Nord Est et le Nord Ouest. Le climat, éloigné de toute côte, y est proche du climat oriental de l'île : sec et ensoleillé, avec une saisonnalité marquée. J'y suis allé en pleine saison sèche, seule période où les routes sont vraiment praticables.

Région de Daraina

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A Daraina, se situe les bureaux de l'ONG Fanamby ("le défi" en malgache, http://association-fanamby.org/ ) qui " reléve le defi d'un aménagement concerté des espaces terrestres & marins, en partenariat et aux services des femmes et des hommes, pour la conservation durable de la biodiversité." d'après leur site internet. Vous l'aurez compris, comme souvent dans les pays en voie de développement, le but est d'aider les populations locales à mieux vivre tout en préservant la Nature. Pour ce faire, l'ONG s'occupe de la gestion de plusieurs aires protégées sur l'île, dont la forêt de Loky-Manambato, située à quelques kilomètres du village de Daraina.

Locaux de l'ONG Fanamby

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Fanamby accueille des touristes et leur permet d'aller visiter les aires protégées dont elle a la charge. Je me suis donc rendu sur un weekend à Daraina avec des amis. En partant du village, pour joindre la forêt, plusieurs possibilités nous sont proposées par l'ONG : louer des vélos, des motos ou des 4X4. Vu la déclivité de la zone, nous avons opté pour les motos. Nous sommes donc partis avec notre guide en direction de cette forêt sèche, en traversant les collines sur les pistes rouges de latérite typiques de Madagascar...

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Nous arrivons alors dans un petit village typique malgache (dont j'avoue ne plus me souvenir du nom), qui sert de base à l'exploration de la forêt protégée. C'est ici que l'on se gare et que l'on part visiter à pied le site. Et il ne faut pas faire un long chemin pour trouver des animaux, puisque le premier bosquet d'arbre à la sortie du village abritait déjà l'espèce emblématique du lieu :

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Le propithèque couronné, ou propithèque de Tattersall (Propithecus tattersali) est en effet le symbole de la forêt de Daraina. C'est lui que viennent voir les touristes, lui que les scientifiques viennent étudier. Et pour cause, il ne se trouve que là, sur une aire de 5000 km2 au nord de Daraina. Cette toute petite aire de répartition en fait un des lémuriens les plus menacés, classé Endangered par l'UICN. Et pourtant, alors que l'on a affaire à l'un des animaux les plus rares de la planète, à Daraina, ils pullulent à tous les coins d'arbre ! Je n'éxagère pas, c'est vraiment l'impression que cela fait : on se balade 2 heures en forêt à quelques encablures du village, et les propithèques sont partout autour de nous, par petits groupes, dans la végétation. Et ils ne sont nullement craintifs, ce qui entraine une grande proximité entre eux et nous. La raison à cela ? Cette espèce est totalement fady pour la population locale, c'est à dire qu'il s'agit d'un animal tabou, de part sa ressemblance avec l'Homme, il n'est ni chassé ni tué. Ainsi, les propithèques de Daraina ne se méfient absolument pas de l'Homme... Ce qui permet de le voir aussi bien que dans un parc zoologique, fait que je n'ai retrouvé pour aucune espèce à Madagascar. D'ailleurs, la réserve abrite d'autres lémuriens plus petits (lémurs couronnés et lémurs bruns), et eux, chassés, sont beaucoup plus difficiles à voir...

Mais plus encore que la facilité à laquelle on observe le propithèque, c'est l'état même de la forêt qui est étonnant. En effet, la région est connue pour être lieu privilégié par les chercheurs d'or... Et le petit village traversé en arrivant est véritablement un village d'orpailleur ! Du coup, toute la forêt est un énorme gruyère, au sol troué de toutes parts par les chercheurs. Ce qui donne à l'endroit un paysage tout à fait étrange, un sol totalement détruit et exploité, et juste au dessus, dans les arbres, un lémurien doré :

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Heureusement, on quitte ensuite la partie exploitée pour s'enfoncer dans la forêt intacte. La forêt sèche est remplie de végétaux étranges et improbables, dont je ne connais pas les noms, mais que je vous partage :

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Hé, vous savez qui fait ces trous ?

