Avant de développer plus en détail mon avis, forcément nuancé, concernant un parc aussi vaste et unique dans le paysage européen et mondial, je dois quand même avouer avoir pris pas mal de plaisir à découvrir ce parc et son concept unique. Pairi Daiza (PD) c'est en effet un zoo croisé avec cabinet de curiosité XXL en plein air, le tout dans une succession de jardins très élaborés et avec l'infrastructure d'accueil d'un parc d'attraction.
Affluence
J'avais jusqu'ici repoussé ma visite en raison de la peur de l'affluence. Je dois dire que j'ai été très agréablement surpris. Ce n'est qu'en de rares endroits (Mersus Emergo, Nautilus et volière australienne) que l'affluence m'a dérangé. Le parc est vraiment bien fait sur ce plan là et absorbe plutôt bien les 20 000 visiteurs que l'on m'a mentionné le samedi.
L'ouverture de la Terre du Froid et de Last Frontier, qui créent un contrepoids à la zone chinoise et africaine de l'autre coté du lac favorise certainement cela tout comme la forme du circuit de visite en cercle avec les mondes entourant les lacs.
Restauration
C'est d'habitude un point que je mentionne rarement mais Pairi Daiza propose une multitude d'expériences de restauration à travers le parc et thématisées. En dehors de la gamme de choix impressionnante offerte allant de la friterie jusqu'au gastronomique à plus de 80€, j'ai peux témoigner que la qualité du service est excellente. C'est organisé, clair et intrinsèquement pas plus cher ailleurs pour ce que l'on mange. Par contre cela incite clairement à une dépense supérieure à la plupart des zoos. Le premier jour, nous avons déjeuné au buffet thaï, situé dans le Mersus Emergo. Le prix n'est pas des plus accessibles (38€ boisson incluse) mais on en a aussi pour son argent, surtout quand on a bon appétit comme moi et une faiblesse pour la bière belge

Le second jour, nous avons mangé au "Bon Foufou", qui sert des plats d'inspiration africaine (16€ le menu) plutôt simples mais sur une terrasse ombragée très agréable à coté des carnivores africains et des cases du village béninois.
Merchandising et modèle commercial
Dans la continuité des restaurants qui incitent à la dépense, on trouve un nombre important de boutiques réparties au sein du parc, et non pas une unique boutique située à la sortie. Chaque point de vente est unique avec sa propre offre commerciale, souvent thématisée. Je me suis moins intéressé à cette partie à l'exception près de la maison du thé, un splendide pavillon proposant des produits de qualité et bien mis en valeur. La quiétude qui règne à l'étage, réservée aux clients du pavillon, est fort appréciable et étonnante dans un tel parc.
J'en viens à cela pour évoquer le modèle commercial du parc et son formidable succès des dernières années. En plus d'une entrée adulte à 40€, PD parvient à inciter à la dépense à l'intérieur de sorte que le prix de l'entrée seule doit à mon avis ne constituer que 50% du panier moyen du visiteur, une vrai prouesse !
Est ce que c'est l'avenir des zoos et est-ce que c'est souhaitable ? Je ne sais pas, mais c'est en tout cas parfaitement bien exécuté ici.
Atmosphère générale
En plusieurs endroits, l'atmosphère du parc est vraiment géniale, une vraie réussite. Dans d'autres endroits, on se sent un peu plus à Disney Land, que ce soit en raison des infrastructures et de la foule, ou tout simplement de l'accumulation de bâtiments, d'enclos. Dans certains endroits, on a vraiment cherché à caser des enclos dans tous les sens, le moindre espace est grillagé pour accueillir une nouvelle espèce. J'aurais aimé connaître le parc il y a 15 ans, quand juste un temple était aménagé de l'autre coté du lac et que des zones libres servaient de respiration entre les zones pour me faire ma propre impression.
Cet amoncellement va évidemment continuer avec la zone nippone qui commence déjà à être formée sur le lac, devant le temple cambodgien et évidemment l'immense serre tropicale en construction derrière la zone chinoise.
Après ces propos généraux, je vais détailler chaque zone en distinguant ce que j'ai aimé (+ ou même ++), ce qui me paraît passable (=) et ce que je trouve insatisfaisant voire pas acceptable de nos jours dans un parc aussi riche (- et --)
The Last frontier
(-) La nouvelle zone nord-américaine du parc a été conçue avant tout pour abriter des hébergements et cela se ressent. Les installations sont en général vastes mais rarement belles et ou adaptées. Le point noir de la zone est clairement cet enclos à wapitis, qui devaient initialement occuper un autre enclos je crois, tout riquiqui avec beaucoup d'eau et où l'on voit finalement presque que des barrières, une cabane et de la gadoue.
L'autre gros raté, c'est l'enclos des pumas, plus pour les visiteurs que pour les animaux qui peuvent quand se cacher grâce au relief mais avec peu de végétation.
Paradoxalement The Last Frontier est aussi la zone la moins arborée du parc, peut être aussi parce qu'elle est récente.
(+) Au rang des espaces intéressants, il y a le grand enclos des loups gris et ours brun bien que la densité d'ursidés me paraisse bien trop élevé avec 8 ou 9 individus. Les otaries de Steller ont un bassin ni très grand, ni profond, mais alors quelle espèce ! Le mâle, avec ses 900kg sur la balance est très impressionnant et même les femelles atteignent des gabarits formidables. La population européenne est limitée et les américains et asiatiques en ont aussi dans leurs zoos. Peut-être qu'un jour, le port sera occupé par de mignonnes loutres de mer qui bénéficieraient elles d'un enclos vraiment grand.
(=) Les espaces des ours noirs et élans sont eux plutôt vastes avec de grandes douves accessibles. La tentative d'immersion est par contre complètement ratée même si l'on voit une idée intéressante avec les deux enclos dans la continuité l'un de l'autre. Le vrai problème est l'absence totale d'arbre pour évoquer les territoires du nord canadien. Pendant l'été, c'était particulièrement évident, autant pour les visiteurs que les animaux.
Enfin je m'étonne de l'absence structurelle de plus petites espèces. un enclos bricolé accueille bien des ratons-laveurs et une moufette près du point de vue des bisons (restés invisibles) mais franchement aucun oiseau ? Des castors auraient pu être présentés avec les élans puisque la bordure de l'enclos est cimentée et évidemment les chiens de prairie qui sont coincés dans l'Oasis auraient du être inclus dans cette zone.
La Terre du Froid
(++) la grotte des manchots
(+) ours polaires
(=) bœuf musqué et tigres
(-) rennes, morses
C'est de toutes les zones la plus commerciale et de loin avec ses multiples boutiques, bars, restaurants et surtout les lodges les plus chers du parc. Avant de rentrer dans le vif du sujet il y a un bel enclos à bœufs musqués avec de la pente mais qui a été conçu sans paddock ou pré-parc. La conséquence c'est qu'une clôture divise l'enclos autant que nos impressions de nature et d'immersion. L'enclos des tigres n'est pas ridicule en taille mais entouré de toute part par le chemin de visite, une constante que j'ai trouvé très gênante tout au long de la visite. Enfin quel besoin pour un tel parc, qui dépasse les 2 millions et détient plein d'espèces, de coincer 3 pauvres rennes domestiques le long de la clôture des tigres ?
Vient ensuite le clou du spectacle, l'immense complexe, ours/morse/manchots. C'est finalement l'inverse de Eismeer à Hagenbeck où les morses sont très sympas à voir tandis que les ours font vraiment de la peine.
Les enclos extérieurs des ours polaires, surtout l'un d'eux, m'ont agréablement surpris de par la superficie non négligeable (c'est pas non plus le Cerza) et ses différences de niveaux, de substrats. A voir si ce n'est pas qu'une illusion d'optique créée par des fils électriques discrets.
Pour les morses, je ne m'attendais à rien ayant déjà vu des images mais ce sentiment a été complétement confirmé. Leur enclos et bassins sont minuscules et coincés entre deux bâtiments. A ce propos, je relate une discussion que nous avons eu sur les infrastructures de la zone. L'énorme rocher qui sépare les deux enclos des ours et les morses cache un bâtiment de 4 étages ! Tout en bas, c'est la machinerie pour les bassins, les morses au dessus, les ours au 3 étage et enfin des cuisines et zones techniques tout en haut. Un monte-charge, acceptant, si mes souvenirs sont bons 6 tonnes (!) permet d'effectuer les transferts d'animaux.

