
Notre odyssée nordique s’achève à proximité du pôle Nord, sur les rivages du Groenland. Les structures des anciennes volières des singes ont été conservées mais sont désormais dédiées aux oiseaux. Les volières qui abritaient capucins et singes hurleurs, puis plus récemment genettes et civettes palmistes, sont désormais le lieu de vie de grands-ducs subarctiques et de faucons gerfaut, deux rapaces nordiques au plumage clair. L’ancienne installation du groupe de macaques à queue de cochon est quant à elle devenue une volière pénétrante. Le sentier des visiteurs traverse une reconstitution de toundra arctique, peuplée de colonies de limicoles nicheurs, notamment des combattants variés (Philomachus pugnax), pluviers grand gravelot (Charadrius hiaticula), de sternes arctiques (Sterna paradisea) et des bernaches de Hutchins (Branta hutchinsii). Après la taïga, nous nous rapprochons de la côte avec le dôme des goélands qui a été conservé. La falaise qui orne son centre accueille désormais le groupe de fous de Bassan (Morus bassanus), une espèce impressionnante en cohabitation avec de rares tournepierres à collier (Arenaria interpres), des huîtriers-pie (Haematopus ostragelus) et des eiders à lunettes (Somateria spectabilis).
La véritable nouveauté de cette zone concerne l’installation des grands animaux arctiques sur les fondations du secteur des animaux domestiques. Cette zone dégagée était en effet une suite d’enclos terreux ou herbeux pour diverses espèces domestiques, parfois rares. Le visiteur continue d’occuper l’espace centrale mais ne peut plus atteindre la fauverie (Alfred Brehm Haus) car l’emprise des enclos s’est étendue sur l’allée.
A proximité du dôme, une installation naturelle accueille des phoques veaux-marins. Les pinnipèdes bénéficient d’une plage en sable et de rochers naturels. Les visiteurs peuvent les observer d’abord depuis la terre ferme avant que le sentier de visite ne s’enfonce sous terre. Le visiteur évolue désormais dans un tunnel vitré situé sous le bassin des phoques qui, naturellement curieux, interagissent avec les gens. L’accueil des phoques vient combler l’absence de pinnipèdes dans la collection du Tierpark. Le tunnel se poursuit quelques mètres sous terre et débouche après un coude sur une salle d’aqua-vision. Elle permet d’observer la baignade d’un ours polaire qui occupe cet enclos recréant une côte rocheuse. Seule une petite partie du bassin est ainsi visible et le visiteur remonte rapidement à la surface pour bénéficier d’un point de vue impressionnant derrière de hautes vitres. De grands murs de faux-rochers séparent les différents points de vision. Cette même structure de faux-rocher camoufle la façade du bâtiment des ours sur deux de ses quatre cotés. A vrai dire, il est difficile de se rendre compte qu’il s’agit vraiment de la maison des ours car un enclos de repli, construit à l’arrière du complexe, couvre son sommet. La plupart de cet espace n’est pas visible car situé derrière le bâtiment des ours, mais il est possible, lorsque l’ours rôde au sommet de son territoire de voir émerger l’animal en surplomb des deux autres enclos, créant une vision magistrale du roi de l’Arctique. Cet enclos d’isolement, situé à proximité des coulisses, du bâtiment, et isolé du bruit est parfait pour servir de maternité et favoriser la reproduction compliquée des ours blancs.

Le troisième et dernier enclos de ce complexe permet de présenter un autre ours blanc dans un enclos cette fois très naturel, visant à évoquer une toundra, simplement séparé par de vastes fossés secs. Les ursidés évoluent peuvent évoluer ici sur une prairie fleurie entrecoupée de substrats sableux et terreux, ainsi que d’un grand bassin naturel. Ce complexe de trois enclos permet au Tierpark d’héberger au moins un couple d’ours polaire et d’isoler les animaux en cas de reproduction, sans devoir anesthésier et déplacer les animaux comme cela est actuellement fait entre le zoo et le Tierpark.
Le retour du cul-de sac est surélevé par rapport au sentier emprunté à la sortie du tunnel sous-marin. De la sorte, on peut avoir une vue d’ensemble du complexe arctique, avec à gauche et à droite, les grands enclos des ours blancs. Éventuellement, un petit enclos pour renards polaires pourrait être planifié à proximité de ces géants afin d’illustrer le comportement rusé des canidés qui suivent les ours en hiver pour se nourrir des restes de leurs repas. Dans la continuité de l’enclos des ours polaires, se trouve le plateau des bœufs musqués, conçu afin de donner une impression de cohabitation avec les carnivores en arrière-plan grâce aux jeux du relief. Les impressionnants ovins évoluent dans un bel enclos au sol rocailleux et exposé aux vents. Le petit bassin les séparant du public est plus ou moins monopolisé par une colonie d’oies naines à front blanc, un anatidé menacé nichant dans l’Arctique. L’étable, est dissimulée en arrière-plan derrière une barre rocheuse naturelle.
