MasoalaS'il y a une installation à retenir du parc, c'est quand même celle-ci, en raison de son envergure (un hectare) mais surtout de son audace et de l'expérience fournie. C'est encore presque unique en Europe qu'une serre tropicale soit construite sans enclos, donnant l'impression véritable de se promener au sein d'une forêt tropicale. Les oiseaux et les quelques lémuriens évoluent en totale liberté tout comme les caméléons et geckos qui sont restés très discrets durant ma visite.
Le nouvel escalier au dessus de la canopé est un véritable atout qui permet d'apprécier l'installation dans son ensemble et de voir certaines espèces restreintes aux étages supérieures de la strate forestière.
Malheureusement, avec la météo très couverte, la lumière pénétrant dans la serre était limitée et les photos très difficiles. Les horaires d'ouverture n'étaient aussi pas très favorables et j'ai donc raté de nombreuses espèces vivant dans cette serre, au premier plan desquels figurent les microcèbes magnifiquement capturés par Kaelio dans son reportage. La rencontre avec la dernière Brachyptérolle pittoïde en dehors de Madagascar reste quand même un grand moment !
D'un point de vue de la collection, je comprends Kaelio sur le fait que l'espace est peut être un peu sous exploité et ne comprends plus la majorité des raretés. Un coup d'oeil aux listes d'oiseaux rappelle tout de même qu'il y a déjà presque toutes les espèces endémiques de l'île déjà présentées. On pourrait peut être envisager d'accueillir quelques des ibis de Bernier et des crabiers malgaches (plutôt que des hérons garde-boeufs) mais je ne suis pas non plus un technicien.
Je tiens quand même à souligner l'audace de la direction qui n'a pas hésité à engager un budget impressionnant pour construire cet outil éducatif incroyable, là où la plupart des directeurs de zoos auraient hésité à faire cela "juste pour 10 varis et quelques oiseaux". Nulle part ailleurs, une installation de zoo me semble constituer l'attraction en elle-même plus que les animaux en eux-mêmes.

Sarcelle de Bernier

Canard à bec rouge

Sarcelle de Bernier




Brachyptérolle pittoïde

Héron garde-boeuf


Jacana noir

Caméléon panthère


Ibis huppé de Madagascar

Perdrix de Madagascar

Tourterelle de Madagascar

Anserelle naine

Gecko diurne

Sarcelle hottentote





Vari roux
Kaeng KrachanPresque tout a été dit déjà sur cette curieuse installation. Le bâtiment est réellement le centre de cet investissement considérable et les enclos extérieurs sont les parents pauvres. Ils sont complexes en termes d'aménagement avec de nombreux points d'alimentation dispersés, des bassins et évidemment du faux rocher pour l'esthétique. Mais ils sont aussi d'assez faible superficie et le sol uniquement sableux. Les deux enclos extérieurs sont complétés par un grand enclos intérieur de présentation, impressionnant de par sa taille et son aspect naturel, une chose toujours difficile à atteindre avec les éléphants.
Un bassin en aquavision ainsi qu'un restaurant thaïlandais constituent quelques unes des caractéristiques prévues à destination des visiteurs tandis qu'une volière accueille des tragules et des roulouls. D'autres enclos/loges intérieures sont disponibles pour les éléphants mais non visibles du public. C'est peut être la meilleure installation d'Europe en permettant aux animaux de toujours disposer d'espace, y compris la nuit et l'hiver, et de vivre en fusion-fission. Mais il reste un petit goût amer : Celui de ne pas voir les éléphants bénéficier d'un vaste parc herbeux pour les beaux jours comme au Pal, Pairi Daiza, Prague ou Zlin. L'espace et le terrain le permettaient totalement et financièrement, Zurich pouvaient se le permettre (un simple pré entouré de clôtures métalliques ou bien un environnement plus poussé comme Zurich sait le faire. Au lieu de cela, on a privilégié une aquavision et une savane africaine.







Lewa SavaneLà encore, ce n'est pas vraiment l'installation que je critiquerais. La maîtrise paysagiste de Zurich est probablement inégalée, que cela soit les loges intérieures des grands herbivores ou la plaine extérieure. Cela dit avec le brouillard et le froid, même les baobabs factices ne suffisaient pas à me transporter en Afrique. J'imagine qu'en été, l'effet est bien plus efficace.
Ce que je reproche c'est le choix, le sens des priorités. Cette savane africaine, probablement la plus chère construite dans les parcs européens et occupant 4 hectares a été dédiée à trois rhinos blancs, 4 girafes, un petit groupe de zèbres de Grévy et d'oryx algazelles. Autour gravitent vaches du Dahomey, suricates, hyènes tachetées et porc-épics... Vous me voyez venir : fallait-il vraiment consacrer autant de ressources à cette nouveauté ? Était-ce vraiment la priorité en termes de conservation ?
Je comprends l'envie du zoo d'accueillir des girafes et d'établir un lien avec son programme de conservation au Nord du Kenya mais d'autres endroits du zoo auraient été suffisants pour accueillir zèbres et girafes (notamment la zone des anciens enclos à herbivores). En lieu et place, les éléphants auraient pu profiter de leur plaine herbeuse avec des rhinocéros indiens en miroir et des ongulés asiatiques menacés évoluer d'un enclos à l'autre.
L'aménagement des kopjes à l'extrémité opposée du bâtiment constitue pour moi un mystère. Le coût de ces faux rochers impressionnant me paraît disproportionné par rapport à l'effet procuré et cette extrémité n'accueille en plus que deux enclos loin d'être incroyables pour deux espèces non-menacées (hyène et porc-épic)



Girafe réticulée

Rat-taupe nu
Voici donc pour cette visite en image du zoo de Zurich. Il mérite largement sa place dans le top10 des zoos européens et peut aisément prétendre à une place sur le podium pour la plupart de nous autres amateurs tant les installations sont belles et adaptées. Cela dit j'ai préféré les parties refaites il y a quelques dizaines d'années aux travaux récents que je trouve moins judicieux et surtout très dispendieux.
Il faut bien comprendre que le contexte de Zurich est spécial, c'est la capitale financière d'un des pays les plus riches du monde (et pas loin de suivre la définition d'un paradis fiscal). Les projets récents qui font une grande part au mécénat tout comme le développement de la clientèle "premium" (séminaires, visites guidées en dehors des horaires etc.) atteignent rapidement une envergure importante en raison des nombreuses fortunes locales. On peut difficilement reprocher au zoo de profiter de cette manne économique mais cela questionne tout de même de voir le prix investi dans ces installations alors que nous sommes dans un contexte de fonds bien trop limités pour répondre à l'urgence de la disparition des espèces.
Cela reste un parc remarquable qui s'investit concrètement sur le terrain et qui procure à ses habitants des installations globalement très adaptées et à la pointe de la connaissance sur la captivité animale.