Royaume de Ganesh
(++) la plaine des éléphants
(+) le bain des éléphants
(=) orang-outan
(--) tout le reste
Cette zone comporte énormément de bâti et c'est d'ailleurs ce qui fait sa marque. Les animaux ont été intégré sur le tard dans la conception du projet, ou au moins de manière secondaire. Aucune des installations au milieu des temples ne me paraît réellement satisfaisante. Les macaques à crête sont peut être les mieux logés de ce complexe, le léopard de Java étant le plus à plaindre depuis le départ des nébuleuses.
Quand bien même les temples sont magnifiques, coincer les pauvres tigres blancs là dedans est indéfendable. S'il fallait réutiliser cette installation, je crois que j'y verrais les loutres à pelage lisse, ce qui paraît peut être un peu ridicule vu l'ampleur du temple mais l'espace est vraiment pourri. C'est aussi une zone où il est très courant de tourner sur au moins 3 des 4 cotés de l'enclos. Les léopards sont un bon exemple, avec notamment une face où les visiteurs dominent les félins ce qui doit être un facteur de stress pour les animaux.
Les territoires des deux couples d'orang-outans, une espèce particulièrement difficile à héberger sont des tentatives honnêtes. Les îles sont plutôt petites mais agrémentées de plusieurs agrès et de quelques vieux platanes. Les arbres ont le mérite d'exister, ce qui est rare dans les enclos des anthropoïdes mais finalement, ce n'est pas très haut, 5 mètre je dirais à vue d'œil, et les animaux ne doivent pas souvent y aller. Bien que moins esthétique, les hautes volières de Bâle ou Francfort me paraissent encore constituer des solutions plus adaptées. Et que dire de ce temple de marbre blanc ?


L'espace n'est pas mal en soit pour les animaux mais c'est complétement hallucinant de balancer autant d'argent pour aller au bout de ses idées, voire même rageant lorsqu'on connaît la situation critique de l'espèce dans le milieu naturel.
Pour finir sur une bonne note, la grande plaine des éléphants est un vrai plaisir à observer même si on voit finalement assez mal les animaux avec un seul point de vue. Avec les enclos secondaires au fond de l'installation et le long du Palais d'Ani (encore un bâtiment improbable ayant coûté très cher et conçu selon des standards vieux de 50 ans), il y a en plus de la flexibilité pour gérer les différents groupes.
J'ai assisté au bain des éléphants dans le lac, un spectacle unique à ma connaissance en Europe. C'est très étonnant en termes de sécurité ! Que fait le cornac si l'éléphant choisit de traverser le lac et d'aller goûter à la végétation de l'autre coté du lac ?
Quoiqu'il en soit, voire les éléphants jouer dans l'eau reste un instant génial. De là à justifier une gestion hands-on ? Je ne sais pas. Avant de se baigner, les éléphants font la révérence et lèvent la trompe. C'est pas bien méchant, je comprends que ce sont des mouvements qui peuvent servir en medical training mais là c'est pas du tout essentiel et s'apparente avec du cirque.