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Réponse : ce sont les trous du aye-aye (Daubentonia madagascariensis), cet extraordinaire lémurien nocturne, qui creuse les troncs morts à la recherche de larve. Malheureusement, nous n'avons pas pu faire la visite de nuit pour le voir.

D'ailleurs, le seul lémurien visible aura été le propithèque doré. Mais en grand nombre ! Plusieurs groupes de taille différente vivent dans la forêt.
Voici quelques-unes des photos que j'ai pu faire ce jour là :

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Des images plein la tête, de cette rencontre si proche avec l'un des plus beaux lémuriens que j'ai pu voir, nous avons donc repris la moto pour rejoindre Daraina, traversant le chemin dans le soleil couchant...

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...En attendant la suite !
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Re: Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Messagepar JEROME31 » Vendredi 04 Octobre 2013 23:10

Superbe...
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Re: Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Messagepar Philippe » Samedi 05 Octobre 2013 7:28

Merci et... on attend avec impatience la suite !
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Re: Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Messagepar maxime » Samedi 05 Octobre 2013 8:54

Fantastique, merci Raphaël !
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Re: Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Messagepar Antoine6259 » Samedi 05 Octobre 2013 10:04

Merci pour ces belles photos, et pour la découverte de cette espèce que je ne connaissais pas !
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Re: Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Messagepar nico » Samedi 05 Octobre 2013 10:39

Merci beaucoup Raphaël , j'ai hâte de lire la suite de tes aventures.
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Re: Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Messagepar Arnaud » Samedi 05 Octobre 2013 10:59

Génial, vivement la suite !
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Re: Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Messagepar raphaël » Lundi 21 Octobre 2013 13:40

La suite, et bien tout commence le soir même, puisque depuis Daraina, je prends un taxi-brousse qui va m'emmener à l'Est, vers la Côte de la Vanille...

Le trajet, entièrement de nuit (donc aucune photo pour vous montrer, malheureusement) est infernal. La route qui relie le nord-ouest au nord-est de Madagascar est l'un des pires du pays. Piste de sable et de caillloux, elle est pleine d'ornières, de trous et de bosse. En saison sèche, c'est juste un horrible tape-cul pendant 18h. A la saison humide, elle est carrément impraticable. La plupart des touristes louent un 4X4 privatisé avec chauffeur, ce qui rend le trajet un peu confortable, mais nous autres, jeunes étudiants, nous utilisions les moyens de transport locaux, à savoir les taxi brousse, sorte de minibus surpeuplés où l'on fait tenir 4 adultes et un enfant sur des banquettes de trois places...

Bref, à la fin de ce périple, nous arrivons à Vohémar, première ville de la Côte de la Vanille. Nous reprenons alors un taxi brousse pour descendre jusqu'à Sambava, grosse bourgade, capitale malgache de la dite vanille. Et on sent qu'on a vraiment, en quelques heures de voiture, changé d'univers. Autant Daraina avait un climat plutot sec, et était la vraie profonde campagne malgache, autant Sambava et toute la côte de la Vanille est une zone humide, et riche.
J'ai visité beaucoup de régions à Madagascar (vous les verrez prochainement), mais la côte de la Vanille est clairement la région la plus développée, la plus calme aussi, et la plus sûre. C'est le seul endroit où l'on peut voir des villes entières sans bidonville ou gens dans la rue, ou encore où les maisons qui présentent des signes extérieurs de richesse ne sont pas bardées de barbelés ou de gardiens.
En terme de climat, nous sommes passés sur la partie Est, c'est donc une région pluviale, où les précipitations sont nombreuses, à longueur d'année.
Sambava est une ville riche mais sans grande âme, mais elle est la ville la plus proche de ce qui m'intéresse...