Nous repassons alors devant les volières des hiboux mais prenons sur la droite pour sortir du monde nordique. En nous dirigeant vers la zone des animaux domestiques, nous passons devant le vieil enclos des zébus du Caucase. Il est laissé quasiment intact mais présente désormais des rennes, de préférence une sous espèce sauvage menacée. Le renne constitue un parfait trait d’union entre le Groenland et la ferme qui occupe désormais toute la zone des enfants.
Zone domestique
Je n’ai pas planché sur les espèces domestiques prévues dans ce qui doit constituer la principale zone consacrée aux enfants. Le Tierpark a une forte tradition avec les espèces domestiques et paraît intéressant d’orienter les choix vers des races anciennes et locales.
Cambodge
La zone « verte » sur le plan correspond plus ou moins au Dschungelwelt (monde de la jungle) imaginé pour la réfection de l’Alfred Brehm Haus (ABH). Néanmoins son emprise est étendue dans ce projet afin d’offrir de larges territoires extérieurs et sa thématique centrée sur une zone très riche en espèces mais peu évoquée en parcs zoologiques.
Après avoir donc flâné dans la ferme traditionnelle puis contourner l’aire de spectacle de fauconnerie, le visiteur pénètre dans une zone forestière. Sur la droite, un vaste territoire forestier a simplement été entouré de grillages à larges mailles sur trois côtés. Le dernier coté, qui fait office de séparation avec le chemin de visite puis l’ABH est un fossé rempli d’eau doublé d’un parapet à mi-hauteur. Le vaste enclos est le théâtre d’une cohabitation entre deux larges groupes d’ongulés reproducteurs et menacés dans leur milieu naturel : les gaurs et les cerfs d’Eld. Les ongulés bénéficient d’une étable partagée avec les bœufs musqués et d’un grand pré-parc afin de gérer les individus. Les gaurs sont une tradition d’élevage du zoo qui présente un grand troupeau sur une faible superficie. Selon que l’élevage de l’espèce continue en Europe ou non, cet espace pourrait aussi servir à accueillir des bantengs, dont la sous espèce continentale survit difficilement dans les forêts sèches et clairières du centre du Cambodge.
De l’autre coté du chemin, deux enclos en longueur sont visibles par intermittence, à travers des observatoires vitrés. Ces enclos fortement plantés de bambous et en autres végétaux font partie du complexe des tigres de Malaisie. Trois enclos extérieurs sont en fait prévus en tout, dont l’un non visible du public et un enclos intérieur. L’un d’entre eux est loti entre les deux ailes de l’ABH, à l’emplacement des deux vieilles fosses à tigres et lions. Ces enclos peuvent être interconnectés entre eux et facilitent les difficiles mises en contact entre individus afin de maximiser les possibilités d’accouplement et d’élevage des jeunes. Entre les tigres et l’enclos asiatique inspiré de Rimba à Arnhem, il est envisageable d’installer un espace de restauration à thématique thaïe/vietnamienne.
Le sentier se poursuit en arc-de-cercle pour longer l’ABH sur sa face sud et ses cages extérieures rénovées. Elles ont été fusionnées et ne sont plus qu’au nombre de trois. La première est dédiée au couple de gibbons à bonnet, une espèce endémique de la zone et élevée au zoo de Berlin depuis de nombreuses années. Les hylobatidés ont donc une cage extérieure connectée à leur loge chauffée au sein de l’ABH qui permet aux singes de sortir en hiver. Néanmoins la hauteur des installations n’est pas suffisante pour faire justice aux talents d’acrobates de ces animaux. Ainsi, un passage grillagé au-dessus des visiteurs conduit les gibbons sur une île avec de grands arbres, délimitée par le canal du territoire des gaurs, donnant l’illusion d’une cohabitation pacifique entre primates et ongulés au sol.
Les deux cages extérieures qui viennent sont semblables à celle des gibbons, c'est-à-dire hautes de plafond et aménagées de nombreuses branches, troncs morts et de végétation. Elles sont connectées à une nouvelle volière créée ex-nihilo, à proximité du territoire des cerfs. Les panthères longibandes sont élevées dans cette installation tournante. Encore une fois, l’adaptabilité et la variabilité des espaces est privilégiée. Avec trois installations il est possible d’intervenir au cours de la journée pour ajouter des éléments d’enrichissements qui s’ajoutent à l’observation des herbivores. Les visiteurs auront eux le loisir de voir passer les félins agiles au-dessus de leur tête. Enfin, il est prévu que les gibbons explorent ponctuellement les lieux afin de varier l’environnement des deux espèces.
