Ce terme désigne le région aride qui couvre 80% de la superficie du pays à l'est du pays. Dans sa partie septentrionale, proche de l'Irak et de la Syrie, le paysage est caractérisé par des collines basses émergeant du plateau recouvertes de roches noires, du basalte. On y trouve de nombreuses alouettes et traquets.




Traquet du désert


Pluvier asiatique
Plus au sud, de vastes zones désertiques arborent une très faible végétation. On y trouve quelques espèces adaptées aux zones sèches que l'on peut trouver chez nous en France :


Cochevis huppé

Huppe fasciée
Mais ce qui nous intéresse ici et qui motive le déplacement jusqu'à cette région reculée, c'est la réserve de Shawmari. Créée en 1975 dans le but d'élever des espèces éteintes à l'état sauvage et fournir des individus aux programmes de réintroduction, la réserve d'une vingtaine de kilomètres carrés est entièrement clôturée. La différence de végétation entre l'enclos où les populations sont gérées scientifiquement et l'extérieur, soumis à la forte pression des troupeaux des bédouins est saisissante. Après les pluies de l'hiver, le sol de la réserve est tapissé de fleurs sauvages du désert et de buissons de sauge qui embaument l'air.
Dès 1962, la Faune Preservation Society et le WWF lancent l'opération Oryx en Arizona face au déclin alarmant de l'oryx d'Arabie dans le milieu naturel (quelques années plus tard le dernier individu sauvage est tué à Oman). Des individus captifs disséminés dans le monde entier sont rassemblés pour constituer le "troupeau de la survie", à partir d'animaux venant de Grande-Bretagne, Yémen, Arabie Saoudite et du Koweït. Dès 1978, la RSCN se porte candidate pour accueillir des individus issus de ce troupeau. 7 individus fondateurs sont à la base du troupeau de Shawmari qui est constitué désormais d'une cinquantaine d'individus. Deux troupeaux distincts se sont désormais formés dans la réserve. Bien que venants de milieu captif, les animaux n'ont pas perdu leurs instincts et leur mode de vie est semblable à ceux de leurs compères sauvages.
La capacité fourragère de la réserve limite la population des antilopes. Les individus surnuméraires peuvent être envoyés dans l'ensemble de l'aire de répartition pour faire l'objet de réintroductions. Le nombre a récemment diminué afin de partager la capacité fourragère, exprimée en ration d'oryxs, avec les onagres (=4 oryxs) constitué d'un petit troupeau familial, et de gazelles à goître (1/2 oryx). Il existe également le projet de constituer un troupeau d'autruches qui habitaient la région au siècle précédent.
La réserve se visite uniquement en voiture. Des safaris commentés de deux heures emmènent les visiteurs dans un tour de la réserve afin de tenter d'observer les habitants les plus emblématiques de la réserve. Assez vite, nous tombons sur un grand troupeau.





Un peu plus tard, nous surprenons une gazelle femelle et son jeune qui se camouflait dans les buissons. Nous chercherons brièvement mais nous ne croiserons pas les onagres, plus timides visiblement.



Evidemment, au cours de ce "safari" ou bien proche du parking, on voit d'autres espèces, principalement aviaires. La concentration d'arbres plantés aux abords du centre de visite attirent les oiseaux à des kilomètres à la ronde.

Pipit à dos olive

Buse féroce

Busard cendré

Gobemouche à collier

Traquet du désert


Belle-dame
Au centre des visiteurs, un vaste bâtiment expose de nombreux dispositifs pédagogiques sur la faune du désert. Surtout, quelques individus des espèces destinées à la réintroduction de la réserve sont présentées dans de petits enclos observables depuis des observatoires vitrés directement connectés au bâtiment d'interprétation. En plus des ongulés, des outardes houbara sont présentées et élevées dans la volonté de les réintroduire. Une caféteria complète ce complexe récent.

Oryx d'Arabie


Onagre de Perse

Gazelle à goître
C'est avec ce mini-zoo que s'achève mon périple naturaliste en Jordanie. La faune jordanienne a souffert dans cette région difficile et touchée par les conflits où la conservation n'est pas la priorité. Dans le sillage des autres pays du Moyen-Orient, il y a une prise de conscience réelle des élites dirigeantes de la nécessité de préserver les écosystèmes menacés et les espèces emblématiques qui jouent un rôle d'espèces parapluie.
Si cette faune jordanienne n'a pas de quoi attirer les touristes du monde entier, elle reste fort intéressante et offre un contrepoint parfait aux beautés archéologiques pour lesquels le pays est connu.