«Mes poiriers ont besoin de vos perce-oreilles»

Belmont Fruits lance une opération originale : le domaine offre deux kilos de pommes à toute personne qui lui apportera vingt de ces insectes vivants.
«Non, ce n’est pas une plaisanterie. Nous avons vraiment besoin de perce-oreilles pour sauver nos poiriers», assure Martin Rihs. Le patron de Belmont Fruits, à Montagny-la-Ville, dans la Broye fribourgeoise, invite les gens à lui amener des perce-oreilles.
La raison ? Ces hôtes mal-aimés de nos jardins et de nos logis ont la faculté de dévorer le psylle, un insecte qui mène la vie dure aux poiriers de Martin Rihs. Le psylle suce la sève des feuilles de poirier. Résultat de sa gourmandise: il dépose du miellat sur les fruits. «Cela n’altère pas le goût des poires, mais elles sont tachées et invendables.» De nuisible, le perce-oreille devient alors un allié précieux, puisqu’il raffole des larves de psylles.
Un insecte efficace
«Depuis cinq ans, le problème du psylle s’est accentué. C’est facile de lutter contre ce fléau avec des pesticides hyperpuissants. Cela coute cher (près de 350 francs le litre) et je suis le dernier à vouloir utiliser ces produits chimiques», précise Martin Rihs. Des coccinelles sont aussi utilisées pour exterminer le psylle. «Nous en avons fait venir, mais le perce-oreille et plus efficace.»
Le domaine de Belmont aurait besoin de 20000 perce-oreilles pour une efficacité optimale dans ses 7000 poiriers répartis sur 2,5hectares. L’«opération perce-oreilles» aura lieu du 1er au 8 septembre. Chaque personne qui amènera 20 spécimens de Forficula auricularia au domaine recevra 2 kg de pommes. Bien sûr, il les faut vivantes.
Avec du carton ondulé
Les insectes peuvent être capturés en secouant les arbres ou en installant du carton ondulé sur les troncs. Ils doivent être transportés dans une boîte plastique avec un couvercle troué et au frais. L’idéal est d’ajouter un peu de copeaux de bois à l’intérieur.
Martin Rihs reconnaît que l’opération est aussi une subtile opération de marketing pour Belmont Fruits.
La population locale en sera d’ailleurs informée par des tous-ménages. «C’est pour nous l’occasion de faire découvrir au grand public notre verger et notre travail.»
