Samedi 3 février 2007
Les rennes norvégiens menacés par la Nationale 7, route des vacances

Des milliers de rennes sauvages de Norvège sont menacés par un vaste projet de modernisation de la route nationale 7 traversant le plateau montagneux du Hardangervidda et l'une des solutions serait la construction de tunnels pour permettre leur migration.
Quelque 7 à 8.000 rennes sauvages traversent régulièrement la nationale RV7, qui partage en deux le haut plateau de Hardangervidda, le plus vaste d'Europe.
Mais la modernisation de cette nationale à des fins touristiques --la route relie Oslo à la ville de Bergen (ouest) -- va faire affluer toujours plus de voitures et perturber la vie des rennes, affirme Olav Strand, chercheur à l'Institut de recherche sur la nature (NINA) et co-auteur d'une étude sur "la RV7 et ses effets sur les troupeaux de rennes sauvages".
"Les rennes sont nomades, ils se déplacent constamment dans un large rayon en quête de meilleurs pâturages. Leur migration est perturbée par le trafic routier de plus en plus important sur la RV7", explique de son côté Karl Baadsvik, chercheur et responsable du centre norvégien pour la protection des rennes sauvages.
Les rennes sauvages sont gênés dans leur déplacement pour se nourrir, du nord au sud et vice et versa. Le bruit, le mouvement, la pollution changent leurs habitudes migratoires, explique l'institut NINA.
Les deux scientifiques sont d'autant plus inquiets que les travaux engagés par l'administration publique vont durer jusqu'en 2015.
La période la plus critique est de mars à mai et de juillet à septembre, le parc de Hardangervidda étant un lieu très prisé par les touristes, attirés par les glaciers et les fjords.
Selon eux, le "poumon vert" du Hardangervidda et les rennes qui y habitent ne seront pas épargnés.
Aujourd'hui, environ 835 voitures empruntent cette voie quotidiennement avec des périodes de pointe en été. D'ici 2020, ce sont 1.400 voitures par jour qui sillonneront la RV7, selon une étude de l'institut de recherche NINA.
"La Norvège a la responsabilité de prendre soin des derniers rennes sauvages d'Europe (rennes sauvages de la toundra, ndlr.). Notre priorité est de trouver des solutions pour qu'ils passent d'un côté à l'autre de la nouvelle route nationale en toute sécurité", insiste M. Baadsvik.
D'où cette idée de tunnels qui devront être construits à des endroits stratégiques. Pour ce faire, les chercheurs ont équipé les rennes de GPS afin d'étudier avec précision les déplacements des animaux et déterminer les parcours les plus fréquemment empruntés.
Si la construction de tunnels est encore à l'état de projet, elle est néanmoins inscrite dans les propositions budgétaires du ministère des transports.
"Les autorités norvégiennes ont pris conscience du problème. C'est maintenant une question de volonté politique", conclut Karl Baadsvik, qui indique que la construction de tels tunnels est évaluée à plusieurs centaines de millions de couronnes norvégiennes.
La Norvège est l'un des derniers pays avec la Russie à accueillir sur son territoire des rennes sauvages. Au total, 25.000 rennes sauvages de la toundra sont recensés dans le pays nordique.