LE PARC NATIONAL DE MAROJEJY

Maro jejy, en malgache, cela peut vouloir dire "beaucoup d'eau" ou "beaucoup de fantômes". N'ayant pas vu ces derniers, je pense que la première explication est plus plausible...
"Plus beau parc national de l'île" d'après le Guide du Routard, Marojejy, c'est 55 000 ha de forêts très accidentées : le Parc englobe en fait la fin de la chaîne de montagne qui parcourt Madagascar du sud au nord. Il abrite d'ailleurs le Pic Marojejy, plus haut sommet accessible de l'île, atteignant plus de 2500m d'altitude. C'est ce relief qui fait la richesse du Parc, puisque l'on traverse ainsi plusieurs types de forêt selon l'altitude. C'est aussi le Parc le mieux aménagé pour accueillir le visiteur sur plusieurs jours : trois camps nous attendent tout au long du parcours, où l'on peut loger dans de petits bungalows. Il faut, au moment de partir, prendre avec soi un guide, un cuisiner et des provisions, et c'est parti pour l'aventure !

Le bureau de Madagascar National Parks (le MNP, association qui gère toutes les aires protégées de Madagascar) se situe en bordure de route. C'est là qu'on paye son entrée et qu'on recrute guide et cuisinier. Puis l'on part vers le parc, une heure de route à travers les paysages magiques et verdoyants du coin...

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On traverse un petit village, qui fleure bon le Madagascar authentique, où la vanille sèche sur des grands tapis...

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Avant d'arriver dans le Parc, on avance encore à travers la campagne et les rizières. Théâtre d'une première rencontre impressionnante, ce Leioheterodon madagascariensis, serpent commun sur toute l'île, et visiblement pas gêné par le passage.

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Au fur et à mesure que l'on monte, on commence à apercevoir les collines de forêt vierge qui marquent le parc de Marojejy.

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Et enfin, nous voici à l'entrée du Parc :

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Le comité d'accueil nous attend directement au pied du panneau :

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Et l'on pénètre alors enfin dans cette forêt tropicale, sa végétation extraordinaire et ses cascades et ruisseaux...

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Et ses bêtes étranges :

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Les premiers lémuriens sont visibles dans ce premier secteur, proche de l'entrée du parc. J'ai pu voir une petite famille de lémurs à front blanc (Eulemur albifrons), espèce où seuls les mâles ont cette tête de petits papas Noël.

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On gagne alors le premier campement, le camp "Mantella" situé au coeur d'un petit bosquet de bambous. Comme vous pouvez le voir, c'est plutôt mignon, et totalement vide lors de ma visite.

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A l'heure des repas, une invitée traîne autour de la table... L'élégante Galidia elegans :

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Et les bambous alentours accueillent un mignon lémurien, le petit hapalémur (Hapalemur occidentalis)

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On passe alors la première nuit dans ce premier campement. Le lendemain, l'on reprend la marche pour gagner le deuxième camp, le "Simpona", toujours dans la forêt luxuriante, mais avec un point de vue sur les pics et sommets :

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Aux alentours de ce deuxième campement, on peut partir en petite expédition pour observer encore de curieux invertébrés dont Madagascar s'est fait le spécialiste :

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Mais également, j'ai eu la chance d'observer une espèce parait-il difficile à observer, mais que je connais très bien pour la voir régulièrement à Calviac, le lémur à ventre rouxEulemur rubriventer.
Une petite famille a dû passer près de moi, mais je n'ai vu que deux individus.

