Suisse : les vautours fauves de retour au Kaiseregg

[Philippe]

Une colonie de vautours fauves prospecte dans la région du Kaiseregg (canton de Fribourg, Suisse). Près d’une cinquantaine d’individus ont déjà été observés cet été au-dessus de Bellegarde. L’oiseau représente un véritable plus pour l’écosystème des Préalpes.

Ils ont pris possession du Kaiseregg. Depuis quelques jours, au moins 47 vautours fauves survolent les hauts de Bellegarde à la recherche de nourriture. Avec plus de 2,6 mètres d’envergure et une réputation qui n’est plus à faire, l’oiseau impressionne.
Pourtant, l’arrivée du charognard dans le canton n’est pas tout à fait une surprise: «Les vautours fauves viennent en Suisse depuis dix ans environ, explique Michel Beaud, vice-président du Cercle ornithologique de Fribourg. Mais ce phénomène s’est accentué ces dernières années, avec des groupes toujours plus importants.» En effet, seules 27 recensions officielles du rapace avaient été constatées l’année passée.
Avec 47 membres, contre 25 l’an passé, la colonie qui a pris ses quartiers sur les hauts de Bellegarde est particulièrement importante. Il faut dire que les charognards retrouvent un habitat particulièrement favorable: des falaises abruptes, des dénivelés importants, et un climat doux durant l’été. Lorsque les températures deviendront plus fraîches, dès le mois d’octobre, les oiseaux devraient alors quitter leur résidence estivale.

Habitués à la région

Venus de la Drôme provençale, des Cévennes ou même des Pyrénées, les vautours fauves ont parcouru de nombreux kilomètres pour venir dans le canton. Un trajet qui ne représente pourtant qu’un saut de puce pour ces impressionnants voyageurs. «Ils peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres par jour. Venir jusqu’en Suisse ne leur pose donc aucun problème.»
Pour Michel Beaud, plusieurs facteurs peuvent pousser les vautours à venir rechercher leur pitance sur les hauts de Bellegarde. «A l’évidence, ils ont pris l’habitude de venir autour du Kaiseregg. C’est une région qui compte énormément de moutons. En plus, des pays comme la France ou l’Espagne ont longtemps interdit d’abandonner les carcasses d’animaux dans la nature, ce qui poussait les oiseaux à aller plus loin chercher leur nourriture.»
Meurtrier dans la région l’an passé, le loup a définitivement convaincu les rapaces de revenir dans les Préalpes fribourgeoises.

Un plus pour l’écosystème

Malgré une réputation qui l’associe souvent à la mort, le vautour s’avère très utile à son écosystème. Au Kaiseregg comme ailleurs, il remplit un rôle primordial. «C’est, en quelque sorte, un éboueur du ciel. En dévorant les carcasses d’animaux, il limite les risques de putréfaction, et de propagation des maladies animales.»
Pour l’instant, aucune nidification n’a pu être constatée dans la région. Les Préalpes doivent se contenter de quelques incursions du majestueux oiseau.
S’il venait un jour à s’installer en Suisse, l’oiseau serait une véritable bénédiction pour la faune préalpine. Michel Beaud n’en doute pas: «Le vautour serait le chaînon manquant au développement du gypaète barbu, réintroduit il y a quelques années en Valais et dans les Grisons. Il se nourrit exclusivement de la chair des animaux morts, alors que le gypaète préfère largement les os.»

Jérémy Rico