Le visiteur atteint désormais une petite place donnant sur l’arrière de l’enclos des ours polaires, non visibles, et sur l’entrée de l’ABH. Accolées aux hauts murs de l’enclos des ours, de hautes volières complétées d’abris chauffés hébergent deux couples de calaos festonnés, l’un en cohabitation avec des argus géants et l’autre avec des éperonniers de Germain et des petites phodiles calong. Dans la volière du milieu, ce sont des chouettes leptogrammes.
L’ABH a donc été reconvertie en grande maison tropicale, conformément au masterplan initial. Les idées centrales restent les mêmes, à savoir que la plupart des loges des félins deviennent cachées du public, hormis quelques loges « de présentation » aménagées pour les plus petites espèces. Les diverses vitrines dont la structure est protégée sont aménagées et accueillent de nombreuses espèces de reptiles et amphibiens typiques du sud-est asiatique. Les habitants de la ferme des serpents, tel que crotales des bambous, cobra royal ou serpents ratiers peuvent ainsi être relogés tout comme des lézards et amphibiens. Dans le bassin se situant au milieu de la maison, de nombreuses tortues d’eau douce, fortement menacées dans cette région, sont élevées en compagnie de crocodiles du Siam, une espèce classée en danger critique d’extinction à l’état naturel :
- Orlitia borneensis
- Cuora amboinensis
- Cyclemys tcheponensis
- Heosemys grandis
- Mauremys annamensis
- Siebenrockiella crassicollis
Le grand espace central n’est guère modifié même si un seul des grands terrariums est retenu (pour les crocodiles qui remplacent les faux-gavials, et les varans de Komodo sont abandonnés). Cet espace qui ressemble à une serre tropicale à l’intérieur même de la fauverie abrite en liberté au milieu de visiteurs des renards-volants (Pteropus lylei) ainsi que quelques espèces d’oiseaux qui se répartissent les différentes strates de végétation :
- Canard à ailes blanches
- Faisan prélat
- Shama à croupion blanc
- Arrenga siffleur
- Garrulax à huppe blanche
- Garrulax à collier
- Etourneau des pagodes
- Irène vierge
A l’extrémité des ailes du bâtiment, les espaces intérieurs monumentaux des grands félins ont été conservés dans leur structure. Au lieu d’un bassin, des vitres ont été installées permettant de doubler l’espace des enclos intérieurs et de protéger du bruit des visiteurs. Evidemment, un sol plus naturel et des structures ont été apportés. Sur la gauche, il s’agit donc d’un enclos de présentation des tigres de Malaisie tandis que sur la droite, l’espace est dévolu à des ours malais. Entre les deux ailes, de vastes baies vitrées donnent sur l’une des volières du complexe des tigres. Selon les besoins, cet espace couvert peut aussi être dévolu aux ursidés. J’aborderais plus tard leur présentation extérieure.
Toujours le long du flanc de l’immense ABH, un couloir plonge sur quelques mètres les visiteurs dans l’obscurité. Plusieurs vastes terrariums sont aménagés pour des loris pygmées tandis qu’un spécimen impressionnant de python complète cette brève expérience nocturne.
Le dernier flanc de l’ABH est identique à celui situé du côté des nébuleuses et gibbons. Le projet d’accueillir dans cette serre des espèces océaniennes de marsupiaux comme les couscous des Célèbes ou les dendrolagues de Goodfellow est abandonnée. Ces espaces sont délaissés pour donner plus d’espace à l’élevage des chats dorés de Temminck et des binturong.
L’ancien bâtiment des petits carnivores qui donnait sur une série de trois petites cages n’a pas été démoli. Par contre, de plus grandes volières sont venues le compléter sur l’autre face. Ce bâtiment connecté à divers espaces extérieurs a été pensé pour abriter d’une part une colonie de macaques-ours (l’espèce semble être toutefois abandonnée et pourrait être remplacée par des macaques à queue de cochon) mais surtout afin de détenir divers individus de civettes d’Owston, une espèce endémique de la région des monts annamitiques et qui semble payer un lourd tribut à la crise des pièges métalliques.
La fin de la zone cambodgienne est marquée par le double enclos pour ours malais. Autrefois hébergé dans une vraie prison près de l’entrée secondaire, les ours occupent désormais deux enclos connectés par des tunnels en hauteur qui peuvent être fermés selon la période (notamment pour distribuer de la nourriture durant la journée). L’aspect de ces enclos n’est pas différent de celui que les premières photos laissent apercevoir mais son emprise est deux fois plus grande en recouvrant les fosses des manchots. Il est également envisagé de faire cohabiter les ursidés avec la petite troupe de macaques. Au final, jusqu’à 4 espaces séparés peuvent être proposés aux ours en incluant l’enclos situé entre les « bras » de l’ABH et l’espace de présentation intérieur.