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Nous nous sommes ensuite lancé, mon guide et moi, pour gagner le camp 3, le camp "Marojejy". Cette partie est la plus difficile d'accès. Le petit chemin bien tracé laisse place à un sentier coincé par les racines et les troncs morts, et surtout, la pente devient extrémement raide, ce qui fait que de nombreux touristes restent autour du camp 2. Mais il faut monter si l'on veut accéder au sommet ! Alors on y va, et petit à petit, on observe un changement de végétation : milieu plus ouvert, arbres plus secs, nuages et brume... Un décor de rêve :

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Et là... Au détour d'un promontoire donnant sur la forêt montagneuse, un mouvement dans les arbres attire notre attention. Ça y est, pas de doute, nous avons trouvé ce que nous sommes venus chercher, il est là. "Il", c'est un superbe lémurien, considéré comme l'un des 25 primates les plus menacés au monde. C'est le simpona pour les malgaches, pour nous le propithèque soyeux Propithecus candidus. Contrairement à son cousin doré de Daraina, le simpona est très discret et difficile à voir, même s'il est étudié par plusieurs équipes scientifiques, notamment américaines. Le simpona est une légende en danger, un animal d'une grande douceur et d'une grande timidité, en quelque sorte le fameux fantôme de Marojejy...
Pouvoir observer une famille de ces animaux aura été une expérience extraordinaire et un émerveillement total pour moi. Je vous livre quelques images de cette rencontre magique :

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Le simpona ne se laisse pas facilement approcher et reste à la cime des plus hauts arbres. Pas évident d'en tirer don d'aussi jolis portraits que pour le propithèque doré, mais les souvenirs sont encore plus forts. On quitte à regret les fabuleux propithèques pour gagner le troisième campement, le "Marojejy". Depuis ce campement, après une bonne nuit de sommeil, on décolle pour atteindre le sommet du parc, le point culminant, le Pic Marojejy ! Malheureusement, parti sous un beau soleil, nous avons été gagnés par les nuages... Pour arriver au sommet dans une brume totale. L'ambiance était surréaliste, mais la vision totalement nulle. On m'avait pourtant vanté la vue extraordinaire du panorama depuis le pic. Tant pis, je reviendrai !

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Le sommet est donc atteint, objectif psychologique, puisqu'on ne peut pas aller plus haut... Mais l'objectif était surtout de découvrir ce parc, très peu visité du grand public, mais magnifique. Victime de l'effroyable trafic du bois de rose ces dernières années à Madagascar, le Parc et toutes les espèces qui le peuplent sont en grand danger. Il faut donc à tout prix tirer la sonnette d'alarme pour conserver la forêt magique du simpona...

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Pour moi, bien sûr, le séjour ne s'arrête pas là !
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Re: Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Messagepar Philippe » Mardi 22 Octobre 2013 13:55

Merci pour ce récit et ces images du magnifique propithèque soyeux !
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Re: Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Messagepar Stavanger01 » Mardi 22 Octobre 2013 13:56

Superbe ! Et magique !
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Re: Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Messagepar nico » Vendredi 25 Octobre 2013 19:07

C'est vraiment un super voyage que tu nous offres là, merci de prendre le temps de nous faire découvrir tout cela.
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Re: Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Messagepar Perrine » Jeudi 21 Novembre 2013 13:29

Merci beaucoup pour ce récit et toutes ces magnifiques photos!
Je vais avoir la chance d'aller à Madagascar l'an prochain (si tout va bien...), cela me me rend encore plus impatiente!
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Re: Madagacar : 6 mois de voyages sur l'Ile Rouge

Messagepar raphaël » Lundi 16 Décembre 2013 16:50

Je continue à vous parler de cette superbe région qu'est le Nord de Madagascar.

Après Daraina et Marojejy (qui est d'ailleurs, parait-il, victime de coupes illégales de bois de rose ces dernières semaines...), je vous emmène dans un lieu réputé de la Grande Ile : le Parc de l'Ankarana.
Situé entre Nosy Be et Antsiranana (que tout le monde appelle encore Diego Suarez), ce parc est célèbre car il protège l'un des monuments naturels les plus connus de Madagascar : les fameux tsingy. Qu'est ce que sont les tsingy ? Ce sont d'impressionnantes formations rocheuses karstiques en épines, issues du travail millénaire de l'érosion. Les plus connus se trouvent à l'Ouest de l'île, ce sont les tsingy de Bemaraha, où vit le propithèque de Decken. Ceux de l'Ankarana sont dits moins impressionnants. Je n'ai vu que ces derniers, donc je ne peux comparer, mais ils sont quand même magnifiques. L'ambiance d'immensité n'est que difficilement perceptible sur les photos. On peut observer dans ce Parc une véritable mer de tsingy, avec des grands, des petits, des très pointus, des plus érodés... Le cheminement est bien fait et permet de jolis points de vue.

