Idaho: un centre d'accueil pour ours noirs fait l'admiration des amoureux des plantigrades
En Turquie, en Corée du Sud et dans de nombreux autres pays, les spécialistes des plantigrades n'hésitent pas à demander conseil à un centre d'accueil pour ours noirs qui, depuis son ouverture en 1989 dans l'Idaho, a sauvé près de 150 de ces animaux dans l'ouest des Etats-Unis.
La Chine, qui commence seulement à renvoyer ses pandas géants à la vie sauvage, s'intéresse aussi à leur travail.
La Société mondiale pour la protection des animaux (WSPA) contribue à financer les opérations de sauvetage des ours. Elle espère que le travail de Sally Maughan, qui a fondé le Centre de réadaptation des ours noirs de l'Idaho, va convaincre la planète entière qu'il est préférable de s'occuper des ours orphelins, puis de les relâcher dans les forêts, plutôt que de les envoyer dans des zoos ou des cirques.
"Ce que les gens pensent en général, c'est que les petits ont besoin d'apprendre de leurs mères, et que les petits orphelins ne survivront pas", explique Victor Watkins, un des responsables de la WSPA. "Nous pouvons prouver que le fait de s'occuper de ces ours, puis de les libérer, ça peut marcher".
Pendant trois ans, John Beecham, biologiste retraité qui travaille pour le centre d'accueil, a suivi la trace de 19 petits orphelins qui, équipés de colliers-émetteurs, ont été relâchés. Il en a conclu qu'ils parvenaient bien à se réadapter à la vie en pleine nature.
"Les ours sont des créatures solitaires. C'est un processus naturel de se séparer de leur gardien", a-t-il observé. "Nous devons juste nous assurer qu'ils ne pensent pas qu'une personne passant à proximité va être une source d'alimentation"...
Il y aurait environ 20.000 ours noirs dans l'Idaho. Chaque année, plusieurs dizaines d'oursons deviennent orphelins. Les mères de certains d'entre eux sont tuées par des chasseurs. D'autres sont abandonnés pendant des périodes de sécheresse, la nourriture se faisant alors rare. D'autres sont victimes des caprices de la nature.
Deb Davis, professeur retraité de l'Université d'Alaska, vit dans le centre de l'Idaho. Le 4 juin 2006, le passage d'une tornade a fait de gros dégâts. Elle se souvient avoir entendu des geignements deux jours plus tard près de sa fenêtre, et elle a vu une petite ourse. Mais elle ne s'en est pas approchée, pensant que sa mère se trouvait près d'elle.
Une semaine plus tard, l'ourse s'est présentée devant la maison d'un voisin, déshydratée. "Elle est venue dans mes bras. Je l'ai mise sur mes genoux et j'ai frotté ses pattes", a raconté Deb Davis.
Les autorités locales ont alors contacté Sally Maughan, dont le centre d'accueil pour ours, situé dans la banlieue de Boise, la capitale de l'Idaho, a déjà accueilli jusqu'à 40 petits orphelins en même temps.
Dans cette structure, la petite ourse, qui pesait 3,2 kilos, a grossi pour peser finalement 45,4 kilos, mangeant notamment des pommes et de la nourriture pour chien. Douze mois après son arrivée, elle était prête à être relâchée dans la nature.
"Je ne pensais pas qu'elle allait survivre", a confessé Sally Maughan, en se rappelant du moment où le plantigrade est arrivé. "Elle n'arrivait pas à se dresser sur ses deux pattes".
Des scientifiques chinois espèrent pouvoir se servir du travail de Sally Maughan et de John Beecham pour obtenir du soutien dans leurs efforts visant à relâcher des pandas géants dans les montagnes du centre de la Chine. Ils ont assisté à un atelier organisé au mois de mai par John Beecham dans une réserve pour ours dans l'ouest de la Russie.
"Les expériences de réadaptation et de réintroduction d'autres espèces d'ours sont précieuses en vue de l'éventuelle réintroduction de pandas géants" dans la nature en Chine, a expliqué depuis Chengdu, dans un e-mail, un vétérinaire allemand, Kati Loeffler. "Les situations dans l'Idaho et dans des régions reculées du Canada sont presque idéales, et nous pouvons nous en inspirer".
