Loup et lynx dans les Vosques : un colloque à Sainte-Croix

[Philippe]

"Quel avenir pour le loup et le lynx dans les Vosges ?" : tel fut le thème du colloque international organisé dimanche 30 juin 2013 au Parc Animalier de Sainte-Croix.
De nombreux spécialistes français et étrangers (Canada, Italie, Suisse) sont intervenus durant cette journée à laquelle les éleveurs étaient également conviés. Et bonne nouvelle, tout le monde a réussi à s'écouter.
Ce colloque a été réalisé en collaboration avec la Région Lorraine, le Conseil Général du département de la Moselle, l’association FERUS, le site internet loup.org et le groupe d’étude des mammifères de Lorraine.
Voici le lien vers le reportage diffusé dimanche soir par France Lorraine lors du 19/20 : http://www.youtube.com/watch?v=apsrMyIL ... e=youtu.be

[Philippe]

Un autre article sur le sujet :

Dès que l’on parle du loup, la polémique surgit au coin du bois ou dans les près… Comme dimanche dernier à Rhodes, où les éleveurs ont salué, à leur manière, l’initiative de l’équipe du parc animalier de Sainte-Croix en déployant plusieurs banderoles très significatives de leur hostilité au canidé.
Le parc mosellan, qui a fait de Canis lupus l’un de ses pensionnaires les plus emblématiques, organisait un colloque sur la situation du loup, revenu naturellement depuis 2011 dans les Vosges, et du lynx, réintroduit dans le vieux massif dans les années 1980. Deux prédateurs et deux destins très différents au cœur d’une journée dense qui a toutefois prouvé qu’un dialogue est possible avec le monde pastoral quand le débat est de qualité.

L’état des lieux tout d’abord. Pour le lynx, il est critique : « Sa présence est désormais sous le seuil de détectabilité dans les Vosges », commente Alain Laurent, technicien à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et animateur du réseau loup-lynx dans le Nord-Est. Le lynx déserte donc les chaumes comme l’attestent les gros efforts engagés pour le localiser. Du 1er décembre au 30 janvier dernier, « soixante pièges photographiques ont été répartis sur un territoire de 400 km² dans les Hautes-Vosges », explique Estelle Germain, directrice du Croc, un Centre de recherche sur les carnivores européens. Bilan des déclics : un bestiaire de 1 182 photos illustrant du cerf, du chevreuil, du chamois et même un lama !

Organiser une table ronde

Mais pas le moindre lynx à l’image. « Les seuls indices avérés correspondent à un animal dans le Donon », ajoute la spécialiste. Seule et mince lueur d’espoir pour le félidé lorrain : le projet de réintroduction, étalé sur une dizaine d’années, de 15 à 25 lynx dans le Palatinat, en Allemagne, dans le cadre d’une coopération transfrontalière avec le Parc naturel régional des Vosges du Nord (PNRVN). Ce programme a obtenu, le 25 juin, le feu vert du Land de Rhénanie-Palatinat après une longue concertation avec les éleveurs ovins et les chasseurs.

Placer tous les acteurs autour d’une table en faisant fi des influences politiques voire du corporatisme : voilà sans doute ce qui manque en France et par ricochet dans les Vosges pour la gestion du loup.
À Sainte-Croix, les éleveurs lorrains étaient dans la salle, pour exprimer leur détresse certes économique, mais surtout morale. Cible de leur légitime réaction : « Un couple structuré en meute qui vit dans le secteur du col du Bonhomme ainsi qu’un individu solitaire présent dans la plaine vosgienne », comme l’a rappelé Alain Laurent. Ces trois-là font des dégâts et si la riposte – le plan d’action « Loup » 2013-2017 de l’État –, « comporte quelques avancées, comme les 24 tirs de prélèvements par an contre 11 auparavant, les mesures de protection et d’indemnisation restent très complexes », souligne Daniel Dellenbach, président de la FDSEA 55 en référence, entre autres, aux tirs d’effarouchement qui permettent désormais aux bergers d’utiliser une arme pour faire fuir un loup quand il menace directement leur troupeau.
« Notre rôle n’est pas de protéger nos moutons : on a ni le temps ni les moyens », martèle Olivier Cassagnau qui a perdu une quinzaine de brebis, en 2011, sur les hauteurs du Hohneck. Charge de travail supplémentaire et stress tant chez l’éleveur que chez les autres animaux de l’exploitation, Jean-Pierre Poirot connaît ça après 38 attaques depuis 2011 dont sept déjà ces dernières semaines. « Le plan Loup oublie les pertes indirectes, le moral au tapis… », dit-il. « On en a conscience, le chantier sera ouvert pour prendre en compte cet aspect psychologique », répond Denis Felix, de la Direction de l’environnement (Dreal) Rhône-Alpes.
Pas vraiment de quoi rassurer une profession qui assure cependant « ne pas demander l’éradication du loup, mais sa régulation ». La nuance est de taille.
Patrice Costa

Source : Le Républicain Lorrain

[Wilfried]

Une fois n'est pas coutume, concernant le lynx : si les chasseurs vosgiens ont semble-t-il abattu la trentaine d'exemplaire de cette espèce encore présente dans le massif au début des années 2000, merci de ne pas oublier la population de 120 à 150 individus qui vit sur le massif jurassien, et qui elle, a une dynamique plus qu'honorable !!