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Au bout de la plus longue balade, on arrive au Lac Vert, qui n'a pas d'autre intérêt que de se situer au coeur des tsingy :

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Milieu hostile par définition car entièrement minéral, les tsingy sont habités par une multitude d'arbres et de plantes totalement improbables, qui ont appris à pousser... sur rien et à subir la sécheresse. N'étant pas botaniste, je vous livre juste les images :

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A priori, les tsingy ne sont pas un lieu idéal pour abriter une faune riche et variée.
On y trouve quand même quelques invertébrés :

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Mais certains animaux plus gros peuvent y passer, comme ce gymnogène de Madagascar Polyboroides radiatus, jolie rencontre au dessus du lac vert.

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Si la plupart des touristes viennent à l'Ankarana pour les tsingy (et on les comprend), le Parc protège également une importante forêt semi caducifoliée, typique du climat du Nord de l'île, moins sec que Daraina, mais bien moins humide que la côte Est, avec une saisonnalité marquée. J'ai visité ce parc en hiver austral, mais cela ne m'a pas empêché de voir dans la forêt quelques sympathiques animaux.
Quelques oiseaux :

Tchitrec malgache

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Souimanga

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Quelques reptiles également :

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Mais bien sûr, comme partout à Madagascar, les stars du lieu sont les lémuriens. 11 espèces sont sensées vivre à l'Ankarana, mais la plupart sont nocturnes, et il faut bivouaquer dans le parc pour pouvoir les observer.
Une espèce nocturne se laisse facilement apercevoir : le lépilémur de l'Ankarana (Lepilemur ankaranensis). Classé En Danger par l'UICN, l'espèce est endémique du nord de l'île. Comme tous les lépilémurs, en journée il dort dans un tronc d'arbre.
On peut facilement passer à côté sans le voir, mais les guides connaissent leurs arbres habituels... On peut donc les surprendre plus facilement. Et ça a une bonne bouille !

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Mais les plus faciles à voir sont les lémuriens diurnes, pas vraiment farouches, bien qu'un peu méfiants. Il parait que les gens des villages alentour en chassent de temps en temps... Mais que si les guides du Parc essayent d'attraper et de punir des personnes pour braconnage, ils se retrouvent avec l'hostilité populaire générale sur les bras. Une situation vraiment délicate à gérer.
Toujours est-il que, présents partout dans la forêt, et s'aventurant même parfois sur les tsingy (ce qui est signe de bonheur parait-il), on peut voir des groupes de lémurs couronnés Eulemur coronatus, espèce présente dans les zoos européens, et facilement reconnaissable, les mâles étant dorée avec une couronne noire, et les femelles argentées avec une couronne rousse.

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Enfin, et je finirai par eux, avec les lémurs couronnés, l'on retrouve une autre espèce, qui nous est bien moins familière à nous autres visiteurs de zoos européens (où elle ne se trouve pas), le lémur de Sandford Eulemur sandfordi peut être admiré dans cette région de Madagascar. Le mâle arbore une jolie petite crinière-barbe alors que la femelle a juste une tête grise.

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L'Ankarana est donc un magnifique parc, riche, où l'on peut y voir d'extraordinaires paysages minéraux mais aussi une jolie forêt, et des lémuriens.
L'accès est on ne peut plus facile, puisque l'entrée du parc et les commodités (bungalows, restaurant...) sont au bord de la nationale qui relie Tana à Diego. De plus, les balades se font aisément en une journée (contrairement à Marojejy par exemple où je recommande de rester 3-4 jours).
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