Il suffisait d’un peu plus de temps et le sort de «Félix», le lynx, en aurait été autrement. Capturé vendredi dernier, à l’âge de quatre mois, il a été tiré le soir même. Le garde-faune jugeait l’animal en mauvaise santé parce que très amaigri. Le bébé lynx aurait pourtant pu être recueilli par le Zoo La Garenne, en Suisse.
Ce cas rappelle celui de «Toundra». En 2001, cette jeune femelle de 5 mois, orpheline, rôdait dans le village de Longirod (Vaud), proche des habitations, à la recherche de nourriture. Capturée dans un état de santé critique, «Toundra» avait été placée au Zoo La Garenne, à Le Vaud (Vaud), où elle avait reçu des soins. Depuis, la femelle a grandi et y est devenue pensionnaire.
Si l’enclos exigé pour recueillir un lynx est d’au minimum 60 m2, le directeur du zoo, Pierre Ecoffey, soutient que «le temps qu’une décision soit prise, on aurait pu accueillir ce lynx. Il y avait la place, bien qu’on n’ait pas l’expertise, ni le matériel pour des soins aigus». Dans le cas fribourgeois, la décision de tir revenait au canton. Toutefois pour les jeunes lynx, la règle du Concept Lynx Suisse est claire. «Le concept veut qu’ils puissent être soignés puis réintégrés dans leur population. Cela n’est pas toujours possible, faute de place d’accueil», explique Reinhard Schnidrig, chef de la section faune sauvage de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).
Pour «Félix», c’est le Landshut, principal refuge suisse des lynx, à Utzenstorf (BE) qui a été sollicité. Seulement voilà, depuis mai dernier, ce centre de soins n’est plus autorisé à recevoir de jeunes félins sauvages. «La station de soin Landshut devrait réaliser des changements, notamment agrandir et barrer les enclos», précise Reinhard Schnidrig. Sur les dizaines de jeunes lynx recueillis par le Landshut, aucun n’a pu être réintégré dans sa population d’origine. «Félix» n’aurait donc jamais retrouvé le massif de Biffé. D’autant que la vétérinaire du Tierspital à Berne a trouvé la présence de plastique dans l’estomac du cadavre, ce qui présentait un risque de perforation des intestins de l’animal.
Source : Le Matin