Tout n'est pas tout rose non plus, mais l'ensemble des franc-comtois ayant répondu à la dernière enquête publique sur le sujet, au printemps 2013, s'est révélée à 85% favorable à la réintroduction par le centre Athéna, situé à côté de Lons le Saunier, d'un jeune mâle, nommé Vogna, capturé à côté d'Arinthod (Jura sud)en novembre 2011, alors que privé de sa mère (vraisemblablement braconnée) il s'était rapproché des habitations et survivait en mangeant des chats domestiques...

Malgré l'opposition très relayée par la presse locale de quelques politiques locaux (sénateur Bailly surtout), l'opinion publique a très largement plébiscité cette opération, ainsi que toute autre opération de même nature pour les 3 années à venir! Pour en revenir à Vogna, j'ai personnellement craint qu'il parte justement pour les Vosges, mais il a été réintroduit dans le Doubs, longue vie à lui, en France ou en Suisse mais dans le massif du Jura !

[Dips]

« Notre rôle n’est pas de protéger nos moutons : on a ni le temps ni les moyens »

Je crois que tout le débat réside dans cette affirmation. A qui donc doit revenir cette mission ? Si protéger les troupeaux n'est le rôle de personne, alors la cohabitation est et restera totalement impossible...

[Wilfried]

« Notre rôle n’est pas de protéger nos moutons : on a ni le temps ni les moyens »

Je crois que tout le débat réside dans cette affirmation. A qui donc doit revenir cette mission ? Si protéger les troupeaux n'est le rôle de personne, alors la cohabitation est et restera totalement impossible...

Oui, tout à fait, et je couplerai cette réflexion avec l'octroi des subventions européennes, qui représentent jusqu'à 60% des revenus des éleveurs ovins...le maintien de cette agriculture, à quel prix et au détriment de l’intérêt général...?

[Philippe]

C'est une (grande) partie du problème, en effet. Je me souviens d'un documentaire sur le retour de l'ours dans les Pyrénées où un agriculteur relevait qu'autrefois, toute une famille travaillait à et pour la ferme. Par conséquent, quelqu'un pouvait se charger de la surveillance des animaux à l'estive. Aujourd'hui, ces mêmes exploitations suffisent parfois à peine pour faire vivre une seule personne (le conjoint travaillant par ailleurs). Par conséquent, personne n'est plus dans la montagne pour surveiller les animaux...
Côté subventions, il convient aussi de rappeler les accords commerciaux signés avec la Nouvelle-Zélande (pour faire passer la pilule du Rainbow Warrior) et qui ont porté un coup très rude à la filière ovine. Bien davantage que les crocs du loup ou de l'ours...

[Vinch]

Côté subventions, il convient aussi de rappeler les accords commerciaux signés avec la Nouvelle-Zélande (pour faire passer la pilule du Rainbow Warrior) et qui ont porté un coup très rude à la filière ovine. Bien davantage que les crocs du loup ou de l'ours...

C'est tout à fait vrai...
Et pas seulement les moutons, mais aussi le gibier d'élevage de Nouvelle-Zélande: sangliers, cerfs, chevreuils, etc.... Vendus en France à un prix bien plus abordable que le gibier français (pourtant, il y en à la pelle, surtout en ce qui concerne les chevreuils et les sangliers)... Il suffit de bien regarder l'origine sur les étiquettes dans les rayons surgelés pour s'en rendre compte

[raphaël]

Côté subventions, il convient aussi de rappeler les accords commerciaux signés avec la Nouvelle-Zélande (pour faire passer la pilule du Rainbow Warrior) et qui ont porté un coup très rude à la filière ovine. Bien davantage que les crocs du loup ou de l'ours...

C'est tout à fait vrai...
Et pas seulement les moutons, mais aussi le gibier d'élevage de Nouvelle-Zélande: sangliers, cerfs, chevreuils, etc.... Vendus en France à un prix bien plus abordable que le gibier français (pourtant, il y en à la pelle, surtout en ce qui concerne les chevreuils et les sangliers)... Il suffit de bien regarder l'origine sur les étiquettes dans les rayons surgelés pour s'en rendre compte

C'est certain... Comme souvent, on dira que c'est au consommateur de faire les bons choix, mais le côté financier prime quand on fait les courses, alors difficile de blâmer celui qui achète les produits les moins chers pour remplir le caddie...