Un quart des espèces d'oiseaux nicheurs menacés en France

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Un quart des espèces d'oiseaux nicheurs menacés en France

Messagepar maxime » Lundi 10 Mai 2010 16:36

Un quart des espèces d'oiseaux nicheurs menacés en France
Avec Jean-Philippe Siblet, ornithologue au Muséum national d’histoire naturelle

La grue cendrée, la cigogne noire, l’aigle royal ou encore les mésanges, toutes ces espèces d’oiseaux sont menacées d’extinction en France. Sur quelque 277 espèces d’oiseaux nicheurs recensées, 73 sont menacées d’extinction. Jean-Philippe Siblet, ornithologue, revient sur l’établissement de cette liste, sur les causes et sur les mesures à prendre pour limiter la perte de biodiversité en France métropole et d’outre-mer.

Toutes espèces confondues (animales et végétales), la France possède 778 espèces mondialement menacées présentes sur son territoire. La France se situe au huitième rang des pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces animales et végétales menacées au niveau mondial. Cette situation est principalement due aux espèces présentes dans les collectivités françaises d’outre-mer, qui abritent une très forte biodiversité.

Plus spécifiquement, on estime qu’une espèce d’oiseau nicheur sur quatre est menacée d’extinction. Ces chiffres proviennent de la liste rouge des espèces menacées en France, émise par l’UICN, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. « La France est dans une situation préoccupante, mais c’est aussi le cas pour beaucoup de nos voisins européens », précise Jean-Philippe Siblet.

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L’UICN a dénombré 9 catégories de vulnérabilité :
Eteinte (EX)
Eteinte à l’état sauvage (EW)
En danger critique d’extinction (CR)
En danger (EN)
Vulnérable (VU)
Quasi menacée (NT)
Préoccupation mineure (LC)
Données insuffisantes (DD)
Non évaluée (NE)


L’ornithologue tient à souligner que « la liste rouge est différente de la liste des espèces menacées et protégées. La liste rouge mesure un risque d’extinction, c’est-à-dire la probabilité pour qu’une espèce s’éteigne à court ou moyen-terme ».

Et la liste ne désemplit pas : « le bouvreuil pivoine était considéré jusqu’alors comme commun dans nos campagnes. Aujourd’hui, sa courbe de diminution d’effectif est si importante qu’il est classé dans la catégorie « vulnérable » sur la liste de l’UICN ».

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Les ornithologues travaillent à plusieurs échelles pour déterminer l’effectif des espèces d’oiseaux nicheurs. « Tout d’abord, on observe la taille de la population. On sait qu’un faible effectif risque d’être plus vulnérable. Ensuite on s’intéresse à la répartition de l’espèce sur le territoire : plus son espace est restreint, plus les risques sont accrus. C’est ainsi que l’on procède pour l’aigle royal et le faucon pèlerin par exemple ».

Mais pour observer la taille de la population d’une espèce comme celles des mésanges ou des bouvreuils, le Muséum national d’histoire naturelle a mis en place « un suivi temporel des oiseaux communs ».
« Pour connaître la population d’une espèce, on se base tout d’abord sur des points d’écoute : des observateurs écoutent le chant des oiseaux en un point. Ils prennent note des différentes espèces entendues. Pour affiner nos informations, nous réalisons par la suite un « stock-capture » : les ornithologues mettent des filets pour marquer les oiseaux et déterminer leur abondance », explique Jean-Philippe Siblet.

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En plus de déterminer les courbes des espèces, le suivi temporel des oiseaux sert également à déterminer les espèces plus vulnérables que d’autres à la destruction de leur habitat et aux changements climatiques. Cette nouvelle méthode mise en place depuis une dizaine d’années a permis de déterminer deux grandes familles d’oiseaux :
les généralistes, capables de s’adapter, comme la pie et la corneille
les spécialistes, qui n’arrivent pas à s’adapter lorsque leur niche écologie disparaît

« Cela signifie qu’on pourrait se retrouver avec deux à trois fois moins d’espèces d’oiseaux nicheurs, oiseaux remplacés par des espèces généralistes », souligne l’intéressé.

Réintroduction : ne pas attendre une menace d’extinction pour agir :

La menace d’extinction d’oiseaux n’est pas neuve. Dans les années 1950-60, on craignait la disparition pure et simple du faucon pèlerin dont les effectifs ont chuté en concomitance avec l’usage du DDT (ce pesticide rendait les coquilles d’œuf très fines). Une fois le pesticide interdit et le faucon protégé, cette espèce a retrouvé ses effectifs.

Autre exemple, celui du vautour moine : « Il avait complètement disparu en France. Nous sommes allés les chercher ailleurs en Europe, nous les avons laissés s’acclimater avant de les relâcher dans la nature », explique Jean-Philippe Siblet. Pourtant les moines vautours rencontrent un problème le taille : la difficulté à s’alimenter. « Le vautour est un charognard, il s’alimente des pertes du pastoralisme. Or, il n’y a presque plus d’animaux morts. Les éleveurs font attention à leur cheptel et surtout, la réglementation en matière d’équarrissage est devenue très stricte. Nous avons été obligés de créer des charniers artificiels », précise Jean-Philippe Siblet.

Parmi les espèces menacées d’extinction, on compte également le moineau friquet ou moineau des champs. « En Grande-Bretagne, observer un moineau friquet est devenu un privilège. En France, nous en sommes presque au même point. Ceci est la conséquence de la simplification des paysages agricoles et de leur intensification, notamment en Seine-et-Marne ».
Certaines espèces bénéficient de ces changements de paysage, comme les corbeaux et les corneilles, mais au détriment des espèces plus fragiles.

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Ne pas mélanger le rôle de l’homme dans l’extinction des espèces et l’évolution des espèces :

L’extinction de certaines espèces d’oiseaux n’est-il pas le fruit de l’évolution ? La réponse de Jean-Philippe Siblet ne se fait pas attendre : « La sixième crise d’extinction des espèces est uniquement d’origine humaine ! La dernière crise la plus connue est celle de l’extinction des dinosaures qui s’est déroulée sur plusieurs dizaines de millions d’années. De ce fait, d’autres espèces sont apparues pendant cette période, occupant les niches écologiques laissées vacantes. Cette 6e crise que nous vivons actuellement est très courte, elle se joue sur des dizaines d’années ! Dire que la disparition du moineau friquet est une évolution naturelle est un abus de langage ! »

« N’attendons pas que les populations d’oiseaux soient menacées pour s’en occuper ».

Source et photos : http://www.canalacademie.com/ida5560-Un ... seaux.html
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